Emmanuel Macron, ce « viriliste » qui boit des Corona™ dans les vestiaires
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C'est un scandale comme la presse les aime. On appellera peut-être ça le « Coronagate »? si la mayonnaise monte. Rappel des faits, pour commencer : dimanche, Emmanuel Macron, venu féliciter les rugbymen du Stade toulousain après leur victoire en finale du Top 14, a bu une Corona™ cul sec, sous les encouragements hilares des joueurs et sous l'œil des caméras.
Transgressif pasteurisé
On voit à peu près ce que voulait faire Macron : du sous-Chirac médiatique, mais sans tête de veau, sans blagues grivoises, sans fumer des clopes, sans sauter par-dessus les portiques de métro ni enquiller les apéros au Salon de l'agriculture. Du transgressif pasteurisé, quoi, pour faire plaisir aux beaufs qui (c'est bien connu) regardent les matchs de rugby en picolant comme des trous. De l'en même temps.
La masculinité toxique dans le leadership politique en une image. https://t.co/jI6gNWksO5
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) June 18, 2023
Seulement, il y a un problème : on est en 2023 et la gauche dirige toujours les débats. Les réactions de la classe politico-médiatique vont donc vous surprendre (ou pas). On commence par du classique : jamais en retard d'une indignation intelligente, Sandrine Rousseau a immédiatement condamné cette pratique dans laquelle elle voit de la « masculinité toxique ». Laurence Rossignol, sénatrice PS, commente à son tour : « Une bière cul sec ? Qu’essaie-t-il de prouver ? Qu’il est un vrai mec ? » D'autres militantes féministes, déconstructrices de la masculinité et de ce genre de comportement, expliquent qu'Emmanuel Macron cherche ainsi, en effet, à prouver sa virilité. Le très à gauche Huffington Post consacre un article entier au sujet. D'autres politiques et journalistes s'émeuvent aussi : Rokhaya Diallo dénonce, sur RTL, une « pratique masculine », tandis que Mathieu Slama, sur France Info, trouve qu'il y a quelque chose de « masculiniste et viriliste » dans le fait de boire une bière cul sec.
Ce discours monochrome mérite d'être analysé. Certes, Emmanuel Macron ne sait faire que du toc, du chiqué. En revanche, ce qui semble déranger les censeurs, c'est qu'il fasse quelque chose que la société considère encore majoritairement comme « un truc de mec » : boire une bière cul sec pour relever un défi. Ce genre de gestes « toxiques » (si on ajoute à cela le fait que l'alcool nuit gravement, etc.) caractériserait en quelque sorte, selon les intervenants, une virilité inquiète qui a besoin d'être validée par le regard et l'approbation des autres hommes. Le Président encouragerait ainsi la perpétuation des stéréotypes masculins. Il s'agit de déconstruire patiemment, brique par brique, tous les codes sociaux de la masculinité. Et quand il ne restera plus rien, alors, que fera-t-on ? Les femmes de gauche commencent à se plaindre de ces hommes qui n'interviennent pas quand elles se font agresser : elles ont les figures masculines qu'elles ont voulues.
On sait très bien que, contrairement aux allégations de Simone de Beauvoir, on naît homme ou femme ET (en même temps, comme dirait l'autre) on le devient. C'est d'ailleurs tout le sens de la fameuse « expression de genre » des wokistes : au-delà de la polarité sexuelle innée et des caractéristiques biologiques et psychologiques données, il y a une construction sociale, civilisationnelle, des sexes qui est le résultat de millénaires de sédimentation.
Masculinité toxique
La « masculinité toxique », loin de mériter cet adjectif, est donc une sorte de point moyen entre la brute et la larve (qui existent parmi les hommes à l'état de nature) : les codes traditionnels de l'homme occidental, jusque dans leurs manifestations idiotes, ont pour but d'apporter de la tendresse aux violents (en créant, notamment, le rôle du père), de donner du courage aux lâches (en exaltant l'héroïsme), de transformer l'instinct de conquête sexuelle en galanterie, le goût pour la bagarre en esprit de compétition, le duel à mort pour la domination en défi entre potes... comme celui de boire une bière.
Terminons, si vous le voulez bien, sur la virilité non moins démonstrative et toxique de nos frères les animaux. Ça pourra intéresser les journalistes, sait-on jamais. Quand les cerfs brament aussi fort et grave que possible, pour être respectés (« validés ») par les autres cerfs et attirer les biches avec leur voix mâle, leur masculinité est-elle toxique ? Est-on dans un « boys club » qui marginalise la condition des biches, en présupposant qu'elles cherchent des attributs virils caricaturaux ? Est-ce une construction patriarcale ? Quand un vieux loup qui n'arrive plus à attraper du gibier perd automatiquement son statut de chef de meute, peut-on dire que les loups contribuent ainsi à perpétuer des stéréotypes de genre dans lesquels le chef de clan devrait systématiquement, pour être un « vrai mec », être fort et exemplaire ?
Nous ne sommes que des animaux. Nous exprimons notre place dans la chaîne alimentaire par des actes symboliques. C'est comme ça. Le Président boit une bière pour « faire le bonhomme » ? C'est puéril, c'est orchestré, mais dans le fond, ce n'est pas un geste grave. Ce qui est grave, c'est cette dangereuse obsession des comportements masculins, toujours liés, selon les analystes autorisés, à une insécurité fondamentale, à un besoin de domination ; bref, à la méchanceté.
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37 commentaires
M. Florac à raison.
Ce n’est pas grave.
Pire ce n’est pas digne et ne force pas le respect.
Les français attendent une autre image d’un Président et non celle d’un copain.