Emmanuel Macron croit en sa bonne étoile. Pas nous…

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Tout va tambour battant, en Macronie. Le prince est sur tous les fronts. Intérieur, extérieur, Europe, France, outre-mer, médias : là où il passe, il se tresse des lauriers. Médecin des corps, garant de l’unité française, rassembleur des territoires d’outre-mer, pionnier de l’Europe à venir, le Président, c’est Matamore et Esculape, mâtinés de Machiavel.

Le coup d’envoi a été donné, la semaine passée, avec le tandem de choc, Castex et Véran, pour notre bien le plus précieux : la santé. Le père Fouettard avait été ferme : « Mes bien chères sœurs, mes bien chers frères, pas de boogy woogy pour la Noël. » C’est ainsi qu’au gré des vagues qui se suivent et se ressemblent, les files des Français s’allongent devant les mairies, en attente d’un vaccin « pour les fêtes » à l’efficacité hasardeuse.

Autre point : le passé mémoriel. C’est l’obsession du Président d’autant que nous sommes revenus aux années les plus sombres de notre République. D’où sa visite à la ville de Vichy, assortie d’un discours, là où Giscard d’Estaing était allé sans prononcer de discours. Cette visite permettait au Président Macron de prolonger la visite « déroutante » de Charles de Gaulle, le 17 avril 1959, déclarant, à Vichy : « Nous enchaînons l’Histoire. Nous sommes un seul peuple, quoi qu’il nous soit arrivé, le seul, le grand, l’unique peuple de France. » Et, surtout, de ferrailler à distance avec Zemmour. Sur un ton de confesseur, à France 2, il a demandé de ne pas « manipuler et agiter l’Histoire ». Surtout, pas de haine ! Autre mémoire, à haut risque : la guerre d’Algérie, dont Mme Bachelot s’est réjouie de l’ouverture anticipée - quinze ans ! - des archives : de quoi laisser pantois.

« Je suis partout, je suis partout ! » : on se souvient de Denis Podalydès dans Le Revizor à la Comédie-Française. Emmanuel Macron, également, se répand partout. Au Vatican, il rend visite au pape. Normal, le pape est son ami. Anticipant sa présidence de l’Europe, il va voir Orbán : évidemment, puisque Orbán est son partenaire et adversaire. Difficile, quand même, de ne pas poser - avec (im)pertinence - la question : « Imagine-on le général de Gaulle »… cumuler deux fonctions : la présidence européenne et sa candidature à la présidence de la République française ?

Dans son entretien fleuve de mercredi, à TF1 et LCI (à ne pas confondre avec une déclaration de candidature), Macron a présenté de manière très avantageuse son bilan. Notre champion a demandé pardon pour les fautes commises - s’il y en eut. Il lui faut seulement cinq ans, encore, pour nous prouver sa sollicitude. En attendant, tel Jupiter fécondant Danaé, une pluie d’or venue du ciel ruisselle sur la France.

Où va la France ? titrait l’émission. Quelle question ! Grand joueur devant l’Éternel, Macron croit en son étoile là où nous voyons gabegie, violences, naufrage. Des sondages propulsent Valérie Pécresse en tête - parce que c’est une femme, et qu’elle le vaut bien...

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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