Emmanuel Macron, démocrate ou démagogue ?

macron dijon

On ne peut pas dire que Macron ait sévèrement condamné le blocage de quelques universités parisiennes, organisé pour protester contre le second tour de l'élection présidentielle. Il s'est contenté de rappeler une évidence au micro de France Info : « Je pense que la démocratie est faite de règles. […] Si on se met à contester toutes les règles, ça devient l'anarchie. » Il a aussi revendiqué « d'être dans le champ républicain », laissant entendre que « la candidate d'extrême droite » ne le serait pas. Mais on peut légitimement se demander s'il n'est pas le premier à enfreindre les règles de la démocratie et si Marine Le Pen n'est pas plus républicaine que lui.

Macron est souvent comparé à Jupiter, qui est au-dessus des lois et peut se permettre des écarts de conduite. Mais, en la circonstance, on le comparerait volontiers à un hybride de pharisien et de Tartuffe, formellement attaché aux règles mais les détournant à son profit. Il a manifesté, à plusieurs reprises, qu'il se sent supérieur aux autres, qu'il serait le seul à connaître ce qui est bon pour les Français, et s'est donné pour mission de les encadrer pour leur fixer le chemin du bonheur. Quand il évoquait, à peine élu, devant un public d'entrepreneurs, « les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien », il révélait sa véritable nature.

Ce mépris de classe n'a rien de républicain et suffirait à susciter des doutes sur sa conception de la démocratie, qui ressemble, comme deux gouttes d'eau, à une oligarchie. La façon même dont il a esquivé, avant le premier tour, tout débat sur le bilan de son quinquennat, prenant prétexte de la crise sanitaire, puis de l'invasion des Russes en Ukraine, prouve qu'il n'accepte pas qu'on le contredise ni qu'on remette son action en question. Comme par miracle, entre les deux tours, il trouve le temps de faire campagne en prenant plus de soin à dénigrer sa concurrente qu'à expliciter son programme. Une démocratie de l'évitement n'est pas une démocratie.

Sa stratégie de campagne relève de la démagogie, qui est une perversion de la démocratie. Macron adapte son discours au public qu'il veut séduire, quitte à se contredire. Après avoir donné des gages à la droite, il en donne à la gauche, fût-elle extrême, car il a besoin d'une partie des électeurs de La France insoumise pour l'emporter. On l'a vu récemment à propos du port du voile où, plutôt que de réfléchir à sa signification, il fait un clin d'œil à l'électorat musulman pour tenter de récolter les voix qui se sont portées sur Jean-Luc Mélenchon. Ses partisans assureront sans doute qu'il est pragmatique et un fin stratège politique, alors qu'il se comporte comme un politicien de bas étage. Le machiavélisme est peut-être efficace, mais il constitue plus le fait du prince que l'expression de la volonté du peuple.

Sa participation à la diabolisation de son adversaire est une autre atteinte à la démocratie. Elle est d'autant plus critiquable qu'elle consiste à le rejeter dans le camp du mal pour en faire un épouvantail et obtenir les suffrages d'une majorité d'électeurs, fussent-ils opposés à sa politique. Les partis et les personnalités qui se prêtent à ce jeu pervers ne font guère honneur à la démocratie. Ils accréditent l'idée qu'il est légitime d'employer tous les moyens pour arriver à ses fins et de tromper les Français pour l'emporter. Macron est prêt à tout pour aguicher les électeurs qui n'ont pas voté pour lui au premier tour et les convaincre de le rejoindre. Faire ainsi de la retape relève de pratiques plus courtisanes que républicaines.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

51 commentaires

  1. On reconnaît un arbre à ses fruits. Les fruits du psychopathe suffisent à le reconnaître et à le condamner!

  2. macron le caméléon est une anguille narcissique: écologiste avec les écolos, gauchiste avec les gauchistes, islamiste avec les islamistes, wokiste avec les wokistes, bref tout et n’importe quoi sauf de droite! je sais bien que dans la vie, tout n’est pas blanc ou noir et qu’il y a des nuances mais là, la confusion est telle qu’on ne s’y retrouve pas dans sa bouillasse mentale. Il n’aura pas ma voix.

  3. Dans une démocratie on combat l’opposant mais on le respecte. On ne traite pas 7 à 8 millions d’électeurs du premier tour de tous les noms, de tous les maux. Comment être le dirigeant de tout un peuple si d’entrée on en rejette la moitié la traitant de tous façon inadmissible et avec un mépris érigé comme alpha et omega d’une politique pour le pays.

  4. Cet amateur-incompétent de président a été biberonné au lait de la prétention.
    Ses délires d’hier à Marseille en sont une incontournable illustration.

  5. Le front républicain est emblématique de la démagogie. A défaut d’être démocrates, ils sont républicains. Laissons au peuple la liberté de s’exprimer ; et rions des démagogues usant d’ un discours moralisateur et ostracisant.
    En réponse à tous ceux qui appelle à voter Macron, je réponds je voterai Marine ; car Macron voilà le vrai visage de la bête immonde.

  6. Puissent tous ces veaux écervelés lire votre article…
    Mais j’en doute.
    Ce que vous dites est pourtant l’évidence même…
    Macron le démocrate qui vient donner des leçons, lui qui a gouverné par ordonnances et conseils de défense pendant deux ans malgré sa majorité absolue…
    Et qui va recommencer sitôt réélu…
    On a les gouvernants qu’on mérite !

  7. Macron est un modèle de démagogie sélective.
    Le peuple, il l’emm… sauf s’il est islamique ou « follower »…
    Quant à son souci de la démocratie… il préfère les nominations non électives et donc parfaitement illégitimes de ce qu’il appelle la nation européenne…
    Alors Macron, démocrate?!
    Comme moi imam!

  8. Voila une polémique de détournement de fonds de Marine Le Pen qui arrive à point, relayée par Médiapart et actée par l’Europe. Rien à voir naturellement avec les six cents milliards de trou du budget de la France, destinés à conforter le « quoiqu’il en coûte » et à faciliter la réélection du Candidat-Président. Le moment est bien choisi, mais cela suffira t-il ?

  9. Démagogue ? Je dirais plutôt pervers narcissique, méprisant le vrai peuple. Et il ne nous a pas encore montré tout ce dont il est capable. Souhaitant être réélu, il a tout fait pour se maîtriser. Si par malheur pour le peuple de France, il était réélu, il n’hésiterait pas à se lâcher …. Nous en avons vu des psychopathes, pourtant démocratiquement élus, provoquer des millions de morts au siècle passé. N’oublions jamais ….

  10. Je suis d’accord avec GREGOR .. Comment les Français peuvent ils ne pas s’en rendre compte ???

  11. Merci Philippe Kerlouan. je rejoins Gregor en précisant qu’il s’agirait plutôt d’un schizophrène paranoïde, ce qui n’est pas incompatible avec le « pervers narcissique » mais hautement plus dangereux. Nous avons plein de raison de voter Marine.

  12. Non à la dictature …une vieille amie russe m’a dit «  nous sommes plus libres que vous . «  et cette phrase m’a bien fait rire .c’est très juste …

  13. « Si on se met à contester toutes les règles, ça devient l’anarchie  »
    Et quand on ne respecte pas la Constitution, cest le fascisme qui s’instaure. Sous les applaudissement des benêts au cerveau lavé par les médias. Si on leur demande pour quelle raison ils votent Macron, c’est en général un grand silence sur les raisons factuelles.
    Le jour où les Français cesseront de voter à l’affectif (j’aime, j’aime pas), on pourra peut-être envisage la fin de notre calvaire.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois