Emmanuel Macron ferait aujourd’hui 36 % au premier tour : pas étonnant !

Un an après le premier tour de l'élection présidentielle qui lui avait donné la première place avec 24 % des voix, un sondage de l’IFOP-Fiducial place le président de la République, si le premier tour avait lieu dimanche, à un niveau très élevé : 36 % si Laurent Wauquiez était candidat, et 33 % si c'était François Fillon. La seconde place reviendrait à Marine Le Pen, créditée de 23 %, alors qu'elle n'avait réalisé que 21 % il y a un an. M. Mélenchon serait, dans les deux cas, le troisième homme, avec 16,5 %.

Ce sondage enregistre donc, non seulement une consolidation de son socle de « marcheurs » de la première heure, mais surtout un élargissement considérable de cette base : plus de dix points, pour atteindre un score de premier tour que n'atteignirent, depuis quarante ans, que François Mitterrand en 1988 (34 %) ou Nicolas Sarkozy en 2007 (31 %). Bien sûr, il ne s'agit là que d'un sondage, à quatre ans de la prochaine élection, et nous ne savons rien ni de ce que sera la situation en 2022, ni qui seront les candidats. Il est donc très artificiel de faire rejouer le match entre M. Macron, M. Fillon, Mme Le Pen et M. Mélenchon. Le premier sera certainement candidat à sa succession, le second a quitté la vie politique. Quant aux deux leaders des « extrêmes », il n'est pas inenvisageable que leur usure pousse les courants qu'ils représentent à se doter de figures nouvelles.

Cela étant dit, ce chiffre spectaculaire de 33-36 % en faveur de M. Macron a une réelle signification politique. D'où viennent ces 10-12 % qui l'ont rejoint ? De la droite. Et un an après son élection, ce chiffre valide la stratégie du Président de siphonner l'électorat LR d'une part par le ralliement de dirigeants LR ou centristes, à commencer par le Premier ministre, d'autre part en menant une politique de droite non seulement en économie, mais aussi sur certains sujets sociétaux (Éducation) ou régaliens. À ces deux puissants aimants qui ont attiré une bonne partie de l'électorat de M. Fillon, il faut ajouter le style gaullien et cultivé du nouveau Président. Face à cette puissante aspiration, ce sondage ne laisse à M. Wauquiez que 8 % : une véritable « hamonisation ».

Cette recomposition centrale autour de M. Macron, avec une captation sans précédent de l'électorat de droite, est-elle durable ? On peut le penser. D'abord, car toutes les agitations sociales actuelles (cheminots, étudiants, zadistes) ne font que souder cet électorat de droite derrière le Président, qui affiche une autorité et une fermeté que la droite au pouvoir n'a pas toujours eue. Il est clair que cela renforce le pouvoir de M. Macron. MM. Mélenchon et Plenel sont ses meilleurs alliés. Ensuite, la droite LR a peu de chance de reconstituer sa base de 20 %. Siphonnée sur sa gauche par le Président Macron, elle se heurte au bloc frontiste qui, malgré la défaite, ne s'érode pas : 23 %. Cela n'est pas suffisant pour gagner, mais cela l'est pour empêcher un autre de le faire de ce côté. Si l'on ajoute à cela l'amorce de la recomposition entreprise autour de Nicolas Dupont-Aignan et Robert Ménard, on voit mal comment Laurent Wauquiez pourrait desserrer l'étau.

Plus que jamais, tout et tous, qu'ils le veuillent ou non, favorisent la recomposition orchestrée par M. Macron à son profit.

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