Emmanuel Macron : les patrons ne le croient plus

Capture d’écran (3220)

La Rencontre des entrepreneurs de France (LaREF) se déroulait lundi et mardi à Longchamp. Organisée par le MEDEF, cette cinquième édition de l’université d’été des chefs d’entreprise français a débuté dans une atmosphère rendue pesante par l’annonce du report de la suppression de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises). Patrick Martin, président du MEDEF, n’a pas dissimulé son mécontentement. Le gouvernement rassure tant bien que mal, promet qu’il « n’y aura pas de hausse d’impôt ». Et pourtant... Si « pour les entrepreneurs, demain ne meurt jamais », selon l’intitulé de l’édition 2023 de la REF, hier montre que la pression fiscale laisse nombre de sociétés sur le carreau.

Explosion des défaillances

Car les chiffres des défaillances d’entreprises en France ont connu une forte hausse lors du deuxième trimestre 2023. Dans une étude publiée le 12 juillet dernier, le cabinet spécialisé Altares dénombre un total de 13.266 procédures de liquidation, redressements judiciaires et procédures de sauvegarde ouvertes devant les tribunaux de commerce, du 1er avril au 30 juin. Un record : ce chiffre n’avait pas été atteint depuis 2016.

Il bondit de 35 % par rapport au deuxième trimestre 2022 et dépasse les niveaux d’avant la crise du Covid. « Les activités à destination des consommateurs sont les plus durement sinistrées : restauration rapide, alimentation générale, coiffure, réparation et vente de véhicules », détaille Thierry Millon, le directeur des études Altares.

Deux signaux négatifs noircissent particulièrement le tableau : le nombre de liquidations judiciaires, plus fréquentes, et l’augmentation des défauts de grands acteurs. En 2022, 7.212 liquidations judiciaires directes ont été comptabilisées. Un an plus tard, on en dénombre 9.370, soit une augmentation de 29,9 %. Pour Thierry Millon, ces données « illustrent la profonde détresse financière des entreprises qui font défaut actuellement ».

Cette détresse ne concerne pas seulement les petites structures. Certes, « plus de 9 procédures sur 10 concernent des TPE, dont les trois quarts sont immédiatement liquidées », mais les derniers chiffres dévoilent une inquiétante tendance : la fragilisation de sociétés plus importantes, comptant plus de 10 salariés. Cette année, au second trimestre, le défaut de PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire, NDLR) a bondi d'environ 55 %, tandis que la hausse de procédures concernant les TPE affiche 33 %. Plus de 1.100 PME et ETI ont ainsi fait défaut, « du jamais-vu depuis plus de 10 ans ».

Un patronat fragilisé

Ces défaillances d’entreprises impactent les emplois. Au deuxième trimestre 2023, la moyenne décennale de 42.609 emplois menacés par trimestre a été enfoncée, avec une hausse de 82,3 % qui porte ce chiffre à 55.700. Le seuil des 55.000 emplois menacés n’avait « pas été approché depuis le deuxième trimestre 2014 ». Derrière ce désastre, combien de drames humains ? Au premier semestre, 25.296 patrons ont perdu leur emploi (+36,6 % sur un an), rapporte Le Parisien. La plupart se retrouvent sans emploi puisque, selon Anthony Streicher, président de l’association GSC, « moins de 1 % des chefs d’entreprise ont mis en place un plan B ». De quoi décourager l’entreprenariat.

Le patron de la start-up nation en quête d'unité

N'est-ce pas un Président pro- business qui avait été élu en 2017 ? De nombreux chefs d’entreprise s'étaient félicités de l’arrivée, à l’Élysée, de l’ancien banquier d’affaires qui se proposait de faire de la France une start-up nation, compétitive et performante sur le marché mondial. D'ailleurs, depuis cinq ans, le sommet Choose France, rendez-vous instauré par Emmanuel Macron pour vanter l'attractivité du pays et défendu à Versailles dans un langage managérial bien rodé, donne à voir un Président attentif aux patrons. Dans son allocution télévisée diffusée lors de la REF, Emmanuel Macron appelait, lundi, à l'unité : « J'ai besoin de vous ! » Mais le charme semble rompu.

Picture of Jean de Lacoste
Jean de Lacoste
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en master d'histoire du droit.

Vos commentaires

67 commentaires

  1. Attendre d’un état surendetté qu’il baisse ses prélèvements, c’est touchant de naïveté. En regardant exploser le montant de leur taxe foncière, les propriétaires ont vite compris comment était financée la disparition de la taxe d’habitation. Sarkozy avait déjà fait le coup en supprimant la taxe professionnelle qui s’est vite transformée en taxe sur la publicité extérieure agrémentée d’autres diverses douceurs du même genre.

  2. Que peut-on croire de ce que dit ce personnage, il arrive dans la même phrase à dire « en même temps », une chose et son contraire. Il est moins à critiquer, que les « gogos » qui croient à ces balivernes.

  3. Le grand reset souvent évoqué contient dans ses objectifs la disparition des canards boiteux, on en a aujourd’hui la démonstration. Le but évident étant de faire écrouler une grande partie des PME au profit bien entendu des grands groupes apatrides. Macron étant l’un des favoris de cette politique ultra mondialiste comment s’étonner.

  4. Ces patrons qui ont soutenu ce « gourou » des imbéciles naïfs en auront eu pour leur argent ! Qu’ils ne viennent pas pleurer ! Le parti Reconquête avait proposé un très bon programme mais avec leur aveuglement pour leur « toutou », ils se font fait avoir par les belles paroles de ce président incapable ! Un tel personnage à la tête d’une entreprise, il vous la mène à la faillite ! Quant à son mentor Attali, ce gars n’a jamais rien prouvé , juste un bonimenteur de la pire espèce !

  5. Il faudra m’expliquer comment les patrons, qui sont des gens courageux, dynamiques, capables de gérer et faire grandir des entreprises dans un contexte difficile, de ne pas se faire piéger par des charlatans et des escrocs ont pu se laisser berner depuis 6 ans et seulement maintenant ouvrir les yeux alors que moi, simple particulier sans compétence, il me semblait évident qu’un mauvais Ministre de l’Economie ne pouvait pas devenir un bon Président, impression confirmée au bout de 6 mois de mandat faits de bluff, d’arrogance et après avoir viré comme un malpropre le général de Villiers qui osait protester contre les premiers engagements reniés par Macron !

    • Il y a les patrons, population très diversifiée, très inégale, sur de très nombreux critères, (et en France, tous ne sont pas excellents, loin de là) et les organisations patronales et il y a peut être des différences. Comme entre ceux qui travaillent et les permanents des syndicats. Et les temps de Gattaz (père) sont bien loin.

  6. En règle général, une start-up est dirigée par un personnage qui a su vendre une idée à des investisseurs et s’est entouré de collaborateurs fidèles. Dans, hélas, une infime minorité de cas, l’idée est brillante, le dirigeant visionnaire et charismatique, ses collaborateurs brillants et compétents et la start-up devient une vraie entreprise avec de vrais clients et engrange de vrais succès.
    Dans l’immense majorité des cas, l’idée est foireuse, le dirigeant aussi incompétent qu’imbu de sa propre personne, ses collaborateurs ont été choisis pour leur médiocrité ne faisant pas d’ombre au dirigeant et pour leur servilité. La start-up dépense tout l’argent que les investisseurs imprudents y avaient investi, tant pis pour eux, l’entreprise ne produit rien, s’enivre de son propre marketing, l’arrogance grandit à mesure que les échecs s’accumulent, elle cherche des boucs émissaires qui seraient responsables de ses échecs… et finit par mourir ruinée en laissant sur le carreau tous ceux qui s’étaient laissé embobiner… De ce point de vue, aucun doute, la France de Macron est véritablement une start-up nation mais de ce dernier type.

    • Bien vu. Jeune cadre débutant, j’ai dans les années 70 participé à l’étude de financements d’entreprises petites ou moyenne dont certaines sont devenues des groupes cotés. C’était autre chose que ce que l’on voit par les temps qui courent où des ordinateurs se chargent de passer des millions d’ordres de bouse à la seconde pour gérer la finance comme un processus stochastique. Les idées mirobolantes de l’époque, c’était les avions renifleurs. Et on laissait ça aux Mozrt de la finance de l’époque ……

  7. Il faut avouer qu’entre la multiplication du prix de l’énergie par cinq ou sept et le remboursement du PGE ayant servi à payer les salariés pour rester chez eux pendant la pandémie, les patrons des TPE sont soit morts soit moribonds. Mais bon, comme très peu d’entre eux ont souscrit une assurance chômage, ça ne fait pas monter les statistiques des travailleurs sur le carreau.

  8. Le MEDEF… , quelle déchéance globalement . Comme il est loin , très loin le temps où beaucoup de Patrons en France étaient respectés par leurs salariés . Aujourd’hui, la plupart des «  patrons «  sont complices d’un État voyou afin de toujours amasser plus de pognon . Et puis combien de sociétés ont profité de cette escroquerie du Covid pour faire table rase , liquider , empocher les aides et malgré tout mettre la clé sous le paillasson ?

    • Je suppose que vous ne parlez pas de la majorité des PME ?Mais certains c’est exact ont bien profité du Covid !! et les salariés payés à rien faire ?? Cadeau de leurs RTT les auraient ils étranglés ? C’est mieux de grever les fonds du chômage bien sûr !! voyez le résultat maintenant 1/3 des jeunes générations n’ont plus envie de travailler, c’est vraiment triste !!!

  9. Bah oui, il fallait bien que la planche à billets s’arrête un jour. Alors non, bien sûr, ma remarque ne s’adresse pas à ces malheureux obligés de liquider leur affaire, mais bien à cet état aussi coûteux qu’inutile: 54 milliards par an pour l’immigration (c’est le budget de La Défense), au moins autant pour les associations dont la majorité ne sont même pas d’utilité publique, les subventions aux journaux, au cinéma, la multiplication des comités, hautes autorités et mêle ambassadeurs pour tout et n’importe quoi! On pourrait rajouter à ce gâchis l’ARENH qui est un scandale et plombe notre compétitivité. Pas besoin d’accuser les russes ou les ukrainiens, ce mal-là est 100% français. Et ce n’est pas près de s’arrêter: tous les parasites mentionnés plus haut sont trop nombreux à profiter du système pour que l’état se risque à couper les robinets, le salut ne pourra venir que de l’extérieur, comme avec la Grèce. Preparez-vous!

  10. Le logiciel communiste de notre président est incompatible avec le monde de l’entreprise.
    La gestion calamiteuse de la crise Covid n’a fait qu’aggraver les problèmes : fermetures des commerces, confinements, arrêts de travail en libre service…
    De plus, la transition énergétique à marche forcée va détruire des milliers d’emploi. On s’étonne d’ailleurs du silence assourdissant du Medef qui assiste sans rien dire à la destruction de notre industrie automobile.
    N’en déplaise à Alain Minc, Macron n’appartient pas au « cercle de la raison » !

  11. La méthode « Coué » a ses limites et enfin, pour notre malheur, la réalité vient percuter ceux qui croyaient encore aux chimères. Souhaitons, pour notre France, que cette bande d’incompétents dégage au plus vite et qu’un homme de conviction ranime la flamme de l’esprit d’entreprise national.

  12. Et « en même temps », le MEDEF syndicat parmi tous les syndicats avait bien appelé à voter pour le destructeur de la France !

  13. Qui croit encore Macron? De toutes façons, entretenir 6 millionsde fonctionnaire vampirise les entreprises. Pas étonnant que l’économie soit exangue.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois