Emmanuel Macron nous déconfine avec Benzema, Youssoupha et son « en même temps » sur les migrants

macron nevers

Ce fameux mercredi 19 mai, grand jour du déconfinement, moi aussi, malgré ma répulsion instinctive pour tous ces mouvements grégaires commandés d'en haut, j'ai retrouvé mon bistrot et mon café de 10 heures avec plaisir. Sans me raconter, quand même, que c'était la libération après des mois d'épreuve. Non, juste la sortie d'une comédie ubuesque. Comédie qui continue, d'ailleurs, quand vous êtes sommés de remettre votre masque alors que vous quittez une terrasse pleine pour rejoindre une rue déserte. Mais bon, il paraît que 67 % des Français aiment ça, le masque au grand air…

Mais ce même mercredi, le grand déconfinement d'Emmanuel Macron s'est poursuivi avec les promotions spectaculaires de Benzema puis de Youssoupha comme symboles de la France, Youssoupha nous fournissant enfin un hymne national digne de ce nom et à la hauteur du talent de Benzema.

Là, je ne ne marchais plus du tout. J'ai tout de suite vu le bonhomme venir, façon Chirac 1998, autre Président confiné par sa cohabitation avec Jospin après sa dissolution ratée, qu'une victoire en Coupe du monde de foot en juillet propulsa à des sommets de popularité. Vous vous souvenez, la France black blanc beur ? Je sais, c'était un autre siècle, un autre millénaire et c'était encore plus foireux que « Nos ancêtres les Gaulois ».

Visiblement, je ne suis pas le seul. Vendredi soir, Damien Rieu, tweetait dans ce sens : « Vous savez ce que je pense ? Le retour de #Benzema en Équipe de France et le choix du rappeur anti-RN @youssouphamusik (qui traite @MLP_officiel de “chienne”) pour l’hymne de l’Euro n’est pas un hasard. La @FFF s’est mise au service de la campagne #Macron. »

Fantasmes ? Non, le ministre des Sports d'Emmanuel Macron assume.

La ficelle est énorme : faire souffler sur l'été qui arrive un vent d'insouciance libératoire ; tous vaccinés, tous ensemble avec notre « pass » pour les stades et la France championne de l'Euro avec remontée des Champs, réception à l'Élysée, avec Alexandre Benalla en M. Loyal.

Michel Onfray, sur CNews, a parfaitement analysé l'opération Youssoupha: « On est dans la logique de l'islamo-gauchisme. » Et c'est donc ce créneau qu'Emmanuel Macron a décidé de commencer par occuper pour 2022, en le disputant à Jean-Luc Mélenchon. Durant l'été 2016, Emmanuel Macron avait commencé sa campagne au Puy du Fou. C'était habile. Sentant que ce segment n'est plus vraiment disponible pour lui, ce coup-ci, c'est avec Benzema et Youssoupha qu'il triangule.

Et puis, ce vendredi 21 mai, Emmanuel Macron poursuivait sa grande tournée du déconfinement, à Nevers, en assistant à un concert de rappeurs, histoire de bien enfoncer le clou. Et en précisant sa position sur l'accueil des migrants : « On a une culture d’accueil et les choses se passeront bien si chacun fait son devoir. » Mais « on ne peut pas donner de papiers à tout le monde ». Et même : « Vous avez des devoirs avant d'avoir des droits. » Rien de méchant. Pas de quoi affoler Ceuta ou Lampedusa ou mes clandestins du bas de l'immeuble.

Mais chez Terra Nova et LREM, on exulte : quel talent, surjouer du Chirac et du Rocard de la grande époque, il faut le faire ! Tout le monde remet une pièce et le tube de l'été, en alternance avec Youssoupha, ce sera le « en même temps ».

Cependant, il y a un autre sentiment qui monte, exprimé là encore sur Twitter, par Patrick Edery, par exemple : « #Youssoupha : Il n'y a plus de doute ce n'est pas une erreur du gouvernement, mais bien un acte délibéré de #Macron pour cliver encore plus les Français. Ce type est vraiment un incendiaire. »

Ils nous ont prédit un été chaud. Ils font tout pour. Et on connaît même le nom de l'incendiaire.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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