Emmanuel Macron, syndic de faillite

Le score de la candidate FN à l’élection présidentielle manifeste l’hostilité d’une partie très importante de l’opinion vis-à-vis de la construction européenne, et cela quelle que soit la déception relative provoquée par sa prestation personnelle en tant que telle : le mouvement d’opinion subsiste et est susceptible de s’amplifier à terme. Le déport de Laurent Wauquiez vers la droite, le départ de Florent Philippot pour créer son propre parti, la création des Amoureux de la France montrent qu’il existe bien, sur ce créneau, un électorat susceptible de croître et, à ce titre, ardemment convoité.

Ce mouvement national s’insère dans un mouvement centrifuge général en Europe : Brexit, émancipation du groupe de Visegrád, affaiblissement de la chancelière Merkel. Si le mouvement anti-européen devait s’accroître substantiellement en France, sans même qu’il ait besoin de remporter une élection, un effet « boule de neige » pourrait naître dans l’opinion, française d’abord, européenne ensuite, fondé sur l’idée que la construction européenne est, à terme, inévitablement vouée à l’échec, avec un risque d’effet auto-réalisateur.

Les violents ratés de l’économie française alimentent largement cette évolution : en phase terminale de désindustrialisation, incapable de mettre fin au chômage de masse, drogué aux prestations sociales et aux grands travaux publics, le circuit économique français ne tient que parce que la dette publique se refinance à très bas coût. Or, cette situation est fragile et instable : la faiblesse des taux est artificiellement provoquée par la politique accommodante de la BCE, qui déverse sur les banques des flots de liquidités servant à acheter de la dette publique, ce que la BCE a interdiction de faire directement, le tout en attendant une reprise économique de plus en plus illusoire.

Un jour, peut-être proche et en tout cas inévitable, les taux remonteront, le non-respect des critères de Maastricht deviendra alors impossible à camoufler, il faudra tailler dans les prestations sociales, les prêteurs feront payer à la France des primes de risque croissantes, le public percevra de mieux en mieux que l’incapacité de l'État à faire baisser le chômage malgré l’augmentation constante de la pression fiscale est un état durable.

Les marchés qui détestent l’incertitude ne pouvaient tolérer cette situation et ont mis en place un syndic de faillite chargé d'éviter à tout prix cette explosion.

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