En Espagne, le clivage droite/gauche reste vivant
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L’Espagne est, ce dimanche, passée au rouge. Rouge… à en rougir de honte, bien sûr, mais le fait est là et il vaut mieux le regarder en face : l’Espagne (avec le Portugal, certes) a été le seul pays d’Europe où la gauche a remporté les élections dites européennes. Non seulement celles-ci, d’ailleurs. Au moment où, partout en Europe, la gauche bat de l’aile ou disparaît presque (comme en France, par exemple), voilà que le PSOE (le Parti dit « socialiste », dit « ouvrier » et dit aussi « espagnol » : dit, car ses accointances avec les séparatistes catalans et basques sont plus que manifestes) vient de tout remporter - ou presque.
Le 28 avril, il était déjà devenu le parti majoritaire au Parlement. Maintenant, outre la victoire aux élections « européennes », les représentants rouges de l’oligarchie espagnole incarnés dans le PSOE sont devenus le parti majoritaire dans la plupart des régions (appelées autonomies) où des élections étaient célébrées. Cependant, les alliances entre les trois partis de droite (Partido Popular, Ciudadanos et Vox) font que les socialistes ratent encore une fois la Communauté de Madrid, ainsi que quelques autres autonomies. De même, si Manuela Carmena, la « mairesse » ultra-rouge de Madrid, alliée à Íñigo Errejón (un transfuge de Podemos), a été majoritaire à la capitale, la même alliance des droites lui fera perdre la mairie. Quant à un certain Français échoué à Barcelone et appelé Manuel Valls, il s’est couvert d’un ridicule plus que prévisible, n’ayant obtenu que 6 conseillers municipaux et 13 % des voix.
Reste l’autre fait marquant de ces élections : la grande déconfiture de Podemos, la coqueluche gauchiste où les illusions de bien des gens – et même de gens bien, comme par exemple Jean-Claude Michéa – ont pu jadis être placées. Ayant perdu presque 70 conseillers régionaux dans l’ensemble du pays, Podemos n’est plus déterminant, aujourd’hui, dans presque aucune autonomía.
Pour ce qui est de Vox, le jeune parti identitaire qui a fait une irruption fracassante voici quelques mois, sa situation reste ambiguë. Sa présence à la région et à la mairie de Madrid sera déterminante pour que la droite y gouverne. Une droite certes libérale ; une droite dont les atermoiements sans nombre la rendent coupable, entre autres, du cancer séparatiste qui ronge l’Espagne ; mais une droite que tous les patriotes ressentent, malgré tout, comme un moindre mal face aux ravages que les libéraux rouges du PSOE et les libertaires rouges de Podemos feraient subir au pays.
Mais si ce rôle de Vox est important, si c’est beaucoup d’être passé de rien à 24 députés au Parlement, tout en ayant des représentants dans la plupart des autonomies, plus de 600 conseillers municipaux et 3 députés européens, il n’en demeure pas moins que tout cela est peu par rapport aux grands espoirs nés lorsque des foules énormes – plus grandes et, surtout, incomparablement plus ferventes que celles de n’importe quel autre parti – s’entassaient, il y a quelques mois, dans les meetings de Vox.
Mais les foules sont volages, changeantes, influençables… surtout lorsque les grands médias – tous entre les mains de la gauche – agitent le seul « argument » qu’ils ont à leur portée : l’épouvantail du « fascisme » et de l’extrémisme. Pour grossier, pour ignoble qu’il soit, l’épouvantail a quand même épouvanté. Il a accompli sa mission, surtout dans un pays comme l’Espagne où le clivage droite/gauche demeure extrêmement vivant.
Avec Vox, la Reconquista est certes commencée. Mais la Reconquista sera longue. N’oublions pas que, jadis, elle dura presque huit siècles.
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