En France, les agressions de policiers sont toujours en hausse

@Rama/Wikimedia Commons
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Jusqu’à quand ? Mercredi 16 octobre dernier, deux policiers, en intervention dans la cité de la Castellane à Marseille - connue pour être une zone de non-droit -, ont été agressés et blessés par plusieurs individus. Tentant d’arrêter un dealer, les deux agents issus de la brigade spécialisée de terrain (BST) ont été pris au piège. Dans une vidéo devenue virale, les deux fonctionnaires de police apparaissent en mauvaise posture. Allongés sur le sol, les policiers tentent de maintenir un jeune homme mais sont lynchés par plusieurs individus. L’un des agresseurs assène un violent coup de pied à un fonctionnaire avant de s’enfuir. D’après les informations de nos confrères de La Provence, les fonctionnaires souffriraient de plusieurs contusions, de blessures à l’œil pour l’un, et à la main pour l’autre, vraisemblablement causées par des jets de projectiles comme des pierres et des bouteilles de verre. Une enquête pour coups et blessures sur personnes dépositaires de l’autorité publique a été ouverte par le parquet de Marseille. Parallèlement, le dealer poursuivi par les agents blessés a été appréhendé, le jour même, et condamné à un an de prison, selon BFM TV (BV ne sait pas s'il a interjeté appel de cette condamnation).

« Il n’a pas agressé le policier, il lui a juste craché dessus ! »

Le cas de ces policiers marseillais est loin d’être isolé. Bon nombre d’agents agressés font la une des quotidiens régionaux. Samedi 19 octobre, à Dieppe, un policier a bénéficié de deux jours d’incapacité totale de travail (ITT) après avoir reçu un coup de pied au visage lors de l’interpellation d’un homme alcoolisé. À Nantes, une affaire plus grave s’est déroulée la veille. Dans la soirée du vendredi 18 octobre, vers 22 heures, un agent de la brigade anticriminalité (BAC) a été blessé par des tirs de chevrotine. L’agresseur présumé, un homme de 72 ans, aurait lâché son chien contre les forces de l’ordre, tirant dans leur direction. Transporté au CHU, le policier est sérieusement blessé au flanc gauche sans que son pronostic vital ne soit engagé.

Au tribunal correctionnel de Meaux, cette fois, une affaire jugée vendredi 18 octobre illustre bien le quotidien des forces de l’ordre et le laxisme de la Justice française. Farid, 56 ans, comparaissait pour avoir agressé un policier en exercice. Ce dernier déclarait : « Il nous a mis des coups de pied, nous a craché au visage, nous a menacés d’une bombe lacrymogène. » Du côté des avocats de l’agresseur, la défense est ubuesque : « Il n’a pas agressé le policier, il lui a juste craché dessus ! » Si le tribunal a validé la version du policier, l’accusé s’en sort à bon compte : il est relaxé de rébellion, avec dix mois de sursis probatoire d’une durée de deux ans, obligation de soin et 300 euros de dommages à verser au policier. (BV ignore, à l'heure où nous publions, si l'une ou l'autre partie a fait appel.)

15.150 agressions en 2023

Pas un jour ne passe sans que les forces de l’ordre ne soient mises en danger. Particulièrement exposés aux violences, les policiers sont pourtant le premier rempart contre la hausse des violences et de la délinquance – qu’ils subissent hors de leurs heures de service tout autant que les Français. En 2023, le ministère de l’Intérieur rapportait une hausse significative du nombre de blessés dans la police. Au total, 15.150 fonctionnaires de police ont été blessés pour la seule année 2023, autrement dit une quarantaine par jour en moyenne, soit une augmentation de 4,1 % par rapport à 2022.

La principale cause de blessures chez les policiers est l'agression par des tiers. Ces violences volontaires touchent l'ensemble des agents, qu'ils soient en service sur le terrain, policiers adjoints ou personnels administratifs. L'année dernière, neuf policiers ont perdu la vie en mission. Depuis 2010, 124 policiers sont décédés en service : 51 % des décès sont dus à des accidents, 25 % sont survenus lors de trajets domicile-travail mais 24 % résultent d'homicides volontaires ou involontaires. Le prix du laxisme.

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

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