En France, royaume de la dépression et du cacheton, le psy désormais pris en charge dès 3 ans…
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C’est Noël en septembre, période préélectorale oblige. Notre bien-aimé Président, l’homme du « quoi qu’il en coûte » et de la distribution tous azimuts, a ainsi clôturé, mardi, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie par une annonce propre à réjouir toutes les familles françaises : l’assurance maladie remboursera, dès 2022, des consultations de psychologues libéraux « pour toute la population à partir de l’âge de 3 ans ». Seule condition : les patients devront être « adressés par prescription médicale dans le cadre d’un forfait de consultation » et le montant de celle-ci fixé à 40 euros pour la première, 30 euros les suivantes.
Passons rapidement sur le fait que cette condition ne plaît pas du tout aux psys. Patrick Ange Raoult, secrétaire général du Syndicat national des psychologues (SNP), a craché toute son indignation au Monde : « C’est absolument scandaleux, ce qu’on vient d’entendre [le discours du Président], ça marque un mépris profond de notre profession et de la population. »
Le Président a raison quand il souligne que la psychiatrie est à l’abandon depuis des décennies. Il annonce donc le déblocage de 80 millions d’euros, avec la création de 800 postes pour le secteur. Plus intéressant, derrière le constat, est ce que cela nous dit de l’état mental des Français…
Nous sommes depuis longtemps champions du monde de la consommation de psychotropes, et toujours sur une courbe ascendante. Une étude publiée en mai dernier analysait ainsi les 4 milliards de prescriptions (sic) réalisées entre le 16 mars 2020 et le 25 avril 2021, confirmant la sérieuse dégradation de la santé mentale des Français sous l’effet Covid. Les données émanaient de la Caisse nationale d’assurance maladie et de l’Agence nationale de sécurité du médicament, donc tout ce qu’il y a de plus officiel, et ne concernaient que les médicaments de ville délivrés sur ordonnance en pharmacie.
Voici ce que disait ce rapport : « Depuis le début de la pandémie, les psychotropes, tels les anxiolytiques de type Xanax, Lexomil, Temesta, Lysanxia…, ont progressé sur la période de mars 2020 à avril 2021 (avec 3,4 millions de prescriptions de plus qu’attendu), de 7 % en 2020 et de 10 % sur les premiers mois de 2021, tout comme les hypnotiques, couramment appelés somnifères, tels que Stilnox, Imovane (+1,4 million) ou les antipsychotiques (+440.000). » Et voici le commentaire ahurissant qu’en faisait alors le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie au CHU Henri-Mondor de Créteil, au journal Le Monde : « Ce sont des médicaments qui répondent à des troubles de l’anxiété et du sommeil sans forcément que ce soit rattaché à un diagnostic précis, il y a un risque d’automédication, ces produits sont un peu le Doliprane de l’anxiété (sic). »
Autrement dit, les Français, drogués aux cachetons-bonbons, avalent n’importe quoi prescrit par n’importe qui !
Il n’empêche, tout le monde fait la queue pour aller chez le psy et l’on dénonce partout des délais d’attente interminables (6 à 18 mois !) pour une consultation en centre médico-psychologique infanto-juvénile. Il apparaît, en effet, que nos adolescents vont mal, voire très mal : « Les recours aux urgences pour troubles de l’humeur chez les moins de 15 ans ont augmenté de 40 % fin 2020 par rapport à ce qui était observé à la même période en 2018 et 2019 », a dit le secrétaire d’État à la Santé, lors des Assises.
A en croire ces chiffres, les jeunes mères ne vont pas bien non plus et les pères à peine mieux : « 100.000 femmes par an souffriraient de la dépression du post-partum », selon M. Taquet, ajoutant que « dans un sondage récent, 30 % des mères et 18 % des pères disent avoir connu un épisode dépressif ».
Et vous, comment ça va ?
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