En Pologne, Panot et Aubry jouent les influenceuses pro-IVG, en toute illégalité

Elles se voulaient Gisèle Halimi et Simone Veil, elles se sont retrouvées Nabilla et Kim Kardashian. Ton guilleret et sourire aux lèvres, c’est avec beaucoup de légèreté que les deux élues d’extrême gauche ont partagé, façon vlog, leur voyage à Varsovie... pour distribuer des pilules abortives. Si ce sujet grave n’a de quoi égayer aucune des femmes ayant recours à l’avortement, les politiciennes ont fait preuve de beaucoup de désinvolture en menant à bien ce projet, rappelons-le, parfaitement illégal dans un pays où l’avortement demeure interdit.

Tuto « crime en toute discrétion »

« Il y a eu un petit atelier découpage nocturne », s’amuse l’eurodéputée Manon Aubry dans une vidéo tournée à la façon d’une influenceuse lifestyle. Sur Instagram, Facebook et X, l’élue LFI, dont l'action a été soutenue par son parti à l'Assemblée nationale, présente fièrement à ses followers son butin : dans les sacs qu’elle montre à l’écran aux côtés de la cheffe du groupe insoumis, des centaines de pilules abortives et de contraceptifs d’urgence. Les députées françaises s’apprêtent à les transporter en Pologne où, depuis 2020, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Manon Aubry (@manonaubryfr)

Juste avant de passer la frontière, l’élue au Parlement européen filme son « crime » qu’elle effectue « en toute discrétion », selon ses mots, en expliquant avoir jeté les emballages des médicaments avant de les « cacher » dans ses valises. Comme si les faits n’étaient pas suffisamment honteux, les deux femmes se félicitent, une fois la douane passée, d’avoir réussi leur mission et de pouvoir désormais apporter les pilules dans le premier centre d’avortement en Pologne, créé par l’activiste Justyna Wydrzyńska, déjà condamnée par la Justice polonaise pour être intervenue dans des avortements illégaux. Le centre, qui se présente comme un lieu de conseils et d’informations concernant l’IVG, se vante d’accompagner les jeunes filles dans leur processus d’avortement, allant parfois jusqu’à les conduire à l’étranger en cas d’interruption médicale de grossesse.

« Solidarité contre les fachos »… et contre la démocratie

Pour tenter de justifier cette action explicitement illégale et provocatrice, Manon Aubry invoque la « solidarité collective et concrète », qu’elle oppose à « l’Internationale réactionnaire et à l’extrême droite », espérant qu’un jour soit inscrit « une bonne fois pour toutes l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux ».

Mais garantir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est une chose que nos élus d’extrême gauche semblent avoir du mal à appliquer en France. En 2021, Clément Beaune, alors secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, avait souhaité se rendre en Pologne dans une des zones « libres d’idéologie LGBT » pour assurer son soutien aux Polonais qu’il estimait victimes d’un « scandale absolu ». Si BV avait consacré un article au mythe entourant ces fameuses zones « libres d’idéologie LGBT », Clément Beaune n’avait finalement pu les constater de lui-même, ayant subi, selon lui, d’importantes « pressions politiques » de la part du gouvernement polonais pour ne pas s’y rendre. Même sorte d’ingérence avait été tentée quelques mois plus tard en Hongrie, où le secrétaire d’État aux Affaires européennes s’était rendu pour manifester son désaccord contre « une loi homophobe très grave », selon lui. Décidément, pour nos élus de gauche, respecter la démocratie d’un État souverain légitimement élu est plus facile à dire qu’à faire !

Tandis que nos deux députées jouent les militantes version télé-réalité à l’étranger, toujours pas un mot pour Philippine, Lola ou Claire — ces Françaises dont le drame n’inspire ni vidéo ni déplacement militant. Espérons que la Pologne, dont elles ont bafoué les lois avec tant de désinvolture, saura ne pas confondre leur affront grotesque avec la voix de la France.

Imprimer, enregistrer en PDF cet article