En réponse à la détresse agricole : un traité de libre-échange avec le Chili !

Capture d'écran
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La colère des agriculteurs gronde aux portes de Paris depuis lundi. Le Premier ministre du gouvernement Gabriel Attal, s’est adressé aux paysans dans une tentative d’apaisement : « Ce n’est pas normal que vous soyez empêchés d’utiliser certains produits, et que des pays voisins eux les utilisent, et que ça arrive ensuite chez vous. » En dénonçant cette concurrence déloyale directe, il semblerait de prime abord qu’il ait entendu les revendications des travailleurs de la terre. Ces derniers demandent la simplification des normes environnementales, une meilleure rémunération et la mise en place de leviers pour compenser la taxation du gazole non routier.

Des ressources énergétiques aux productions agricoles, il n’y a qu’un pas

Pourtant, à Bruxelles, les députés européens ont voté, à 66 voix contre 12 ,et 4 abstentions, pour un accord entre l’Union Européenne et le Chili. Ce traité prévoit la réduction de 99,9 % des droits de douane entre l’Union Européenne et le Chili. Dans le cadre d’une volonté de transition écologique vers une énergie plus propre, l’importation du lithium, minéral essentiel à la fabrication de batteries électriques justifiait cet accord facilitant l’échange de ces ressources. Pourtant, les exportations du Chili vers l’Hexagone représentent 9.000 tonnes de porc par an, 4.000 tonnes de viande ovine, 2.000 tonnes de bœuf. 196 produits agricoles supplémentaires seront progressivement libéralisés.

L’eurodéputé Thierry Mariani a voté contre cet accord. Il affirme que ce texte touche en grande partie les productions agricoles. « Tous nos produits seront sous pression » conclut-il sur Cnews.

Développement des accords de libre-échange

Ce développement des accords de libre-échange entre dans la stratégie de la Ferme à la fourchette, stratégie impliquant, entre autres, la réduction de 10 % des surfaces cultivables et donc une baisse de la production nationale. Cet accord avec le Chili suit de près l’accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande en novembre dernier. Un accord de partenariat économique avec le Kenya, mettant en place des importations de fruits, de légumes et de fleurs est également en cours. Et ce n’est pas fini, d’autres projets d’accords avec le Mercosur, l’Indonésie l’Inde et la Thaïlande notamment sont posés sur la table.

Ce 29 janvier, six ans après avoir affirmé que l’Europe « est gagnante sur le Mercosur », Emmanuel Macron a demandé un report du traité de libre-échange entre le Mercosur et l’Union Européenne. (Ce qui n'a pas empêché la Commission européenne d'annoncer ce mardi qu'elle poursuivait les négociations en cours sur le Mercosur, en dépit des demandes d'Emmanuel Macron, ndlr). Le président a tenté de dénoncer une concurrence déloyale vis-à-vis de l’agriculture européenne, le Mercosur ne respectant pas les accords de Paris en imposant des normes contraignantes aux agriculteurs.

Les traités de libre échange menace l’agriculture française

Face aux dangers que représentent ces multiples traités, cent organisations – parmi lesquelles une vingtaine d’organisations françaises - ont appelé les députés européens à voter contre l’accord Chili-UE. Le risque est double : accroître la dépendance de l’économie du Chili à ses exportations, et porter un coup de poignard violent aux agriculteurs européens.

Au Parlement Européen, les eurodéputés RN se sont opposés à ces traités mortifères pour l’agriculture française. Contacté par nos soins, Thierry Mariani nous explique : « Le point de départ c’est la politique de la ferme à la fourchette qui implique une baisse de production en Europe et donc une hausse des importations. Il y a une logique dans ces accords : on se trouve face à une Europe de plus en plus influencée par les Allemands. Leur but est de vendre le plus possible de produits industriels européens et en échange d’acheter davantage de produits agricoles aux pays partenaires. »

Il résume : « C’est sciemment le sacrifice de l’agriculture européenne, au premier rang de laquelle l’agriculture française, au profit de l’industrie européenne au premier de laquelle l’agriculture allemande. Les agriculteurs se rendant compte qu’ils sont les grands sacrifiés de l’Europe. »

Il ajoute que cette crise se rajoute aux conséquences de la suppression des barrières douanières pour les produits ukrainiens. Et de résumer cette politique : « Vous agriculteurs européens, lentement mais sûrement, disparaissez ! »

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Il faut bien comprendre que tout « ce vent » n’a qu’une seule finalité, les élections de juin. S’ils les gagnent au niveau français et surtout européen ils oublieront vite ce qu’ils racontent actuellement ! Et je doute que cela soit finalement le résultat.

  2. Commençons par n’exporter que le surplus de notre consommation et ne plus importer des produits alimentaires inutiles qui voyagent par cargos et avions cargos, qui curieusement ne sont pas montrés du doigt.

  3. après le covid ou nous avons vu notre dépendance aux bons vouloir des autres, l’UE macron en tête signe des accords de libre échange à tout va, les agriculteurs étaient à Bruxelles pour dénoncer leurs conditions et 2 étages plus haut les députés signaient l’accord avec le Chili, s’il n’y pas de frais de douane pour les étrangers nous on ne doit plus payer de TVA, pour nous la douane pour manger entre autre c’est la TVA, tout comme il faut payer pour travailler ça s’appelle l’impôt sur le revenu.

  4. Ils attendent qui et quoi nos paysans pour demander la démission de Macron et son équipe ? La sortie de l’UE et l’obligation dans notre pays de consommer français, de taxer hautement les viandes hors France etc…………..

  5. Le mercosur : pour réussir à vendre des bagnoles françaises au Brésil… on importe des poulets de M…. Ça veut dire que Stellantis ne sait pas fabriquer de bonnes voitures à un bon prix et qu’ils ont de mauvais commerciaux… allons demander aux Allemands comment ils font…!
    L’accord avec le Chili signifie qu’on va faire payer par lrs éleveurs français le cuivre dont on a besoin pour nos voitures électriques hors de prix juste bonnes pour les bobos écolos bios parigots !!! Les politiques ne devraient JAMAIS se mêler d’affaires commerciales…. c’est à Stellantis d’acheter son cuivre, et au éleveurs du Chili de vendre leur barbaque… pas ce chantage dans le commerce !!!

      • Mais je suis parfaitement d’accord avec vous, Maria William… j’aime bien quand vous êtes en colère !!! Perso, nous roulons en Volvo XC70 … 225000kms … comme neuve, et qui peut tirer une remorque à 2 chevaux facilement… je défie les écolos de me trouver le même véhicule électrique au même prix… fâchez vous encore, je vous répondrai…

  6. Si l’on scannait le cerveau de Macron, on s’apercevrait que chacune de ses cellules est porteuse du message suivant : « l’Europe pour tous, tous pour l’Europe ».

  7. Pour le chilli, ce sera comme pour la Nouvelle Zélande, des produits noyés dans l’azote, voyageant plusieurs mois sur les mers.
    Comme c’est écologique tout ça !

  8. Perdre sa souveraineté alimentaire, c’est se mettre pieds et poings liés à la merci du premier envahisseur. En cas de conflit, le pays est exsangue en quelques jours.

  9. S’appuyer sur des prévisions fumeuses d’un groupe qui se dit expert, mais qui ne tient pas compte des vrais scientifiques ni de la réalité, est en fait la base de tous nos problèmes. Si seulement chacun prenait le temps de réfléchir par lui même, il comprendrait que ce n’est pas en utilisant une voiture électrique que la pollution diminuera. Tout n’est que mensonge et seule la fainéantise permet qu’elle triomphe. Les agriculteurs sont les derniers à voir qu’ils se sont fait gruger, alors profitons de leur colère pour que les yeux se décillent.

  10. Une image m’a réjoui. Les chevaux de frise, les barbelés devant le parlement Européen. Preuve s’il en est que les technocrates Bruxellois commencent à faire de l’huile. (Avec des olives importées) C’est à Bruxelles qu’il faut aller. Il faut arrêter de faire de l’agriculture et spécialement française, la variable d’ajustement dans les traités d’échanges pour faire plaisir aux allemands… Les allemands qui nous les brisent menu menu avec le prix de l’électricité et leur politique anti nucléaire. Dans le couple franco allemand, on sait parfaitement qui fait l’homme et qui fait la femme…

    • Les Allemands n’ont pas changé. Anéantir la France et les petits Français. Ils ont une vengeance à assouvir et être les maîtres…les…guides. (traduisez en allemand!)

  11. Moi ma réponse à ces politiques c’est de ne pas acheter ces produits je vérifie toujours la provenance des produits sur les étiquettes ,ça prend un peu de temps mais tant pis .Lorsque les importateurs se retrouveront face à des montagnes d’invendus ils assumeront leurs choix. Que les parents fassent de même quant à la provenance des produits servis à leur progéniture dans les cantines scolaires et que les représentants du personnel le fassent aussi dans les instances qui gèrent les restaurants d’ entreprise .Ce sera un travail de longue allène mais aussi une vraie preuve de solidarité avec le monde paysan.

  12. En 1991 déjà, date du 1er salon de la délocalisation inauguré par le ministre au plan de mitterand, nous demandions à ces politicards complices qui compenserait les pertes de versement de charges sociales suite aux licenciements massifs en France ? Avec quel budget on financerait les indemnités de licenciement, au pardon ce n’était pas du chômage mais machiavel rodait déjà : c’était des conventions de conversion avec, soit disant, des bénéficiaires fortement impliqués dans la reconversion et touchant un revenu égal à celui de leur statut de salarié. Mais bénéficiaires non inscrits au chômage … OUf, pour les chiffres c’était mieux.
    Et nos politicards n’ont toujours pas compris que si les marchandises sont produites en France, les travailleurs contribuent à renflouer les caisses sociales : assurance maladie, chômage, retraite, entretien des millions de privilégiés déconnectés, etc. Quelles sont donc, encore et toujours, les mêmes vaches à lait qui compensent le non paiement de ces contributions pour tous ces produits importés, de mauvaise qualité, et cerise sur le gâteaux, quasiment complètement détaxés ? On se demande quels établissements scolaires nos politicards ont fréquenté et quel était leur niveau en maths, en maths ? Disons en simple calcul. L’intelligence artificielle sera t’elle en mesure de compenser leurs lacunes, voire leur QI déficient ?

  13. La transition écologique détruira durablement tout ce qu’il nous reste. Tant que nos dirigeants n’admettront pas qu’ils ont commis une erreur, voire une faute, en voulant décarboner notre économie à marche forcée et sans alternative réaliste, nous ne pourrons qu’être très pessimistes quant à l’avenir de notre économie.
    Malgré la prétention de nos dirigeants, la France ne sauvera pas le climat. Elle ne sait même pas où se situe le thermostat !

    • Vous avez raison. Le climat n’est pas à sauver. Nous ne pouvons changer l’évolution NORMALE de notre planète mais nous devons nous adapter. Mais rassurez-vous, avec macron, ursula et…lagarde aux manettes, nous sommes sauvés!

  14. En vérité, l’Allemagne a gagné la guerre qu’elle avait perdue en 1945. Elle a permi la dégradation du nucléaire français après avoir fermé le sien, elle s’est porté sur le gaz russe qu’elle nous fait payer (comme elle le fit de sa réunification) en inventant l’Arenh pour nous obliger à vendre l’électricité nucléaire au prix cûtant tout en nous imposant ses prix du gaz ! Elle détruit notre agriculture pour favoriser son industrie etc. Il serait temps d’ouvrir les yeux et de revenir au « Marché Commun » et quitter l’idée même d’Europe. Faute de quoi, entre immigration imposée par Mme Merkel qui prélude à notre remplacement et l’atteinte à notre économie, il n’y aura bientôt plus de France. Comme le navire du même nom !

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