En Syrie, les chrétiens ne réveillonnent pas, ils manifestent pour leurs droits
En Syrie, les chrétiens ne préparent pas le réveillon, le 24 décembre. Ils descendent dans les rues de Damas pour manifester, suite à la diffusion d’une vidéo, sur les réseaux sociaux, d’un acte perçu comme antichrétien. En cause, un groupe d’individus cagoulés venus pour enflammer le sapin de Noël de la ville à majorité chrétienne orthodoxe Suqaylabiyya, près de Hama. Les malfaiteurs étaient armés, dissuadant quiconque de venir les empêcher de passer à l’acte. Le nouveau gouvernement HTC (Hayat Tahrir al-Cham : organisation de libération du Levant), ayant pris le pouvoir des mains de Bachar el-Assad, se sait attentivement surveillé quant au traitement réservé aux minorités, en particulier chrétiennes, alaouites et kurdes. Dans ce contexte, le chef religieux du HTC, aux côtés d’un prêtre, a assuré à la population que les auteurs de cet acte malveillant étaient des étrangers. Il a poursuivi son discours en assurant que l’arbre de Noël serait replacé, et rallumé dès le lendemain.
Des centaines de manifestants ont investis spontanément les rues de Damas, certains arboraient des drapeaux étoilés, symbole de l’indépendantisme syrien, d’autres portaient des croix : « On réclame les droits des chrétiens », clamaient-ils à l’unisson. Le cortège se dirigeait vers le siège du patriarcat orthodoxe à Bab Charqui, l’une des huit portes de la ville de Damas. Depuis la chute de Bachar el-Assad, renversé le 8 décembre par les factions insurgées dont la plus puissante est Hayat Tahrir al-Cham, ancienne branche d’Al-Quaïda en Syrie, les chrétiens se disent inquiets. Et pour cause : l’ancien dictateur se présentait comme le protecteur des minorités dans un pays à majorité sunnite.
Les communautés chrétiennes, cible d'attaque
Depuis la chute de son gouvernement, de nombreux incidents hostiles aux communautés chrétiennes ont été perpétrés, en Syrie. Le 18 décembre, dix jours après la chute du régime dictatorial, dans la province d’Hama, dans le nord du pays, une cathédrale orthodoxe a été criblée de balles. Les tombes des défunts chrétiens ont été vandalisées, des statues de la Sainte Vierge retrouvées brisées au sol. Les croix ornant les sépultures des morts ont aussi été endommagées. Si le nouveau gouvernement a renoncé au djihad et adopté un discours plus modéré, il n’en reste pas moins que le pays est dirigé par une faction islamiste. De quoi inquiéter la minorité chrétienne présente. Et pour cause : le HTC gouvernait déjà dans une petite province, avant de prendre le contrôle de la Syrie. Dans cette région, les femmes ne pouvaient plus sortir sans porter le voile et les prêtres, quoiqu’autorisés à célébrer le sacrifice de la messe, se sont vu interdire de sonner les cloches de l’église. Le nouveau gouvernement a assuré ne pas mettre en place ces règles dans l’intégralité du pays.
Depuis 2011, 85 % des chrétiens présents en Syrie ont quitté le pays. Selon le nonce de Syrie, son pays ne comptait, en 2019, que 2 % de chrétiens. Un nouvel exode serait fatal pour la communauté chrétienne. Le nouveau gouvernement a assuré ne pas ostraciser les chrétiens, mais saura-t-il les rassurer ?
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2 commentaires
Il ne faut pas rêver, le HTC est un mouvement purement Islamiste et les Chrétiens n’auront plus leur place sauf celle de Dhimmi en payant leur redevance et en n’ayant plus aucun droit, la réalité c’est ça.
Il nous faut conserver l’espérance,mais il est évident qu’en terre d’islam les communautés chrétiennes sont toujours menacées,et les hautes instances internationales font la sourde-oreille .