En voyage au Maroc, Mélenchon dénigre la France

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Jean-Luc Mélenchon est en voyage au Maroc, du 4 au 9 octobre, et entend que ça se sache. Son périple n’a rien d’officiel, mais un peu tout de même, puisqu'il est programmé depuis plus d’un an par Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme. Il est vrai que les attaches du patron de la NUPES avec le royaume chérifien ne sont pas anecdotiques : né à Tanger en 1951, ce n’est qu’à l’âge de onze ans qu’il rejoint la mère patrie.

Prendre l’air du Rif ne peut également lui faire que du bien, son parti étant, en France, empêtré dans l’affaire Sophia Chikirou. Mais avec l’Insoumis en chef, rien ne saurait se faire sans bruit, fureur et déclarations fracassantes, quand il appelle à « tourner la page de l’arrogance », laquelle ne saurait être autre que française.

Et le même de poursuivre, à propos du tremblement de terre du 8 septembre dernier ayant causé la mort de trois mille personnes : « Le Maroc s’en est sorti admirablement et nous autres Français, nous avons des leçons à prendre ici, en matière d’efficacité, de discipline et d’entraide. » Fondamentalement, tout cela n’a rien de faux.

La faillite de la diplomatie française

La France a proposé son aide lors de ce séisme, cette dernière a été refusée et les Marocains se sont parfaitement débrouillés, presque tout seuls. Mais le principe de ce genre de déplacement, qu’il soit officiel ou officieux, comporte malgré tout quelques règles intangibles, la première consistant à ne pas attaquer son pays, dès lors qu’on pose le pied en sol étranger. Qu’il critique, en France, la politique maghrébine de l’Élysée, rien de plus normal. Mais pourquoi le faire au Maghreb ? Il est tout aussi vrai, pour résumer, que la diplomatie d’Emmanuel Macron en cette région du monde est parfaitement erratique à plus d’un titre. En snobant le Maroc pour tenter d’enfin se réconcilier avec l’Algérie, notre Président aura accompli ce tour de force inédit de se fâcher durablement avec ces deux nations.

Pis : sur la question du Sahara occidental, Jean-Luc Mélenchon met l’Élysée en porte-à-faux. La France n’a jamais officiellement reconnu la pleine et entière appartenance du Sahara occidental au Maroc, préférant louvoyer au doigt mouillé. En effet, l’Algérie est l’un des principaux soutiens du Front Polisario, mouvement sahraoui exigeant l’indépendance de cette terre qui est, en même temps et pour Rabat, une cause semblable à notre Alsace-Lorraine au début du siècle dernier.

La brûlante question du Sahara occidental

Bref, le sujet est brûlant. D’autant qu’au sein de LFI, les opinions sont plus que partagées. En témoigne cette déclaration de Mathilde Panot, matrone du groupe parlementaire insoumis, qui a participé, en octobre 2019, à une manifestation de soutien au Sahara occidental. C’est avec un plaisir gourmand que le magazine Jeune Afrique rappelle son tweet : « Soutien au peuple sahraoui qui lutte pour son autodétermination et les libération des détenu.e.s. »

Et c’est ainsi que le Líder Mínimo se retrouve sur la même ligne politique que Rachida Dati et Éric Ciotti, qui ont eux aussi défendu la souveraineté marocaine sur cette terre tant disputée. Là où tout se complique, c’est quand Jean-Luc Mélenchon, à l’appui de ce soutien à la monarchie marocaine, en appelle à l’exemple de l’Espagne (passe encore), mais aussi d’Israël et des États-Unis. Comme quoi le trotskisme peut mener à toutes les circonvolutions géopolitiques. Il a l’échine plus souple que de moyenne…

Pour mémoire, on rappellera qu’à l’occasion de la dernière élection présidentielle, l’éternel recalé du second tour pouvait au moins se satisfaire avec ceci : 17.000 des 53.000 Français du Maroc lui avaient apporté leurs suffrages. Cela suffira-t-il à en faire un jour l’égal du maréchal Lyautey aux yeux des populations locales ? Rien n’est moins sûr.

En attendant, la dernière visite officielle d’un Président français au Maroc remonte à avril 2013. C’était François Hollande. Depuis, Emmanuel Macron attend patiemment son tour, payant ainsi son « arrogance » vis-à-vis de Mohammed VI. À ce titre, si Jean-Luc Mélenchon a plus ou moins gagné, c’est la France qui, à coup sûr, a perdu. Ce qui devient une fâcheuse habitude.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Mais qu’attend-il pour déménager au Maroc ?? ça nous fera des vacances de ne plus l’entendre déblatérer ses idioties.

  2. LFI considère que condamner le Hamas c’est de l’islamophobie, ce qui veut dire que pour Mélenchon et compagnie les français musulmans équivalent aux gazaiens terroristes !
    Vu que l’amalgame est désormais fait de la part de LFI, si leurs électeurs continent à voter pour eux, c’est qu’ils sont eux-mêmes des terroristes !

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