Encore, cette année, une hausse spectaculaire de baptisés !

Près de 10.400 adultes et plus de 7.400 adolescents : 45 % de plus que l'an dernier.
Capture d'écran ©BFMTV
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Le nombre de baptêmes d'adultes et d'adolescents connaît à nouveau, cette année, une hausse spectaculaire. Pourquoi en parler aujourd’hui ? Parce que c’est, chaque année, dans la nuit de Pâques que se déroulent ces baptêmes et les chiffres commencent donc à remonter. Ils seront près de 10.400 adultes et plus de 7.400 adolescents. Une hausse de 45 %, par rapport au bilan de 2024, lui-même en hausse de 31 %, comparé à celui de 2023.


Depuis cinq ans, l'impressionnante dynamique se confirme : les catéchumènes, comme on appelle les candidats au baptême, se bousculent au portillon. Des catéchumènes cacochymes ? Pas vraiment. Parmi les adultes, la tranche d’âge des 18-24 ans est la plus présente. Et d’après la magazine Famille chrétienne, les « milieux populaires seraient le plus représentés ». Une information qui peut surprendre : depuis quelques années, les sociologiques dans le domaine constataient que les familles aisées - de la bourgeoisie et de l’aristocratie - étaient celles qui avaient le mieux « tenu » sur le plan religieux, ayant « l’habitus », comme dirait Bourdieu, de la transmission, qu’il s’agisse de patrimoine immobilier ou spirituel.

Comment l'expliquer ?

Comment l’expliquer, alors que l’Église est affaiblie par les scandales que l’on sait, que le reste du monde se fait une joie de tirer sur l’ambulance, que les bâtis s’effondrent quand ils ne sont pas incendiés ou vandalisés, que les curés ressemblent parfois à des contrôleurs de la SNCF, l’assistance de la messe dominicale à une réunion en EHPAD, et la prière universelle à un tract d’ONG ?

On peut, évidemment, y voir un phénomène de rattrapage, les bébés n’étant plus automatiquement baptisés comme autrefois : de fait, 52 % de ces futurs baptisés sont d’une famille culturellement chrétienne mais non pratiquante.

On peut aussi se demander si, le diable portant Pierre et Dieu écrivant droit avec nos lignes courbes, la montée de l’islam ne réveille pas un réflexe atavique identitaire : Et moi, quid sum : qui suis-je ?

Cette année, l’entrée en carême coïncidait peu ou prou avec le début du ramadan : la messe du mercredi des Cendres a connu une affluence sans précédent, certains curés se trouvant même à court d’hosties. Ce n’est pourtant pas l'office le plus drôle de l’année, chacun étant sommé de se souvenir de la finitude de la vie et se voyant signifier qu’il redeviendra poussière : Mémento, homo.

Et si ce succès était justement dû au signe tangible avec lequel chacun sort marqué ? Un prêtre rapporte que si, il y a quelques années, les paroissiens se dépêchaient d’effacer d’un geste de la main le reste de cendres sur leur front avant de partir travailler, nombre de jeunes ont tenu à garder fièrement leur croix noire toute la journée. Un phénomène qui touche tout l’Occident, puisque c'est ainsi que Marc Rubio, chef de la diplomatie de Donald Trump, a donné une interview en direct sur Fox News. Un prêtre suisse valaisan avance une hypothèse : « Peut-être que, face aux musulmans qui pratiquent le ramadan, les jeunes ont envie de revendiquer cette identité, notamment en recherchant des signes extérieurs de leur culture catholique ? »

Identité, rites et réseaux sociaux

Le mot est lâché : « signes extérieurs ». Les rituels, les dévotions populaires locales - dont le père Bonnet, dominicain, déplorait, dans les années 70, la disparition sous la pression d’un clergé réformateur qui n’y voyait que pratiques superstitieuses -, les pèlerinages ont le vent en poupe. « Faites les gestes de la foi et vous croirez », disait Pascal. L’inverse est vrai aussi. Comment la religion de l’Incarnation a-t-elle pu négliger, durant des dizaines d'années, le sensoriel et le sensible ?

Sur Instagram, le père Jean-Baptise Bienvenu, prêtre parisien de la Trinité - près de 30.000 followers -, explique en col romain et en images « les trois choses à faire quand tu rentres dans une église » : recherche du bénitier pour y tremper les doigts et faire un signe de croix, génuflexion, prière devant la lampe rouge du Saint-Sacrement. Dans le langage numérique, on appelle cela « un tuto ». Les influenceuses donnent bien des conseils maquillage avec des rituels beauté et des gestes journaliers à répéter. Les rituels spirituels, aussi, rencontrent du succès.

Car la troisième clef est là : réseaux sociaux. « Je n’étais pas vraiment informé sur le sujet, […], mais j’en ai beaucoup entendu parler sur les réseaux sociaux et ça m’a motivé à venir », explique, ainsi, un jeune. « Sur TikTok, ils parlent du mercredi des Cendres. Les gens vont regarder les vidéos, les liker et, donc, en recevoir de plus en plus et finir par en parler avec des amis. »

Rites, identité, réseaux sociaux sont les clefs. Et puis, sans doute, aussi, tous ces couvents et monastères, humbles et acharnés, qui, pour la France, ne cessent de prier.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

29 commentaires

  1. On ne me trompera pas, c’est leur nouvelle Religion arrimée au Pouvoir par le Wokisme LGBT….Des dizaines de milliards d’euros pour des O.N.G., Associations, rien qu’à Bruxelles, et S. Knafo nous avait fait le relevé rien que pour la France, envoyé à plus de 100 pays dans le Monde….En secret ils avancent, sont « en marche ».Le coucou woke lgbt a fait son nid à NTDP et dans d’autres églises déjà…
    Une preuve rien qu’une : l’archevêque a frappé la porte de NTDP et ouvert le jour de l’Immaculée conception. Il doit être en blanc immaculée. Il était en couleurs cacatoès vert, rouge, jaune….La Liturgie n’est plus respectée. Il n’y a pas eu de Conclave à Rome pour apporter des modifications à La Religion Catholique.
    Ils veulent mixer les religions, et pendant ce temps les Chrétiens sont massacrés dans le Monde….Satan est à leur côté…Ce n’est pas nouveau, mais juste accéléré
    Ils sont de Loge pour le Sociétal, le reste peut s’écrouler, partir en guerre…

  2. Quelle bonne nouvelle, cette recrudescence de personnes qui désirent se faire baptiser!…. Quelle joie! Et pourtant les églises se vident jour après jours grace au wokisme du pape, du gauchisme de certains prètres…. ou à quoi pensez vous que ces désertions sont dues???

  3. Au-delà des tentatives d’explications sociologiques, on peut voir aussi, au travers du phénomène constaté, le désir instinctif d’ « appartenir à », de cesser de n’être qu’un individu insignifiant, électron « insensé, prisonnier d’un mécanisme chaotique d’émergence et de disparition inéluctable ; le sentiment de devenir enfin une personne, un être de relations non pas magiques mais spirituelles, le transcendant étant mystérieusement inscrit au cœur de l’être.

    • « Devenir enfin une personne, un être de relation non pas magique mais spirituelle, le transcendant étant mystérieusement inscrit au cœur de l’être ». Auquel cas il s’agirait alors d’une forme d’irruption actuelle de l’Esprit pour notre temps. Là, ça peut devenir intéressant. A suivre.

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