Enfants exclus de l’espace public : Libé prend – radicalement – la défense des petits

enfants plage

« Les enfants seraient-ils soudain devenus infréquentables ? » C'est la question que pose Libération dans son édition du 19 février, dont la une n'est pas moins explicite : « Moi, mioche et gênant. » Le dossier publié par le quotidien offre une réflexion sur une réalité qui fait parler d'elle depuis plusieurs années déjà : la disparition des enfants de l'espace public. Et de lister les services qui, de plus en plus nombreux, proposent des prestations sans enfants. Des compagnies aériennes créent ainsi des vols entièrement ou partiellement réservés aux adultes ; des hôtels ou des restaurants offrent également un service garanti sans enfants. Car la raison principale de cette invisibilisation des enfants dans l'espace publique est simple : de plus en plus d'adultes ne supportent tout simplement plus leur présence.

Libération s'empare du sujet... mais à l'envers

Si le constat posé par Libé est bien réel, la façon qu'a le quotidien de s'en emparer laisse pantois. Face à cette mise à l'écart de l'enfant, les chroniqueurs proposent l'extrême inverse : sa mise en avant, à outrance. Le journal évoque ainsi le projet de « Villes à hauteur d'enfant » mené par certaines mairies écologistes ou socialistes. Un petit tour sur le site de la ville de Lille permet de nous éclairer sur le sujet : il s'agit, à travers ce projet, de « renforcer le pouvoir d’agir des enfants pour en faire des acteurs de la cité ». Rien que ça ! Un programme qui passe par la « mise en place de conseils d’enfants et d’élèves », la « contribution des enfants et des ados aux projets d’espaces publics et équipements » ou encore le « soutien aux projets solidaires portés par les enfants ». Les Lillois de plus de 18 ans n'ont qu'à bien se tenir !

Au fil des pages, Libé poursuit son enquête, mettant en lumière la mise en place, par certains chefs étoilés, de menus élaborés pour les enfants dans des restos gastronomiques. Et pour corroborer tous ces beaux discours, le quotidien finit par donner la parole aux enfants eux-mêmes : « Dans le train ou le métro, pas un mot plus haut que l'autre. Au restaurant, pareil. "Faut montrer qu'on est bien élevés, comme ça, les parents sont contents", soupire Paul. » Être un enfant, selon Libé, c'est donc évoluer dans un monde sans contrainte, où personnes et structures devraient s'adapter en tous points à ses desiderata.

Défendre les enfants : un prisme peu fréquent chez Libé

Si le sujet traité par le quotidien propose des mesures radicales et assez hors-sol, on ne peut s'empêcher de s'étonner - de se réjouir ! - que Libé prenne pour une fois la défense des petits. La ligne éditoriale du quotidien n'est, en effet, pas toujours à l'honneur des enfants. « Ni enfant, ni regret », titrait le journal en 2014. « Être mère, un cauchemar dont je ne me réveillerai jamais », pouvait-on lire en 2016. Il y a un mois, Libé réagissait à l'inquiétude démographique de Macron, avec un article intitulé « Natalité en berne : Emmanuel Macron oublie de parler du désir d’être parent ». Un parti pris assumé, et ouvertement défavorable à l'enfant. Au moins, lorsque l'enfant est là, Libé semble oublier ses névroses pour lui faire un splendide accueil. C'est toujours ça.

Si la brusque conversion de Libé est notable, on ne peut que déplorer que le quotidien soit un de plus dans la liste de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. Ravi de son progressisme, donnant la parole à une foule de sociologues qui assument ouvertement de ne pas avoir d'enfants, le quotidien découvre à la fin que ces mêmes défenseurs de l'individualisme sont inaptes à même voir un enfant déranger leur morne train-train. Une belle promotion de la natalité aiderait peut-être nos trouble-fête à considérer l'enfant autrement que comme quelque chose de bruyant.

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Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Dans certaines villes on constate que les petits espaces verts (ex squares) perdent leur caractère paisible car on les transforme en terrains de jeux ,sources de bruit et d’agitation . Là où un enfant apprenait à rester tranquille on voit le mouvement perpétuel .

  2. Petit trajet en bus : une jeune maman cale son gamin de trois ans debout sur un siège afin qu’il puisse admirer le monde extérieur. Question : si le gamin a marché dans une des nombreuses déjections canines ornant les trottoirs, qui va payer le nettoyage du vêtement du prochain utilisateur du siège ?

  3. Il me revient en mémoire un voyage en train, court pourtant (une heure environ) où un sale mioche enquiquinait tout le compartiment : grimpant sur les sièges (avec ses chaussures, cela va sans dire), bousculant les gens, importunant ceux qui grignotaient quelques biscuits pour qu’on lui en donne, et protestant de façon bruyante quand on lui disait non… le tout sous les yeux de sa mère, plongée dans la lecture de son journal.
    Personne n’osait protester… voyant ma voisine soupirer, j’ai dit haut et fort « il y a quand même des baffes qui se perdent ». Réaction immédiate de la mère : « je ne vous permets pas de toucher à non enfant ! » A quoi j’ai répondu calmement : « mais ce n’est pas de lui dont je parlais »…
    Je vous laisse imaginer l’air scandalisé de la mère, le fou-rire et les applaudissements des autres passagers !

  4. Ma petite file, élevée dans les structures pour enfants en Australie où le respect de l’autre est quasi constitutionnel, était une enfant agréable, calme respectueuse. Depuis qu’elle est dans une école française – pas dans une zone!- elle répond, singe les adulte, crie, fait des caprices à la moindre remarque. les parents, persuadés par l’éducation positive laissent faire. Moi grand parent, je ne reçois plus ces enfants mal élevés. Je suis passée à la récréation à coté d’une école primaire, australienne, les enfants ne crient pas dans la cour, quand ils jouent sur la plage en groupe, ils ne crient pas..On croit rêver.

  5. Libé promeut le bourrage de crâne « despetizenfanfs » aux idées gaucho-woke dès le berceau.
    Histoire d’en faire des petits braillards, à l’image d’un certain Louis Boyard, je suppose.

    • Un peu de cela. Mais si vous voulez changer et mettre au pas une socité toute entière il faut commencer par la base, ici ce sont les enfants ! Bien conditionnés par la dite « éducation nationale », ils sont les politiques et autres acteurs de demain. Leurs ainés étant pour une poignée encore, quelque peu réfractiares à cela. La mondailisation en marche à compris que forcer le passage sera difficile, ils ont donc changé de stratégie. Par contre vu le recul de la natalité des européens, là je me pose quelques questions ! A moins qu’il ne pensent à ceux venus d’ailleurs, ce qui ne serai pas impossible vu l’invasion !

      • Si je commençais à la base, j’ai 73 bientôt et déjà arrière grand-oncle, ça serait comme j’ai été élevé, moi et ma sœur,et cousins cousines.
        Chez nous, et encore parmi les dernières générations, l’éducation au sens noble du terme est primordiale.
        Donc, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de me dire comment faire.

  6. Ce ne sont pas les enfants en tant que tels, qu’on ne supporte pas, c’est leur manque d’éducation. D’où leurs cris incessants.

  7.  » Au restaurant, pareil. « Faut montrer qu’on est bien élevés, comme ça, les parents sont contents », soupire Paul. ». Et cela me paraît normal!
    La dernière fois que nous sommes allés au restaurant, il y avait deux petites filles 6 et 5 ans environ (je ne leur ai pas demandé leur âge. Elles hurlaient continuellement, voulant ci ou ça. Finalement elles ont hurler pour sortir de table tandis que leurs parents finissaient leur repas. Là, elles se sont « amusées » à aller de table en table, chercher des « trucs » (je ne sais quoi) sous les tables, s’agripper aux serveurs en hurlant s’ils leur demandait d’arrêter. les parents ont alors critiqué les serveurs , sans doute « inaptes à même voir un enfant déranger leur morne train-train »?
    J’ai fait une réflexion en disant à une gamine qu’elle était vraiment laide à faire cela, malgré sa jolie robe. Elle a baissé le nez et est restée tranquille! Oui, les enfants doivent rester sages au restaurant ou dans les transports. les clients ont le droit à la tranquillité!

  8. Je me rejouis de voir un enfant bien élevé mais je ne vois pas pourquoi je devrais supporter ceux qu’on a laissé grandir sans civisme, sans repères et sans considération pour les autres. Bien élevé ne signifie pas « pas un mot plus haut que l’autre », ça veut dire qu’il faut respecter les autres. Dans la vie il y a des droits et des devoirs, l’enfance est une période d’apprentissage et le plus tôt les enfants comprennent comment se comporter en société, le plus d’harmonie et homogénéité il y aura dans cette société. Ce n’est malheureusement pas chose facile mais le résultat en vaut la chandelle : un enfant bien élevé vaut tout l’or du monde.

    • Lors d’un voyage en Chine j’ai été en admiration devant le comportement des enfants que ce soit à l’hôtel, au restaurant ou tout simplement dans la rue. Je n’ai entendu ni cris ni vu des débandades de gamins courants sur les trottoirs ou dans la rue comme cela se voit chaque jour dans notre pays , j’ai vu des enfants souriants , polis et calmes…un plaisir !!

  9. Ils éructe ce type d’article pour mieux prendre parti pour les cours d’éducation à l’éveil sexuel organisé par les trains-genre.

  10. La plupart sont tellement mal élevés c’est insupportable.
    Les parents au QI de moineau les traînent partout alors qu’ils devraient être au lit (mais il faut alors les faire garder) au restaurant ils ne tiennent pas en place, dans les avions vous recevez des coups de siège dans le dos et j’en passe. L’enfant roi est insupportable.
    Je comprends donc la mise en place de lieux sans enfants et j’en ai eu 3 mais ils obéissaient alors qu’aujourd’hui les parents sont amorphes et hilares devant les conneries de leurs mômes. .

    •  » L’enfant roi est insupportable. » 100% de votre avis. Les miens obéissaient aussi et avaient alors, de la part des serveurs au restaurant par exemple, ou dans les magasins à un bonbon de la part des vendeurs et étaient ravis.

    • Bizarre : mes trois petits-enfants sont « naturellement » bien élevés ! ( la « parisienne », fille unique, un peu plus  » délurée » à huit ans, mais très très vite recadrée des deux côtés)..
      Me souviens d’une anecdote, dans un train Nantes->Grenoble via Lyon en 1983, seule avec mes deux enfants de 4 et 2 ans : Avoir reçu d’un Monsieur BCBG la cinquantaine un flot d’éloges en fin du parcours (environs six heures à l’époque ? -en première classe ) pour la bonne éducation de mes enfants…

    • Les enfants sont à l image des parents , beaucoup sont immatures, ils ne supportent pas les contraintes , aujourd hui les couples se séparent pour un oui ou un non et ils abandonnent leurs gosses comme certains leur chien , ce qui ne donne pas envie d en avoir à ceux qui n en ont encore pas

      • D’accord avec vous. Et lorsque les motifs de séparation des parents sont motivés, réfléchis et circonstanciés (pas avant les 19 ans des enfants, s’entend ! ) curieusement les divorces sont fortement entravés par les  » bons » conseillers conjugaux, avocaillons( onnes) et administrations policières et/ou sociales : bizarre, non ?

  11. Ils sont minables . Nos enfants sont l’avenir de ce pays , quoi de plus beau que de voir des petits s’amuser , s’émerveiller , quoi de plus valorisant que de les accompagner , les aider à grandir . Comme je plains ces égoïstes qui ne supportent pas les rires des enfants , leur simplicité , leur geste de tendresse etc….

    • Oh, apprécier les rires des enfants, leur simplicité, leurs gestes de tendresse, oui, bien sur. Mais pas leurs caprices, surtout lorsque cela risque de provoquer des accidents comme se mettre dans les jambes d’un serveur de restaurant, en en hurlant.

    • Il ne s’agit pas de de pas « supporter les rires des enfants, leur simplicité, leurs gestes de tendresse etc. », mais de simple éducation. Non, nous n’avons pas à supporter des gamins capricieux, égoïstes, hurlant et ne se souciant pas d’autrui lorsque nous voulons un moment agréable dans un restaurant ; non, nous n’avons pas à supporter les coups de pieds dans le dossier du siège dans les transports en commun ; non, nous n’avons pas à supporter des gamins qui courent et bousculent tout le monde, quitte à provoquer une chute… Bref, nous aimerions que leurs parents leur inculquent les bases de la vie en société. Mais ces mêmes parents n’ont pas non plus reçu d’éducation…

      • Lors d’un voyage en Chine j’ai été en admiration devant le comportement des enfants que ce soit à l’hôtel, au restaurant ou tout simplement dans la rue. Je n’ai entendu ni cris ni vu des débandades de gamins courants sur les trottoirs ou dans la rue comme cela se voit chaque jour dans notre pays , j’ai vu des enfants souriants , polis et calmes…un plaisir !!

  12. malheureusement, on rencontre de plus en plus de gosses mal élevés ou pas élevés du tout par leurs parents, et qui se rendent insupportables. On finit donc par redouter la présence de tous les enfants …

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