Enfin !

véran

On peut le dire : c’était de la belle ouvrage, hier après-midi, à l’Assemblée, pour la troisième lecture de la loi bioéthique. Ils étaient là, débitant au micro, derrière leurs masques, après leurs remerciements aux collègues et aux officines pourvoyeuses de sperme, leur leçon bioéthique pour les nuls. Devant mon écran, je n’étais ni tendue ni énervée : en distanciel. Je savourais cet instant rare d’un exposé de loi dans un Hémicycle à moitié vide de députés sans boussole. Pas de doute, cette séance, ce fut de la belle ouvrage !

Un seul mot convenait pour tant d’années de débats, passionnés parfois, respectueux toujours : « Enfin ! » Enfin, une loi pour que toutes puissent « faire mamans » : elles n’avaient que trop attendu ce bonheur ! Olivier Véran avait même promis un cru de bébés pour mai 2022. La rapporteuse à l’Hémicycle, Coralie Dubost, contente que ce soit fini, débita, à toute allure, tête baissée, son papier personnalisé. Mme Bergé fut intarissable. Mme Ménard déposa sa motion de rejet préalable à laquelle s’opposa un Mélenchon venu faire sa leçon cavalière d’histoire des mœurs françaises hors christianisme. Le garde des Sceaux tenta une réponse mal ficelée à l’adresse de Mme Ménard, qui tourna court, faute d’inspiration, avec une citation de Pagnol, peu heureuse, sur « des kilos d’amour », et termina en beauté par cette phrase décisive : « Ici, dans l’Hémicycle, il n’y a pas d’amour homosexuel ni hétérosexuel. Il n’y a que l’amour… »

Le vote sera vraisemblablement sans surprise. La PMA pour toutes ? Adjugé ! À la pause, on interrogea les uns et les autres. M. Breton voulait, avec sagesse, un report de la loi à l’an prochain où le candidat président mettrait la PMA, dans son programme, expressis verbis. Mme Firmin Le Bodo, soulagée, allait pouvoir, dit-elle, se consacrer à autre chose. Enfin, on « avançait » . Comment ne pas voir, dans cette insémination pour toutes, autre chose qu’un droit, insoutenable, à l’enfant ? Une filiation amputée, injustement. On a beau dire que le père n’est pas le donneur, le donneur pas le géniteur, comment ose-t-on bafouer le droit de l’enfant à avoir un père et une mère et de les connaître ? Comment ose-t-on voler son identité et son bonheur à un être humain ! À son semblable en humanité ! Quel droit s’arrogeraient des députés « humanistes » dans un Hémicycle, un après-midi d’été 2021, si on les laissait faire ? Est-il du ressort du président de la République d’avoir droit de vie sur des citoyens ? Quelle vent de déraison a soufflé, aujourd’hui, sur cette Assemblée en déroute ?

C’est à rêver. La naissance de certains enfants serait due à « pas de chance » ? Et ce serait le parcours du combattant pour trouver son père ? « Bien accompagné » a dit, un jour, M. Touraine, « pris en charge par des psychologues, des médecins, des pédiatres, il n’y aura pas de problème ». Et la déception quand il découvrira… son donneur ? C’est une autre histoire, dites-vous ? L’essentiel est que ses mamans « verbalisent » le récit de sa fabrication ? Il est temps d’arrêter cette machine infernale.

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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