Enfin une bonne nouvelle dans l’oued : la France ne s’excusera pas d’être venue en Algérie à l’improviste !

Algérie française

En ce début d’an II du Covid-19, où tout semble partir en cacahuète dans notre pauvre pays en retard vaccinal sur l’Histoire, il est une bonne nouvelle qui réchauffera peut-être le cœur des derniers pieds-noirs et harkis, sacrifiés au sens de l’Histoire récente : « la France » - oui, « la France » - ne compte pas s’excuser pour la colonisation de l’Algérie. C’est l’Élysée qui le dit. Diantre !

Pourtant, depuis ce jour refondateur de la parole repentante du 15 février 2017 où le candidat élyséen d’En Marche ! avait déclaré, sur une chaîne algérienne, que la colonisation était « un crime contre l'humanité », la pièce révisionniste semblait jouée avec un cynisme accompli. En recherche d’alliances financières et électorales, Emmanuel Macron s’autorisait, à peu de frais, et à l’étranger, le jugement d’un phénomène historique qu’il ne connaît que par a priori négatifs. Ajoutant, sans qu’on l’en ait prié, l’aplaventrisme dans la soumission idéologique aux lectures marxisées de l’Histoire, après l’injure aux sacrifiés nationaux – prêtres, soldats, déportés devenus colons –, il zézayait cette brutale contrition : « C'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes. »

Double objectif dans ce discours de candidat. Complaisance diplomatique pour Alger, avant même que d’être élu. Blâmable en soi. Mais, surtout, volonté de rallier, pour se maintenir « quoi qu’il en coûte », les troisième et quatrième générations migrantes d’Algérie, françaises automatiques du sol, acculturées, manipulables, dont les seuls exutoires d’affirmation visible semblaient ceux de brandir le drapeau vert et blanc pendant les matchs de foot.

Selon certains analystes, le courant de la gauche libérale, partisan d’une gestion mondialisée de la planète dont Macron est le disciple, aurait acté le principe d’un renouvellement ethnico-culturel de la population hexagonale, à brève échéance. D’où cette stratégie de ses cadres pour contrôler les opinions par invention-diffusion de ce que nous pouvons appeler un « roman apatride » du futur, en déniant l’ancienne valeur cohésive du « roman national » républicain d’antan. Quoi qu’il en soit, de 1945 à nos jours, la relecture universitaire du fait colonial s’est toujours faite à charge.

Les insultes du candidat Macron à la « mémoire » des pieds-noirs, jugée par lui sectaire, dans une duplicité de langage où il insinuait leur passé « criminel » en Algérie ont eu, au résultat, peu d’incidence électorale, malgré le tollé provoqué chez les rapatriés. Ne seraient-ils plus, eux et les harkis, pour le camp du « progrès » déterminé à conquérir une jeunesse plus nombreuse issue de la « mémoire » adverse, que des gêneurs anachroniques ? Minoritaires. Catalogués, jugés, condamnés.

Mais alors, pourquoi le rapport de Benjamin Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie », rendu public ce 20 janvier, recommande-t-il, implicitement, de ne plus formuler d’excuses pour ce que le macronisme en marche qualifiait expressément de « crime contre l’humanité », voici à peine quatre ans ? Ce serait, a dit en substance l’historien mandaté en haut lieu, parce que « la question de la repentance est un piège politique » tendu par l’extrême droite pour s’emparer du débat. Reconnaissons là un procédé trotskiste habile de désignation du loup fasciste pour noyer la sardine et sortir son mécène de la nasse piégeuse où il s’était glissé.

Car malgré tous ses efforts, depuis son élection, pour promouvoir son « roman apatride » d’appel, notre chef d’État irrésolu n’a toujours pas conquis la jeunesse immigrée de la « mémoire » adverse. Les « Allahou akbar » proférés dans les cours de collège et lycée font craindre maintenant un repli racinaire que ne peuvent contrer les leçons théoriques sur la laïcité ! Par la caution Stora pour refuser l’excuse « mémorielle », le Président Macron espère sans doute éviter que les autres Français, ceux de « mémoire » européenne, lassés par sa faiblesse et ses atermoiements, ne reviennent, par repli opposé, au camp des défenseurs du « roman national » structurant. Parce que tous les peuples ont besoin, pour vivre en tant que tels, d’appel à leur fierté. Pas de crachats !

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Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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