[Enquête] Hassan Iquioussen : symptôme visible des Frères musulmans en France
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Les révélations sur Hassan Iquioussen s’enchaînent dans la presse hexagonale. Un imam « fiché S », selon le JDD, un possible « marchand de sommeil », selon ses détracteurs, rapporte Le Figaro ; le feuilleton Iquioussen ne cesse d’alimenter les polémiques après la suspension de sa procédure d’expulsion par le tribunal administratif de Paris. Bras de fer entre le gouvernement des juges et le pouvoir exécutif, l’épilogue de l’affaire Iquioussen dira si la France dispose encore d’un tantinet de souveraineté pour mettre à sa porte ceux qui la détestent. Mais le cas d’Hassan Iquioussen permet aussi de braquer les projecteurs sur l’influence des Frères musulmans en France. Mouvement international porteur d’un islam rigoriste, la pensée « frériste » se dissimule au sein de la société française depuis une quarantaine d’années sans réelle réaction des autorités. Qui sont-ils, que disent-ils et que veulent-ils ? Enquête sur les premiers acteurs de l’islamisation française.
Une nébuleuse présente sur tout le territoire
Fondée en 1928 par l’instituteur égyptien Hassan el-Banna, le grand-père de Tariq Ramadan, la confrérie dispense une vision panislamiste du monde et milite contre l’occidentalisation des sociétés arabes. L’organisation s’appuie sur une vision intellectuelle et une approche historique de la religion, en militant pour un retour de « l’islam des sources » ; c’est-à-dire l’islam tel qu’il était vécu sous les califats arabes du Moyen Âge. Transnationale, la confrérie s’installe dans de nombreux pays du Moyen-Orient et se heurte frontalement au panarabisme du parti Baas, notamment présent en Irak et en Syrie.
Mais les Frères musulmans ne s’arrêtent pas au monde arabe. Dès le début des années 80, l’organisation débarque en Europe et des étudiants fréristes défont leurs bagages sur le sol français. Sous une forme dissimulée, la confrérie commence à s’activer partout dans le pays. Joachim Veliocas, directeur de l’Observatoire de l’islamisation et auteur de plusieurs ouvrages sur la question, a accepté de répondre à Boulevard Voltaire. Il raconte : « Les étudiants fréristes arrivent en France et créent plusieurs associations. Ils ne se font jamais appeler Frères musulmans. À la fin des années 80, ils fédèrent leurs associations dans l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). À l’époque, l’UOIF avait des liens visibles avec la confrérie et faisait venir en France les chefs internationaux des Frères musulmans. »
C’est également à cette époque que l’imam Hassan Iquioussen, avec son coreligionnaire Hani Ramadan, frère de Tariq Ramadan et petit-fils d’Hassan el-Banna, le fondateur de la confrérie, commence à prêcher l’islam dans les banlieues. Celui que Gérald Darmanin veut expulser aujourd’hui se faisait appeler, à l’époque, « l’imam des cités ». Au début des années 2000, les Frères musulmans, cachés sous d’autres appellations, commencent a être installés sur une bonne partie du territoire français. « Les fréristes, parfois avec l’aide de pays étrangers, édifient des grandes mosquées partout en France : Nantes, Mulhouse, Caen, Reims ou Créteil ; mosquées qui dispensent une approche radicale de l’islam », explique Joachim Veliocas.
Frères musulmans : quel est leur projet ?
Mais quel est le dessein des fréristes ? Quelle vision d’avenir justifie les moyens employés par ceux qui, en France, gravitent depuis des années autour de la confrérie ? D’abord, la pensée frériste repose sur une aversion profonde envers les sociétés occidentales contemporaines, aversion que résume bien cette citation du fondateur Hassan el-Banna : « Cette vie occidentale, avec tout ce qu’elle possède d’artifices et de séductions, d’apparences, de force et de richesses, tente de mettre la main et de tenir sous sa coupe tout ce qui nous reste de spécificités. » On retrouve là un discours aux accents « décolonialistes » particulièrement précurseur qui a su trouver, en France, un terreau fertile pour son développement. « Préserver les musulmans des vices de la société occidentale », voilà comment l’on pourrait, grossièrement, résumer la pensée frériste.
Mais l’expansion de la pensée des Frères musulmans s’est faite parallèlement à l’instauration de flux migratoires massifs vers la France. Cette arrivée massive d’individus de confession musulmane dans notre pays a servi de plateau d’argent pour le discours frériste. Sous le joug d’une société occidentale viciée, le musulman qui vit en France doit retourner à sa religion originelle, quitte à adopter un comportement contraires aux principes républicains et aux mœurs françaises. Hassan Iquioussen ne dit d’ailleurs pas autre chose lorsqu’il affirme, dans l’une de ses vidéos, que le musulman assimilé « est un musulman désintégré » et que ceux qui prônent l’assimilation sont « les ennemis de l’islam ».
Une force de frappe particulièrement étendue
Les fréristes sont nombreux, organisés et déterminés. Adeptes de la taqiya, cette stratégie du double jeu qui consiste à infiltrer la société pour y diffuser les idées islamiques quand le rapport de force n’est pas à leur avantage, les fréristes disséminent leur discours un peu partout dans le pays. Joachim Veliocas rappelle ainsi l’influence de la pensée frériste sur l’islam de France : « Ils ont des associations de musulmans, des mosquées, mais aussi deux écoles religieuses qui forment le plus d’imams en France ! Le cas de l’Institut européen des sciences humaines à Saint-Léger-de-Fougeret est intéressant. Cet établissement de formation, doté d’une antenne à Aubervilliers, rend autonomes les instigateurs de la pensée frériste en France et leur permet de réfléchir, entre eux, aux spécificités françaises et à la façon d’enseigner la charia. »
Mais les fréristes n’agissent pas qu’en faveur de l’enseignement religieux. Par d’autres moyens, ces derniers parviennent à se rendre indispensables auprès de la communauté musulmane de France. L’exemple d’AVS, l’un des principaux organismes de certification de viande halal français, est frappant. AVS a pendant longtemps été dirigé par Fethalla Otmani, un expert de la question du halal devenu conférencier sur des sujets théologiques. D’après nos recherches, Fethalla Otmani a été un membre très actif de l’UJM, l’Union des jeunes musulmans, un collectif rattaché au centre Tahwid et dont les liens avec les Frères musulmans sont particulièrement ténus. Aujourd’hui, Fethalla Otmani continue de dispenser, via plusieurs centres de formation et une chaîne YouTube, un rapport au Coran particulièrement littéral et une vision frériste de l’islam français.
L’influence des Frères musulmans se retrouve partout en France et les lumières braquées sur quelques personnalités médiatiques comme l’imam Hassan Iquioussen ou l’essayiste Tariq Ramadan ne permettent pas, à elles seules, d’exposer toute l’étendue de la toile islamiste que les fréristes s’appliquent à tisser sur le territoire français depuis quarante ans. Prendre le problème de l’islam frériste à bras-le-corps demanderait à l’État un courage énorme, tant celui-ci a su se répandre au sein des instances musulmanes françaises. En Europe, seules l’Autriche et la Russie ont réellement pris des mesures fortes contre la confrérie : la première a fait interdire tout symbole lié aux Frères musulmans, la seconde a inscrit l’organisation sur la liste des groupes terroristes. La difficulté pour les pays d’Europe réside dans la malice des organisations fréristes qui refusent toujours de prendre l’appellation de « Frères musulmans » mais continuent à se revendiquer de leur courant de pensée. Se réfugiant derrière des positions de pseudo-respectabilité et de discussions intellectuelles ou théologiques, les fréristes, en dispensant l’amour de la charia aux musulmans de France, contribuent à créer toutes les conditions d’un profond séparatisme. Il faut garder à l’esprit les mots de son fondateur, Hassan el-Banna : « La bannière d’Allah sera arborée au-dessus de l’Occident, et la Méditerranée redeviendra islamique. »
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Un vert manteau de mosquées
31 commentaires
L’Islam en France n’est pas dévoyé ! Il s’exprime comme il peut s’y exprimer. Ces expressions sont très diverses, car l’Islam n’est pas « organisé » comme l’Eglise catholique. Ces expressions restent sous l’influence de facteurs aussi divers que nombreux . C’est ce que j’appelle la mosaïque islamique. Mais l’Islam reste l’Islam. Avec ses Piliers, ses Lois, la Charia, sa culture, sa langue, ses atavismes. Son ADN en quelque sorte. Il n’y a pas les bons musulmans d’un côté et les méchants de l’autres . Il y a un continuum fait de 1000 nuances qui va du citoyen intégré ou assimilé (un très mauvais musulman celui-là) jusqu’au djihadiste (un combattant d’Allah) . Nos visions franco-françaises face à cette problématique mondiale sont le plus souvent ridicules. Et ils le savent !
Nos dirigeants se mettent à genoux devant l’islam et accordent aux musulmans tous les droits et bien plus que ce qui sont accordés aux Français ou aux bi nationaux européens
L’Etat leur accorde de construire des mosquées avec minaret mais à nous Français Catholiques refuse de faire sonner nos cloches et de nous aider à entretenir nos églises !!!
Ne pas oublier que la majorité des églises et cathédrales ont été volées, en 1905, par l’état français, qui a donc la charge !
L’état ne s’acquitte pas de ses devoirs. Il préfère sûrement la construction de mosquée avec de l’argent étranger.