Enquêter sur le mouvement conservateur : la fausse urgence des Insoumis !

manif pour tous, marche pour la vie GPA

Bruno Retailleau, Laurence Garnier, Patrick Hetzel… Le retour aux affaires de ministres issus des Républicains, qui plus est, des conservateurs assumés, donne des sueurs froides aux députés insoumis. Dès la nomination de Michel Barnier à Matignon, certains dans les rangs de la France insoumise sont rapidement montés au créneau pour dénoncer l’arrivée au pouvoir des « réacs ». En cause, une prise de position du nouveau Premier ministre contre le remboursement de l’avortement par la sécurité sociale alors qu’il était encore jeune député en… 1982 ! La machine progressiste s’emballe et l’extrême gauche dénonce un « gouvernement Manif pour tous », en dépit des promesses de Michel Barnier d’être le « rempart » pour « préserver l’ensemble des droits [tels que l’accès à l’avortement, le mariage homosexuel ou encore la PMA sans père, NDLR]. » Des promesses insuffisantes pour les Insoumis qui, totalement déconnectés des préoccupations des Français, ont décidé de s’attaquer, non pas à l’immigration ou l’insécurité, mais au conservatisme. Menés par Sarah Legrain, députée de Paris, les Insoumis ont ainsi tous signé une proposition de résolution « tendant à la création d’une commission d’enquête sur la structuration, le financement et les modalités d’action des mouvements conservateurs anti-choix et agissant dans le champ de la parentalité et de la famille ».

Des associations qui défendent « l'Occident chrétien »

Alors même que la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été adoptée et célébrée en grande pompe le 8 mars dernier, les Insoumis prétendent ainsi s’inquiéter d’une remise en cause des « conquêtes féministes majeures » et d’une offensive contre certains droits « au nom d’une vision réactionnaire ». S’appuyant sur une étude du Planning familial, dont la fiabilité des sources reste à démontrer, les députés de la France Insoumise dénoncent des mouvements « bien organisés et financés ». Mais surtout, s'agacent les députés, ces organisations conservatrices auraient le culot de « défendre la famille et l’Occident chrétien ».

Pire, ces mouvements conservateurs, tels que Le Syndicat de la Famille (ex Manif pour tous), La Marche pour la Vie, Alliance Vita et bien d’autres encore, bénéficieraient de relais dans les médias et d’appuis financiers. Dans leur résolution, les Insoumis qu’on avait connu particulièrement virulents à l’encontre de Vincent Bolloré, des dirigeants de CNEWS et de ceux de C8 lors de la commission d’enquête pour l’attribution des fréquences TNT, profitent de cette résolution pour s’en prendre à nouveau au groupe Canal. En cause, la diffusion du film américain Unplanned en août 2021 sur C8 qui retranscrit à l’écran la vie d’une ancienne employée du Planning familial devenue militante anti-avortement. CNEWS n’est pas épargnée non plus, tout comme les médias d’obédience conservatrice comme BV. Même Le Crayon Média, qui se veut être un média digital pluraliste et ouvert au débat sans aucune attache politique, est lui-aussi épinglé. Son tort ? Sûrement avoir osé organiser un débat entre Aliette Espieux, porte-parole de la Marche pour la vie, un mouvement qui milite contre l’avortement, et Karen Noblinski, une avocate favorable à la constitutionnalisation de l’IVG. « Ce qui les dérange c’est le débat. Ils refusent qu’on puisse discuter, ils ont peur d’être mis à mal par notre discours et notre présence les exaspère », note aujourd’hui Aliette Espieux, jointe par BV. La militante nous raconte que plusieurs députés d'extrême gauche ont déjà refusé de venir sur un plateau où elle était également invitée.

« Un texte lunaire » 

Le dépôt de cette résolution, enregistrée le 23 septembre dernier à l’Assemblée nationale, n’est pas passé inaperçu auprès des organisations visées. Jean-Frédéric Poisson, président de VIA, dénonce sur X des « trotskistes révolutionnaires à la manœuvre ». Aliette Espieux pointe quant à elle du doigt « un texte lunaire, sans aucune source ». Surtout, à propos des prétendues attaques qui auraient été perpétrées par ces mouvements à l’encontre des femmes, citées par les Insoumis, la jeune porte-parole de la Marche pour la vie avertit : « Ils feraient bien de donner les preuves de ce qu’ils avancent s’ils ne veulent pas se prendre une plainte en diffamation ». Et si jamais cette résolution venait à être débattue et adoptée, Aliette Espieux conclut : « S’ils pensent une seule seconde nous faire peur et nous faire baisser les bras, ils se trompent royalement ! ». D’autres associations incriminées par les Insoumis et contactées par BV préfèrent garder le silence à ce sujet et espèrent que le texte ne sera jamais voté.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

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