Enraciné, donc radical !
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Enraciné ! Donc, radical, Zemmour ! D’où sa pédagogie gaullienne de la répétition, obsessionnelle pour certains - les prénoms -, contestable, voire scandaleuse, pour d’autres, sur le Grand Remplacement, la judéité, l’amalgame fait entre l’enterrement, hors de France, des victimes de Toulouse et celui de Merah. De là à accuser Zemmour d’être fauteur de troubles, il n’y a qu’un pas. Au lieu de considérer son discours de Biarritz, dessinant une France des territoires, ses adversaires, désarçonnés, tirent, de leur attirail idéologique, les clichés recyclables de « pétainiste », « maurrassien », « illibéral », voire de chef de meute sécessionniste de la démocratie. Au lieu de reconnaître que le succès de son tour de France est dû à la parole donnée au peuple - vox populi -, on crie à la guerre civile.
Amour et fierté : deux qualités - ce n’est pas rien - que reconnaît le philosophe Redeker (Le Figaro du 22 octobre ) au dernier livre de Zemmour et qui scellent « le socle du retour de la politique ». Si Redeker est réservé, avec raison, on l’a dit, sur certains points, dont l’antisémitisme minoré de Pétain, reprocher à Zemmour de faire fi de « la diversité française » chère à Braudel, c’est oublier le contexte dans lequel nous sommes. En tout cas, comment ne pas reconnaître, avec le philosophe, que le livre de Zemmour, est « un col » d’où apercevoir, dans « une épiphanie encore un peu brumeuse », le paysage français des prochaines décennies ? Et en Zemmour un éclaireur ? Bel éloge !
Pour le député MoDem Jean-Louis Bourlanges (Le Figaro, France Inter), la vague de fond zemmourienne est une réaction, catholique et bourgeoise, plus que populaire, « politiquement incontrôlée », d’une France fragmentée par le « wokisme ». D’où l’impasse intellectuelle, morale et gouvernementale du candidat non déclaré. Le portrait rempli de clichés est à l’ancienne. Non pas gaulliste mais pétainiste, se référant à la loi du talion, maurrassien, radical et fixiste - Zemmour a une vision réductrice du mal qui ronge la France. Pour Bourlanges, le zemmourisme est un « wokisme à l’envers » et les immigrés sont « dans le problème et non pas le problème » d’une France balkanisée en multiples minorités. Et de ce problème, Zemmour est partie prenante, pour ne pas dire l’idiot utile. Et d’opposer à la « crise du modèle républicain » et du vivre ensemble un illibéralisme autoritaire à la Orban et une vision « artificielle et rétrécie » de la France. Sans oublier la trahison d’une droite redevenue contre-révolutionnaire et de rupture. Que le temps est loin, soupire Bourlanges, du magistère de Raymond Aaron ! S’affrontent, sur notre sol, deux communautés : celle libérale, héritée de l’après-guerre, incarnée par le macronisme, et celle, radicale - réactionnaire et révolutionnaire -, de deux meutes « sécessionnistes » qui déversent leur mépris sur l’État de droit.
Le mérite de Zemmour est de crever les abcès. Aucun mot n’est plus tabou. Du coup, la question que posait, en 1997, Jean-Claude Barreau apparaît en pleine lumière : la France va-t-elle disparaître ? Quand ce vrai « problème » sera pris à bras-le-corps, on dissertera, avec plaisir, sur « la part d’intériorité et d’ailleurs » contenue, selon Redeker, dans l’assimilation à la française.
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