Enseignement de la langue arabe dans les écoles élémentaires : un accord franco algérien promulgué

arabe

En cette France paralysée institutionnellement, l'urgence pour Macron était-elle de s'adresser à la France ou à... l'Algérie. Ce 22 juin, en effet, il vient de promulguer, au Journal officiel, sous sa signature, le décret pour l'enseignement de l'arabe dans nos écoles élémentaires. En annexe à ce décret, il publie aussi l'accord entre la France et l'Algérie - signé à Alger le 8 juin 2021 - sur l'enseignement de l'arabe à l'école élémentaire en France. Et c'est... Élisabeth Borne qui est « chargée de l'exécution de ce décret ».

Que dit cet accord ? L'accord de 2021, annexé au décret, s'affirme « désireux de resserrer les liens d'amitié » (sic : cf. les paroles de l'hymne algérien ci-après) entre la France et l'Algérie : « Dans les écoles élémentaires d'enseignement public en France, il peut être organisé un enseignement international de langue étrangère (EILE) se rapportant à la langue arabe » (art. 1er). Il n'est pas précisé qu'il s'agit de l'arabe classique (celui du Coran) et pas de l'arabe dialectal parlé à la maison. Or, l'arabe pratiqué dans les écoles d'Algérie est celui de l'Arabie mais la question fait polémique en Algérie même. Selon la Constitution algérienne, « L’islam est la religion de l’État » (art. 2) et si « l'arabe est la langue nationale et officielle… et celle de l’État » (art. 3), « [le] tamazight est également langue nationale et officielle » (art. 3 bis). Le tamazight (berbère) est ici oublié.

Les cours sont ouverts à tous les enfants, quelle que soit leur nationalité ou leurs origines familiales, alors que l'ancien texte du 1/12/1981 jusqu'à présent en vigueur était à l'intention des élèves algériens en France. « La mise en place de cet enseignement est assurée par les autorités françaises en coopération avec les autorités algériennes compétentes. » En réalité, c'est l'Algérie qui recrute et rémunère les enseignants (art. 11 et 12). Ce n'est certes qu'un enseignement supposé « facultatif, accessible à tous les élèves volontaires [du primaire] après accord de leurs représentants légaux » et « organisé au-delà du temps scolaire obligatoire ». Mais les « outils pédagogiques pourront faire référence à des éléments culturels, notamment algériens, adaptés à l'âge et à la diversité des élèves » (art. 6). Certes, ces enseignants sont censés respecter les règles françaises de laïcité et neutralité (art. 1er), mais ce sont les autorités algériennes qui ont seules le pouvoir de sanction disciplinaire (art. 14). Et est-ce que l'hymne algérien fera partie desdits « éléments culturels, notamment algériens » ? [« Ô France ! le temps des palabres est révolu, Nous l’avons clos comme on ferme un livre Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes, Prépare-toi ! voici notre réponse, Le verdict, notre révolution le rendra, Car nous avons décidé que l’Algérie vivra, Soyez-en témoin ! »]

La Constitution française est-elle respectée (à défaut de respecter la décence politique) ? Selon l'art. 53, « les traités [...] qui engagent les finances de l'État [...] ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu'en vertu d'une loi ». Au Conseil constitutionnel, donc, de décider si la mise à disposition de fonctionnaires étrangers de locaux construits, entretenus, équipés, chauffés, éclairés, assurés et surveillés par l'État français engage ou non les finances de l'État. Et, donc, si le décret est nul.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 24/06/2022 à 9:55.
Henri Temple
Henri Temple
Henri Temple est universitaire, juriste, théoricien de la Nation (auteur de :  Essai sur le concept de ‘’Nationisme’’, Sphairôs, 2024)

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Et le breton , le corse , le basque , l’occitan , l’alsacien , etc … ? On donne à un ennemi de la France (Cf. l’hymne national algérien) , bien plus qu’à ceux qui ont construit notre Patrie …
    Macron , c’est le camp de l’étranger hostile à notre pays .

  2. Le terme du titre est très approprié , on va « labourer » , puis « semer » et ensuite « récolter » , en espérant pour ma part que la récolte sera mauvaise (rires)

  3. Qu’avons nous à faire de l’enseignement de l’arabe en France , fût t’il à la charge financière de l’Algérie ? Il y a des Écoles privées pour ça ! Incompréhensible , une fois de plus ! Macron est plus que * Nuisible * , il est * Toxique * !

  4. Avant de parler l’Arabe, il conviendrait (en France) de s’exprimer correctement en Français.
    Cela étant, pour comprendre toutes ces dérives contraires au bon sens, il convient de se référer au sieur Chirac, pour qui la France ne devait pas être un terre chrétienne.
    Quant à Macron, le repentant professionnel, rien à en attendre pour la France.

  5. Il est vrai que, pour l’entrée en 6ème, afin de se mieux comprendre entre co-collégiens, il est préférable de parler arabe que de connaître la table de multiplication … puisqu’aussi bien le smartphone nous dispense , et du Français (correcteur d’orthographe sinon de syntaxe), et du calcul (calculatrice intégrée).

  6. Et si l’on exigeait la suppression des mentions offensantes de la France dans l’hymne algérien comme précédent tout accord et dénonçant les accords d’Evian?

  7. Étonnant que des accords entre ces deux pays puissent se réaliser. l’actualité du passé nous le démontre et pour sure, çà ne peut que s’aggraver en cause bien des domaines. Assez de faire de la soumissions, la réalité nous le sanctionnera tôt ou tard.

  8. Les « colons » n’auront même plus à apprendre la langue du pays conquis. Leur langue maternelle leur sera enseignée officiellement sans le truchement des paraboles télé orientées vers l’orient .N’est elle pas belle la vie !

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