Entre déchristianisation et matérialisme : en quoi croient les Français ?

Ecole crétoise, XVIIe siècle © CC0 Paris Musées : Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Ecole crétoise, XVIIe siècle © CC0 Paris Musées : Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Selon un sondage Ifop publié ce mardi 29 octobre par Famille Chrétienne, un nombre croissant de Français se dit ouvert à l'idée d'une vie après la mort. Cette croyance, qui gagne particulièrement en popularité chez les jeunes, témoigne-t-elle d'un retour à la spiritualité ou relève-t-elle d'une nouvelle tendance consumériste ?

« Plus de la moitié des Français continuent de s’interroger » sur l’existence d’un Au-delà. En effet, 29 % des sondés déclarent n’avoir « aucune certitude », mais se disent ouverts à cette possibilité. Un chiffre en augmentation depuis les années 1970 où ils n’étaient que 16 % à se questionner et 47% à être convaincus que rien ne les attendait après la mort.

Une déchristianisation constante

Mais si cette ambiguïté augmente ces dernières années, rappelons qu’ils étaient 37 % à croire en la vie éternelle en 1970, contre 32% aujourd’hui. Une proportion qui ne chute pas drastiquement, mais qui connaît une diminution constante. De plus, ces nouvelles données ne traduisent pas nécessairement un retour à une vie spirituelle active, en témoigne la pratique religieuse chez les Français d’aujourd’hui.

Jérôme Fourquet l’exprimait au micro de France Inter ce vendredi 25 octobre : « La messe dominicale a été remplacée par la virée chez Ikea ». Si l’expression n’est pas à prendre au pied de la lettre, la plupart des magasins IKEA étant fermés le dimanche, comme l’ont fait remarquer nos confrères de Libération, la sentence n’est pas dénuée de sens. Dans les années 1960, environ 35 % des Français se rendent à la messe tous les dimanches ou plus. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 4,5%. La tendance s’observe dans la plupart des rituels religieux catholiques comme la diminution de la mise en terre au profit de l’incinération qui est aujourd’hui pratiquée à 43 %, ou encore le recueillement sur la tombe ou l’urne d’un proche qui n’est plus pratiqué que par 42% de la population. La visite des cimetières tombe lentement en désuétude - y compris l'unique visite annuelle de la Toussaint.

Une nouvelle forme de « spiritualité »

Certes, la croyance religieuse traditionnelle diminue de façon générale au sein de la société française, mais on observe cependant une part importante de jeunes qui s’ouvrent à la question de la vie après la mort, souligne Famille Chrétienne. Ainsi, 44 % des moins de 35 ans affirment croire en l’Au-delà, contre 27 % des plus de 35 ans. Une augmentation qui concorde avec une évolution des croyances. Sorcellerie, marabout, croyances occultes... L’engouement autour de ces pratiques ne fait qu’augmenter ces dernières années. 59 % des Français auraient au moins une croyance occulte, allant de la superstition à la sorcellerie, d’après un sondage Ifof publié en 2023, et 8 % croiraient en la réincarnation.

Chez les jeunes, ces croyances ont le vent en poupe, et se diffusent grâce aux réseaux sociaux. De plus en plus ils font appel aux voyants pour entrer en contact avec leurs défunts, ou s’adonnent au spiritisme. Quant à l’astrologie, elle n’a jamais été aussi prisée qu’au sein de la jeune génération, friande de concepts au « marketing » alléchant. Il est de plus en plus courant chez les jeunes de faire des choix en fonction du calendrier lunaire ou de son signe astrologique. Certaines applications de rencontre comme Kosmic ou Moonz en font même la promotion, permettant à leurs utilisateurs de trouver le partenaire au signe le plus « compatible ». Des croyances qui évoluent au fil des modes et que certaines personnalités utilisent à but lucratif, comme des séances de medium ou des cérémonies de purification.

En somme, le regain de croyances spirituelles observé en France, notamment chez les jeunes, habitués à la consommation et sensibles aux effets du marketing (selon les sondages, ils font plus de shopping, prennent davantage l’avion que la moyenne), semble s’inscrire dans une dynamique consumériste où la foi devient un objet que l’on pourrait « acheter » et qui évolue au gré des modes. Si le sondage de Famille Chrétienne peut donner quelques raisons d’espérer, rien ne garantit pour autant que les églises se rempliront demain.

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