Entre égoïsme énergétique et solidarité européenne, les Français sont sommés de choisir !

Les mauvaises nouvelles énergétiques se suivent et se ressemblent au point qu’on pourrait croire à une communication synchronisée entre l’exécutif français et le pouvoir russe. Parallèlement aux discours anxiogènes du président de la République et de son Premier ministre nous annonçant, pour l’hiver prochain, restrictions et sobriété, Vladimir Poutine multiplie les signaux négatifs dont les justifications ne trompent personne. Entre l’arrêt pour maintenance du Nord Stream 1 et la suspension complète des livraisons de gaz au français Engie pour « impayés de gaz non reçu », le maître du Kremlin a décidé de jouer avec les nerfs des Européens. Ses menaces ponctuelles se traduiront inexorablement en arrêts prolongés, cet hiver, lors de possibles périodes de grand froid. Les sanctions ne s’avèrent finalement pas très efficaces et ne mettront pas l’économie russe à genoux, comme en rêvait Bruno Le Maire : « Tel est pris qui croyait prendre », diront les plus cyniques !
Une stratégie destinée à semer le trouble et la division entre Européens dont les dépendances gazières vis-à-vis de la Russie sont très hétérogènes. Le gaz représente, en France, 17 % de la consommation d’énergie primaire et seulement 18 % sont importés de Russie. Autrement dit, le gaz russe ne compte que pour 3 % de la consommation française d’énergie. Si la dépendance de certains pays du Sud comme l’Espagne et le Portugal est encore plus faible, pour d’autres, le pourcentage a de quoi effrayer. Les trois petits pourcents français montent à 15 % pour l’Allemagne, à 18 % pour l’Italie et à 19 % pour la République tchèque. S’il est possible de trouver des leviers acceptables pour diminuer à court terme sa consommation énergétique de 3 %, la réduire de 15 % à 20 % est impossible, sauf à plonger sa population dans la pauvreté absolue.
La réponse à la stratégie machiavélique de Poutine ne peut donc reposer que sur la solidarité européenne. En pratique, cela signifie que les Français devront se serrer la ceinture pour que les Allemands, les Italiens ou autres Tchèques puissent éviter un hiver cataclysmique. Séduisante sur le papier, cette stratégie est hautement risquée sur le plan politique et social. Cela promet un débat plus qu’animé dans l’Hémicycle entre macroniens europhiles défendant la solidarité européenne et nationalistes europhobes considérant que le citoyen français ne doit pas être la victime collatérale de stratégies énergétiques défaillantes reposant sur des décisions purement idéologiques déconnectées de tout pragmatisme.
Chroniques d'une mort annoncée
On pense, évidemment, aux résultats catastrophiques de l’Energiewende allemande qui, contrairement aux attentes, n’a pas remplacé le nucléaire par des renouvelables mais a appuyé la montée en puissance des renouvelables par le gaz naturel et le charbon. Cette stratégie suicidaire, qui s’est notamment matérialisée par la construction des deux gazoducs Nord Stream 1 et 2, a accru de façon inconsidérée la dépendance allemande au gaz russe. Dans ce jeu de dupes, certaines ONG écologistes allemandes ont joué un rôle particulièrement funeste avec un double lobbying antinucléaire et anti-gaz de schiste en partie financé par Gazprom. Un schéma quasi similaire est en train de se dérouler en Belgique. Pour des raisons purement électoralistes datant de 2002, la Belgique s’est engagée à sortir du nucléaire (50 % de sa génération électrique actuelle) à l’horizon 2025.
Dans cette guerre du gaz et de l’électricité, la France était, pour une fois, en position de force grâce au poids de sa génération électrique nucléaire. Malheureusement, au cours des derniers mois, est venue se greffer la « presque catastrophe du nucléaire français ». En moins de six mois, la moitié du parc nucléaire français a été arrêtée pour de multiples pannes et défauts résultant d’un manque flagrant de maintenance et de personnel qualifié. Chronique d’une mort annoncée selon Jean-Bernard Lévy, le patron d’EDF. Lors des journées du MEDEF, il a rappelé sans concession que la stratégie énergétique imposée par les deux précédents quinquennats reposait sur la fermeture de 14 réacteurs entre 2020 et 2035 : « Fermer les centrales est toujours le texte en vigueur. EDF n’a donc pas embauché des gens pour maintenir et construire mais des gens pour fermer. On manque, pour cette raison, d’équipes formées ; il faut trois ans pour former un soudeur ou un tuyauteur. »
Moins visibles, les choix français résultent de la même logique que les stratégies suicidaires allemandes et belges : des gages électoralistes irresponsables donnés aux écologistes. L’Europe en paye aujourd’hui le prix fort.
Quoi qu’il en soit, la France, qui a toujours été largement exportatrice d’électricité, a aujourd’hui besoin d’en importer massivement à travers la grille européenne. Sauf à ce que les réacteurs soient rapidement redémarrés, la situation déjà catastrophique aujourd’hui (10 GW importés, sur seulement 50 GW de consommation) ne pourra qu’empirer au cours des mois d’hiver (pic compris entre 80 GW et 90 GW, généralement atteint en janvier/février). Fortement dépendante de ses voisins en termes d’électricité, la France n’aura d’autre choix que de partager son gaz avec eux.
Pénuries et blackouts en vue, prix stratosphérique du gaz et de l’électricité, on comprend aisément les interventions anxiogènes d’Élisabeth Borne et d’Emmanuel Macron. En revanche, leurs explications hypocrites ont de quoi révolter : ce sont bien leurs choix énergétiques erronés et non une quelconque défense de nos valeurs démocratiques à travers le conflit ukrainien qui nous ont conduits à ce désastre. Admettre publiquement ses erreurs n’a jamais été le fort des politiques !
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51 commentaires
Nous avons tous les atouts pour être autonomes et nous payons plus cher que d’autres pays qui n’ont pas adopté la même stratégie. Où va l’énergie? Chez les autres et vendue moins chère qu’aux Français
Heureusement que, comme certains le prétendent, nous avons un « Mozart de la finance » à l’Elysée. Est-il possible d’être plus nul ?
La décision d’abandonner le nucléaire court toujours (voir ce que dit le Président d’EDF). Et Aligner le prix de l’électricité sur celui du gaz est une hérésie qui nous coûte cher. Vive l’Europe ! Nous sommes gouvernés par des décideurs inconséquents et en disant « inconséquents » je suis aimable…
Zemmour était le seul à avoir rappelé que fermer Feisseheim était une folie.
Idem pour cette injonction faite à EDF de vendre son électricité à bas prix pour la racheter à un prix très élevé
Mais les médias se sont chargés de le discréditer. Avec succès.
Les lobbys ecolos ont un poids politique proportionné qui conduit le gouvernement à prendre des mesures contraires à l’intérêt général.
D où sans doute les décisions prises en conseil de défense couvert par le secret et donc à l’abri des critiques.
La question est jusqu’à quand les français accepteront ils de se laisser maltraiter ?
Zemmour et Dupont-Aignant sont les seuls à avoir dit des vérités. C’est dommage, car d’habitude, les Communistes étaient aussi des partisans du nucléaire. Quant à Macron, c’est un ignare qui suit l’Europe (et les Etats-Unis) dans toutes leurs aberrations, et madame Borne, qui était compétente, a été la cheville ouvrière de la fermeture de Fessenheim. Pour elle, c’est impardonnable. Voila des fautes que l’on aimerait voir sanctionnées par la Cour de Justice de la République, si elle existait encore !
Zemmour n’était pas le seul , MLP avait aussi dénoncé cette fermeture.
Tout cela est tellement nul que l’on a du mal à croire que des intelligences supérieures soient derrière de telles stratégies !
A moins que ce ne soit juste la volonté de gouverner par la peur (stratégie du choc )
Maintenant je comprend mieux pourquoi nous allons souffrir cet hiver ! Il va falloir aider nos amis Allemands, Italiens, Tchèques à passer un hiver « doux » !! Merci de ces éclaircissement, Monsieur Charlez.
Par contre, pourquoi et sans vouloir le dédouaner, parler de « stratégie machiavélique de Poutine » ? L’Europe lui a déclaré une guerre à outrance, pourquoi voulez-vous qu’il réagisse en ouvrant à fond les robinet du gaz ? C’est de bonne guerre si j’ose m’exprimer ainsi !
Entièrement d’accord ave c vous au sujet de Poutine et pour le reste aussi
Monsieur Poutine n’est pas » machiavélique » c’est un stratège, un joueur d’échecs, et en face il n’y a que des joueurs de pocker, menteur en plus !
Sieur Charles, vous oubliez le diesel. Nos stocks et stocks européens sont au plus bas et les prix au plus haut. Comment ceux qui se chauffent au fuel feront-ils ? Et comment les « bouseux » , dont je fais partie, feront-ils pour se déplacer ?
Merci monsieur Charlez démontre s’il le fallait l’incurie des précédents gouvernements et de celui d’aujourd’hui ainsi que des écologistes rouges. Leur vision étriquée nous a mené droit sur le mur. Mais évidemment ce n’est point leur faute. Les allemands ont fait un choix, nous ne devons point les aider. Le feraient -ils pour nous. J’en doute.
S’il n’y avait que sur l’énergie que nos politiques sont minables.
Nous sommes aux mains de minables sur tous les tableaux.
La faute à qui? A ceux qui pleurnichent maintenant. Basta!
Les choix énergétiques pour complaire aux écologistes écervelés ont été certes lamentables, mais le suivisme de toutou des sanctions contre la Russie décidées par les seuls USA est un suicide, Orban a raison de dire que l’europe s’est tiré une balle dans les poumons.
C’est formidable, on a même réussi en déconsidérant le diesel à le vendre plus cher que l’essence. Un formidable coup de massue pour nos agriculteurs, notre industrie et l’aéronautique. Bravo les écolos !
Elle s’est tiré une balle dans la tête, mais la balle a du mal à trouver de la cervelle :
Je choisis l’égoïsme.
la solidarité mono-sens n’est pas de la solidarité. Au point de vue énergétique, les allemands sont des adversaires. Avec leurs folies « grünen » ils nous pollue avec l’air vicié de leurs centrales à charbon. Ils ont pour objectif (avec la complicité perverse de nos gouvernants successifs ) de détruire notre filière nucléaire (et EDF. Projet HERCULES) et nous refiler (à l’aide des mêmes complices) leurs éoliennes inefficaces et polluantes, accompagnées de centrales à gaz (tout aussi polluantes ) sans oublier de nous revendre (cher) le gaz russe (nordstream2). C’est eux qui ont fait indexer le prix de l’électricité au prix du gaz.
Non ! La France première servie. Revendons le surplus d’électricité à prix allemand.
comme on dit par chez nous…!!! .si on s était occuper de nos oignons et non d un probléme de voisinage entre Russes et Ukréniens qui ne nous regarde pas….nous n en serions pas la …..c.q.f.d
Si si, nous y serions. Macron et se copains ont pour projet de tout détruire . surtout ce qui fait la force de la France.
Le plan machiavélique ne vient pas de Poutine mais tournez votre regard vers l’ouest : le grand gagnant sera Biden au dépend de ses vassaux de l’UE.
II nous vendra son gaz de schiste (on n’entend plus le refrain du CO 2), si guerre il y a il suffira qu’il se mette au balcon pour assister à l’effondrement de l’Europe.
Et pourrait perdre au passage l’hégémonie de son pays sur le monde…. En face les BRICS sont nombreux, soudés et bien armés.
Tant que la minorité écolo se prostitura auprés des partis majoritaires pour faire basculer les élections, la France sera l’otage de ces gauchistes fortunés ! Par ailleurs, assez de culpabiliser les français seuls nos gouvernants sont responsables de cette situation dictée par l’UE ! Ils devront payer l’addition !
Ces pitoyables clowns ne font plus guère illusion, malgré leurs mensonges éhontés et leur fuite devant leur responsabilité pleine et entière quand à l’état de nos filières énergétiques. Pour autant, je pense qu’aider nos « chers voisins Teutons » afin qu’ils ne se « caillent pas les meules » cet hiver me parait être pour le moins candide, pour ne pas dire idiot. Quand « Mutti » nous faisait la leçon, mettait à sac la « belle » union européenne pour son plus grand bénéfice, et utilisait comme toutou obéissant macrounet, avoir froid l’hiver n’était pas sa préoccupation première. Mais voilà, un certain Vladimir a montré les dents et les pantins européens (teutons compris) nous ont foutu dans la mouise. Caillez-vous bien outre-Rhin, cela vous rabattra un peu le caquet. Et puis, voyez vos problèmes avec vos « grunen » !!
Oui, et surtout qu’ils aillent demander des comptes à Mme Von Der Layen.
Rien à ajouter, sauf peut-être « et si on se mêlait de nos oignons en Ukraine… »
L’égoïsme c’est plutôt du côté allemand et USA , nous, on va encore jouer les « solidaires » en donnant notre part de gaz aux allemands pour soutenir leur industrie dominatrice; et puis quoi encore? La défense des intérêts du peuple France d’abord avant celles de Macron!