Entre le pape François et Emmanuel Macron, rien ne va plus

Emmanuel Macron et le pape François en Italie en juin 2024. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
Emmanuel Macron et le pape François en Italie en juin 2024. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Le samedi 7 décembre prochain aura lieu, à Paris, la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Cinq ans après avoir été ravagé par les flammes, l'édifice entièrement restauré accueillera à nouveau du public. Le lendemain, à 10h30, l'archevêque de Paris, Monseigneur Laurent Ulrich, présidera la messe inaugurale durant laquelle aura lieu la consécration de l’autel. Pendant deux jours, tous les regards seront tournés vers le vénérable édifice. Tous, excepté celui du pape François. Ce week-end là, le souverain pontife a d’autres obligations. Il a organisé un consistoire ordinaire public pour la création de nouveaux cardinaux. Après avoir martelé « Je n'irai pas à Paris », il s’est trouvé une échappatoire.

Son absence pose question. D'autant plus que la cathédrale Notre-Dame de Paris n’est pas une église comme les autres, elle est emblématique du catholicisme européen. Le fait que le pape ne se déplace pas pour l’occasion apparaît inexplicable et incompréhensible. À l’Élysée, cela a aussi été source de crispation. Au plus haut sommet de l’État, on ne s’attendait pas à un tel refus.

Incident diplomatique

Le choc de l’annonce passé, Emmanuel Macron, tout comme les évêques de France, a fini par se faire une raison. Sa frustration a été ravivée par l’annonce de la possible venue du chef de l’Église en Corse, le 15 décembre, soit une semaine, seulement, après l’événement parisien. Selon plusieurs sources proches du Président relayées par Le Monde, ce dernier aurait très mal pris le fait que le pape envisage une visite en Corse. Il aurait même fait part de son agacement au cardinal Bustillo.

Que signifie cette démarche papale on ne peut plus étonnante ? Faut-il comprendre qu’à ses yeux, le colloque sur la religiosité populaire en Méditerranée organisé par Monseigneur François-Xavier Bustillo, l’archevêque d'Ajaccio fraîchement créé cardinal, a plus de prix que la réouverture de Notre-Dame de Paris ? Pas exactement.

Selon Le Point, le pape François verrait l’inauguration de la cathédrale comme un événement mondain et politique, plus que comme un événement religieux. Il ne souhaiterait pas s’associer à cela. Un cardinal proche du souverain pontife a également confié à nos confrères du Figaro que le pape ne voulait pas être la « guest-star » du président de la République française. Pour le pape, Emmanuel Macron utiliserait l’événement à des fins politiques, pour faire briller la France à l'international, mais surtout pour attirer la lumière sur sa propre personne.

Comment lui donner tort alors qu’Emmanuel Macron a fait des pieds et des mains pour parler à l’intérieur de l’édifice religieux et qu’il a fallu beaucoup d’insistance pour le faire renoncer ? Pour rappel, il avait aussi imaginé une séquence très symbolique et télégénique où il remettrait la clef de Notre-Dame à Monseigneur Laurent Ulrich. Une requête également refusée par le prélat. Depuis cinq ans, le chef de l’État a fait de ce chantier son grand chantier. Au lendemain de l’incendie, il s’est placé en sauveur de la cathédrale en annonçant qu’elle serait rebâtie en un temps record. Maintenant que le défi est relevé, il semble vouloir en retirer toute la gloire. Le souverain pontife ne souhaite visiblement pas assister à cela, ni que sa présence serve de caution.

Visite religieuse, oui ; d'État, non

Ce n’est apparemment pas la seule chose qui froisse le pape. Bien qu’Emmanuel Macron se plaise à tutoyer le souverain pontife et à faire état de leur proximité, les deux hommes semblent de moins en moins en phase. L'inscription de l’IVG dans la Constitution et l’ouverture du débat sur la fin de vie ne sont pas du goût du pape. Son absence pourrait être une façon de le souligner. Lors de sa venue à Marseille, à l’occasion des Rencontres méditerranéennes, en septembre 2023, le Saint-Père avait d’ailleurs mis l’accent sur ces deux thématiques dans son homélie en parlant du « tragique rejet de la vie humaine ».

À tous points de vue, le pape François reste dans sa ligne. Comme lors de son dernier déplacement sur nos terres, il ne fait pas à la France d’Emmanuel Macron l’honneur de sa présence. Il refuse à la fille aînée de l'Église une visite d’État et ne répond qu’aux invitations de cardinaux qu’il a créés : à Monseigneur Jean-Marc Aveline, pour son déplacement à Marseille, et à Monseigneur François-Xavier Bustillo, pour le voyage en Corse. Certains y verront une manière de remettre l’église au centre du village et Emmanuel Macron à sa place.

Vos commentaires

70 commentaires

  1. On reconnaît l’arbre à ses fruits.
    L’un était banquier puis ministre de l’ « économie » hum hum 3000 milliards après, puis président à 40 ans, ses fruits aujourd’hui pour notre France ne sont pas fameux, plutôt même à pleurer.
    L’autre est pape, avait 41 ans déjà quand le premier est né, et a probablement compris qui est Macron. De la hauteur de sa charge de pasteur de 1.4 milliard de catholiques, il rend à Macron et à son système anthropo-destructif la monnaie de sa pièce.
    Il y a foule d’exemples concrets, mais les deux plus significatifs sont l’inscription de l’IVG dans la Constitution et le projet sur l’euthanasie, après avoir constitué une Convention citoyenne qui a émit des pseudo-réponses dans le sens de ce que voulait son instigateur.

  2.  » guest star  » dites vous dans le sabir à la mode …
    Le vocable  » invité d’honneur ne vous convient donc pas ?
    Il y a dix mn j’ai adressé ce commentaire.
    Aussitôt effacé ?
    Vous autres journalistes êtes-vous donc devenus des intouchables dont le français ne saurait essuyer aucune critique ?

  3. Macron s’était imaginé que parce qu’il se permettait de tutoyer le Pape, voire de « lui taper sur le ventre », il pourrait aussi s’en servir pour se mettre en scène. Il voulait prendre la parole à l’intérieur de l’édifice alors que depuis près de 1000 ans aucun dirigeant même un roi ne s’etait permis jamais de le faire, il voulait « remettre les clés » de la cathédrale à son évêque (qui ne les avait jamais perdues), peut-être meme imaginait-il qu’il se ferait ceindre la tête d’une couronne impériale sous les applaudissements de François ? Pourquoi pas, avec un tel mégalo, on peut s’attendre à n’importe quoi.. Vous savez, Audiard a dit que « certains osent tout »…

  4. Quel est le plus Woke LGBT des 2 ?
    En fait, il semblerait d’après certains échanges et article que ce soit E. Macron. Le Pape n’est pas pour le transgenre, pas pour changer de sexe et communier ! ! !
    Dans l’Histoire de la Chrétienté, il y a déjà eu 2 Papes, ceux en France à Avignon et à Rome Vatican….
    Le Wokisme LGBT pourrait mieux se trouver en Avignon ! Ce n’est pas un voeux, mais plus logique de dissidence…
    NTDP de Paris doit rester Chrétienne et Catholique de plus, même si les Protestants peuvent s’y joindre, mais pas le Wokisme LGBT. Eux peuvent s’installer dans d’autres lieux de Culte, leurs Temples, hors les lieux Catholiques

  5. Serait-ce que le pape en ait retrouver pour mettre à la bonne place . Un bon point toutefois pour ce pape plutôt wok , mais il a encore du boulot pour longtemps , très longtemps . Que cet élan de courage momentané soit pérenne et soit communicatif au reste du clergé à travers le monde afin d’éviter la fin du catholicisme

  6. Excellent, ce Pape me surprend: en fait il est pas mal du tout!!!!!!
    Moi qui le trouvait énervant! Chapeau, il se range à nos côté, nous les Cathos que petit M méprise!!!
    Un grand merci, Très Saint Père.

  7. Notre pauvre petit roitelet il a reçu une fessée par le Souverain Pontife. Mais je me demande si il s’en rend bien compte.

  8. Les corses forment un peuple attaché aux valeurs catholiques. Le Pape a entièrement raison d’ignorer une nation qui a renié sa foi.

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