Entre LR et LREM, Édouard Philippe, à défaut d’être roi, se veut faiseur de rois

édouard philippe

« À quoi joue Édouard Philippe ? », s'interroge Le Parisien, dans la perspective de l'élection présidentielle. Il émet des hypothèses : l'ancien Premier ministre a-t-il des ambitions personnelles ? Cherche-t-il à se placer pour 2027 ? Sera-t-il fidèle à Macron ou le trahira-t-il ? Et si Édouard Philippe restait tout simplement fidèle à lui-même ? Pas besoin de s'inventer un nouveau personnage : ce boxeur amateur, qui rêvait de devenir footballeur professionnel, joue à la fois perso et collectif.

Pour le moment, il prépare la sortie de son dernier livre, Impressions et lignes claires, coécrit avec Gilles Boyer, juppéiste lui aussi, qui fut son conseiller politique à Matignon. Avec une « promotion musclée », selon Le Parisien : publication des bonnes feuilles, une matinale radio, un passage dans l'émission « Quotidien », des entretiens dans un grand hebdomadaire et dans un quotidien national, et même le magazine Elle. D'autres livres seraient en préparation. De quoi entretenir le suspense !

D'après les sondages, Édouard Philippe culmine dans les cotes de popularité, recueillant plus de 50 % d'opinions favorables, chez les sympathisants de droite, où il est devenu plus populaire que Sarkozy, mais aussi à gauche. Il est vrai que, lorsqu'on n'est pas aux affaires, il est plus facile de se faire apprécier. On pourrait ajouter, si l'on était mauvaise langue, qu'il tire avantage de la comparaison avec son successeur. La médiocrité de Jean Castex le rehausse dans l'opinion : au royaume des aveugles, c'est bien connu, les borgnes sont rois.

Édouard Philippe sait qu'il est incontournable, à condition de ne pas tomber dans l'oubli. Il a toutes les qualités pour favoriser l'union des Républicains et d'En Marche !, le moment venu – du moins, au niveau des appareils ; pour les électeurs, c'est une autre affaire ! Et ce moment approche, avec les élections régionales, puis la présidentielle. Qui pourrait, mieux que lui, concocter une alliance au second tour ? Il se verrait bien comme un arbitre dans les matchs à venir. Non qu'il soit impartial mais, appartenant aux deux camps, il peut jouer au-dessus de la mêlée et, à défaut d'être roi, se présenter en faiseur de rois.

Pour les régionales, c'est bien parti ! Il est pratiquement acquis que les Républicains s'allieront, au second tour, avec les Marcheurs pour s'opposer au candidat du Rassemblement national. Jean-Claude Gaudin, l'ex-maire de Marseille, interrogé, le 30 mars, sur France Info, a estimé qu'un rapprochement au premier tour serait maladroit, mais s'y est montré tout à fait favorable pour le second. Édouard Philippe, nous apprend Le Parisien, a promis de se rendre en Provence-Alpes-Côte d'Azur pour y soutenir Sophie Cluzel. tête de liste de la majorité présidentielle. Parions qu'il sera le parrain d'une alliance LR-LREM si, comme les sondages l'indiquent, la liste RN l'emporte au premier tour.

Les régionales, c'est pour se mettre en appétit. L'important, c'est l'élection présidentielle. Sur France Info, Christian Jacob, le patron des Républicains, « n'écarte aucune hypothèse sur les candidats », y compris un ralliement à Xavier Bertrand – qui avait emporté les Hauts-de-France grâce au retrait des socialistes. Il estime qu'« Emmanuel Macron est le plus mauvais candidat pour affronter le Rassemblement national ». Battre Marine Le Pen, c'est son objectif premier ! Comme Xavier Bertrand, il est à parier que, si Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont les deux finalistes, il apportera son soutien au second. Édouard Philippe viendra bénir leur union.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois