Entre Paris et Alger, le torchon ne brûle plus, il est carbonisé

TEBBOUNE
Il va bien finir par se consumer totalement à force de brûler. Pourtant, ils étaient euphoriques. Le séjour du haut responsable Algérien Saïd Chengriha à Paris s’était « extrêmement bien passé ».  D’après le correspondant du Figaro Adam Arroudj, la presse algérienne s’était même montrée euphorique quant à une future coopération militaire et sécuritaire entre Paris et Alger. En bref, la visite d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022, certes décevante au vu du peu d’avancement concret, avait théoriquement ouvert la possibilité d’un déglacement des relations entre la France et son ancien département. Pourtant, ce mois de février 2023 a vu s’ouvrir une nouvelle (on serait tenté d’écrire énième) crise entre la France et l’Algérie. En cause, l’arrestation  à Tunis d’une opposante politique au régime Bouteflika. Cette dernière, Amira Bouraoui était en effet sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire algérien par le pouvoir en place. Interpellée à Tunis alors qu’elle tentait de s’envoler pour Lyon, elle a été remise au consulat français local, occasionnant une nouvelle crise entre les deux États. La militante a pu regagner la France depuis le consulat.

Cette « évasion » a provoqué la colère des autorités algériennes qui ont immédiatement dénoncé une «violation de la souveraineté nationale par des personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité relevant de l’État français», et protesté contre une «exfiltration clandestine et illégale» et un acte «inadmissible et inqualifiable». Une situation qui a conduit la présidence algérienne à rappeler son ambassadeur sur place.

Des relations complexes

Depuis les Accords d’Evian de 1962 scellant la reconnaissance de l’indépendance algérienne, la fuite dramatique des Français d’Algérie condamnés à choisir entre « la valise et le cercueil » dans un contexte de massacres de civils et de harkis, la France et l’Algérie essayent de panser leurs blessures et de coopérer davantage… Mais trop souvent à sens unique. Ainsi, les ressortissants algériens bénéficient d’un traitement de faveurs dans l’obtention de visas pour la France mais se font rarement accorder de visas lorsqu’ils font l’objet d’OQTF de la part de la France. En 2021, l’Algérie n’a accordé qu'une trentaine de laissez-passer consulaires alors que l’Intérieur affirme que 7 735 obligations de quitter le territoire ont été émises contre des ressortissants algériens en 2021. Des chiffres contestés par Alger, qui accuse la Place Beauvau de « mentir ». Le ministère de l'Intérieur les maintient pourtant. Comme le dit l’historien Jean Sévillia, c’est « un rare exemple d'un peuple choisissant d'aller vivre auprès de ses prétendus tortionnaires » !

Les limites de l’en même-temps macronien !

Il faut dire qu’en matière de cap diplomatique, la France a toujours été louvoyante sur la question algérienne et d’autant plus à l’ère d’Emmanuel Macron. En témoigne la position ambivalente du Président sur la question de la colonisation. Il avait en effet déclaré en février 2017, que la « colonisation était un crime contre l’humanité » et que la France devait « présenter ses excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avions commis ces gestes ». Pour ensuite demander pardon aux harkis en septembre 2021 sans jamais nommer leurs bourreaux. Bourreaux qui ont été honorés par Gerald Darmanin : le ministre de l'intérieur a déposé une gerbe en novembre 2020 en hommage aux « martyrs » du FLN. Tout ça pour donner une interview au Point en expliquant pourquoi il ne présentera pas d’excuses à l’Algérie...

Ainsi, s’il est légitime de pointer le double-jeu permanent de la diplomatie algérienne qui souffle le chaud et le froid, comment ne pas critiquer aussi la position française ? La France donne l’impression d’être tétanisée par sa propre Histoire tandis que de l’autre coté de la Méditerranée, on en a tellement bien fait le deuil que le pouvoir algérien s’en sert aujourd’hui comme une arme diplomatique et comme instrument d’ordre. C’est l’avantage du bouc émissaire français dont les cornes ressemblent chaque jour davantage à celles des cocus.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Malheureusement seul déclarer la guerre au Maghreb permettrait de prendre conscience des véritables français et je ne parle pas que des musulmans, compte tenu du nombre de traîtres islamo-gauchistes que l’on traîne.

  2. Pourquoi ne pas nommer les choses par leur nom? Les conflits entre Paris et Alger ne sont que des luttes territoriales entre deux familles de la même mafia. Et pas davantage.

  3. Une forte classe de métis, impossible ici, aurait mené à une indépendance à la américaine latine ! Avec le Sahara on risquait de concurrencer les Etats-Unis…..

  4. Tout ce qui est dit dans vos commentaires est juste, et reflète une vérité qui échappe à ceux qui gouvernent (plus ou moins…) ce pays. Mais qui n’échappe pas à ceux d’en face qui possèdent le gaz dont nous allons avoir besoin dans des temps pas si lointains, et quand nos beaux stocks seront bien entamés. On sait que Biden est prêt à nous livrer le sien, ainsi que le pétrole dont nous avons bien besoin également, mais à quels prix…
    Donc ne reste plus à nos guignolos qu’à partir lécher les babouches, et se prostituer sur les mémoires d’histoire auprès de monsieur Tébboune. Et peut-être même lui remettront-ils la militante anti Bouteflika ramenée illicitement chez nous.
    Ils n’en sont plus à une infamie près.

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