Entre paternalisme et suffisance, le manspreading d’Emmanuel Macron

Capture d'écran
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« Cessez de me dire qu’il faut éviter l’arrogance ! Vous me l’avez répété cent fois, j’ai compris », aurait dit avec agacement, dimanche dernier, selon Le Canard enchaîné, le Président-candidat Emmanuel Macron à ses conseillers. Eh bien, non. Il n’avait pas compris. Une cent-unième fois aurait été sans doute nécessaire.

Le mot « arrogance », qui semble formé par la fusion de deux autres, assurance et orgueil, est monté hier soir très vite dans les tendances sur les réseaux sociaux. Un air perpétuellement lassé, un tantinet discourtois pour ceux qui le regardaient, une posture relâchée avec parfois la main en appui sur la tête, un ton de sachant n'hésitant pas à couper la parole… Si Marine Le Pen avait été une femme de gauche, elle l'aurait qualifié de paternaliste et aurait dénoncé son manspreading : sur la banquette du débat, dans le wagon les menant au deuxième tour, il s’étalait, avec l’aisance verbale qu’on lui connaît, et prenait, désinvolte, toute la place.

À l’inverse planait au-dessus Marine Le Pen, le spectre de 2017. La tenue - vestimentaire comme gestuelle - était sobre, la repartie aussi. Un peu trop. On la sentait corsetée dans l’autocontrôle, avec des dossiers, il faut le reconnaître, travaillés et maîtrisés. L’objectif était évidemment de rassurer et d’adopter une posture présidentiable, quitte à décevoir ses militants en renonçant à quelques punchlines ou polémiques faciles - McKinsey n’a été cité qu’une fois en passant -, quitte à sembler manquer de mordant. On peut s’étonner que la candidate n'ait pas plus attaqué le Président sur son bilan, mais ce temps gagné lui a permis, d'un autre côté, d’exposer son programme sereinement. On peut s’étonner aussi que des thèmes aussi cruciaux que la sécurité, l’immigration, l’islamisme ou les institutions n’aient été abordés qu’en coup de vent. Mais au moins l’ont-ils été, avec brièveté mais clarté.

François Hollande voulait être un Président normal, Marine Le Pen veut offrir le visage d’une future Présidente tranquille, pour contrebalancer la rupture qu’elle incarne par nature et qui peut effrayer. Le concept a déjà fait ses preuves : après tout, c’est en faisant sien le slogan de la « force tranquille » que François Mitterrand, un peu dans la même situation, avait triomphé en 1981.

 

 

 

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

167 commentaires

  1. On ne parle que de compétences. Ce n’est pas le sujet puisque Macron n’est pas libre. ll fera ce que ses patrons les mondialistes lui demanderont, si différent de ce qu’il annonce pour meubler le débat.
    J’ai noté deux choses, l’attitude de Marine Lepen sonnait juste, tandis que les mimiques, les attitudes d’Emmanuel Macron avec ses faux airs de pauvre type, sonnaient faux. Son égaux s’est manifesté à ne pas avoir su porter l’estocade à l’adversaire, par son énervement.
    Dominique Durand-Mille

  2. Je n’ai pas regardé le débat qui selon moi risquait d’être semblable à celui de 2017. Il n’y aura pas de surprise dimanche prochain, les jeux sont faits et le résultat ne surprendra (hélas) personne.

  3. « Cessez de me dire qu’il faut éviter l’arrogance ! Vous me l’avez répété cent fois, j’ai compris » . Pas du tout , Macron n’a pas compris , il ne comprendra jamais , c’est un goujat , mal élevé !

    • il ne peut pas comprendre, c’est dans sa nature ! Et comme il est à ses yeux « parfait », pourquoi devrait-il faire un quelconque effort pour changer, s’améliorer ? Vous n’y pensez pas ? Non ce travers, s’il est élu… Il va nous faire payer cher les vérités que nous lui avons servies ! Le premier quinquennat ? Hum, mais le second ? Surtout si c’est un septennat ! l’Horreur totale !

  4. Un débat très ennuyeux,trop de sujets traités en peu de temps,Macron de plus en plus méprisant .D’après le président tous les sujets abordés sont déjà en voie de traitement ,bienheureuse pandémie qui excuse tout,il s’est contenté de sortir des chiffres et d’accuser MLP de vouloir violer la constitution, alors qu’elle a rappelé que cette constitution prévoit le recours au référendum,un dialogue de sourds!
    Il est grand temps d’en finir avec ce débat instauré par Giscard en 1974.

  5. Il faudrait un Face à face Macron-Zemmour, même si c’est pour du beurre, serait le bienvenu, même s’il n’y a pas l’intérêt de faire voter pour l’un ou l’autre….Zemmour Reconquête plus jeune Parti de France et avec le plus d’adhérents, devrait même ayant été éliminé demander sans cesse à débattre avec Macron. Ce débat ne serait que le plus Démocratique comme nous le rabâche ce Pouvoir, alors que des Médias autant subventionnés, c’est limite démocratie….

  6. Bon compte rendu.

    Nous avons tous souffert des mimiques paternalistes et arrogantes du roquet aux abois.
    Et avons tous apprécié le calme et la supériorité morale de MLP.

    Espérons que les urnes seront dimanche prochain le reflet de ces constats.

  7. Elle aurait au moins pu évoquer son « Crime contre l’humanité » en Algérie, de la France sans culture…..Accepter de se faire insulter par son ami Mourad Boudjellal sans réaction. Je trouve qu’elle a été trop passive, sur la réserve, pour rester toujours correcte. elle a manqué de Punch par rapport à l’arrogance, la suffisance de Macron.

  8. j’ai essayé de regarder le débat hier soir , mais au bout de quelques minutes , je n’en pouvais plus , un vrai pitbull ! j’ai admiré le contrôle de M.Le PEN , et très vite , je suis passé à l’écoute radio , pour ne plus le voir…quelle arrogance, quel mépris dans ses yeux ..

  9. Nous avons besoin d’un Chef d’Etat, et ce n’est pas la passivité de MLP sans réaction à chaque interruptions du Président, sans réaction même quand il a accusé de Malhonnête à propos des augmentations de salaires. Il lui a fait la leçon en la boxant, la harcelant à coup de crochets du droit et gauche qui la laissaient silencieuse avec son sourire. J
    Elle m’a déçu comme en 2017. Zemmour avait raison. Elle ne gagnera pas. Je lui rendrai ma carte avec tous mes compliments.

  10. Certes, le débat s’est calmement déroulé mais Macron n’a toujours pas compris, il affiche toujours l’insolence, la condescendance, la suffisance, l’arrogance, le mépris avec de plus, le jeu du bonimenteur de foire. 2 h30 ne suffisent pas pour juger un candidat mais dans le cas présent, on connaît que trop cet olibrius pour l’avoir eu à la manoeuvre 5 ans. On a pu l’évaluer, le juger et le subir, le réélire serait suicidaire. N’oublions pas son bilan catastrophique pour ne parler que de ça…

  11. Il fallait séduire les indécis et les électeurs de Mélenchon. Marine le Pen nous a un peu sacrifié, mais nous en sommes fiers. Avec le style Zemmour, la soirée électorale aurait gagné en animation, mais « ça ne paye pas ». Il faut bien une révolution conservatrice. Formons nos bataillons.

  12. En tout cas en observant la suffisance de Macron lors du débat, l’on devine déjà sur quel ton il parlera aux Français ces cinq prochaines années en cas de réelection!

  13. Finalement, Macron s’est montré, comme d’habitude, prétentieux, donneur de leçons, agressif, traitant son adversaire de malhonnête, refusant d’admettre que MLP a emprunté là où elle le pouvait puisqu’en France elle était traitée comme une malpropre.

  14. Que dire de ce débat : Pas grand chose.
    Les citoyens français vont comprendre, des la proclamation des résultats, aux nombres de drapeaux qui seront brandis sur les Champs Elysée que leur pays est condamné à disparaitre.
    Dés le 25 avril l’embargo, décidé par Bruxelles, sur le pétrole et le gaz russe va nous asphyxier brutalement et ce débat tout comme cette élection nous apparaitront comme un lointain passé qui fut peut être radieux.

  15. En ne parlant pas des casseroles présidentielles (de Benalla à McKinsey) MLP a su faire garder de la hauteur au débat alors que le candidat-président se faisait un malin plaisir à le faire voler au niveau des paquerettes voir à le plonger dans la boue.

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