Entrée, côté jardin, par la Justice, la Macronie sortira-t-elle, côté cour, par la Justice aussi ?

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Macron avait désiré appuyer son pouvoir sur une mise en scène théâtrale parfaitement maîtrisée et entamée dans les décors somptueux légués par l’Ancien Régime. Trois ans plus tard, dans une ambiance tragique, le spectacle vire à la bouffonnerie.

Il ne voulait pas de frontières. Les autres pays, et même les Allemands, les ont voulues pour lui. Alors, ce chantre du « bougisme » a enfermé chaque Français dans les frontières de son logement, lui a interdit de traverser la rue sans impératif, même pas celui de trouver un emploi au bistrot d’en face. Le bistrot est fermé et ses employés au chômage. Face au virus, il y a pourtant une frontière individuelle portative que chaque Français peut emporter avec soi : le masque. Le gouvernement et son administration savaient, depuis 2018, que le stock n’était plus suffisant pour répondre à une crise sanitaire, et il avait laissé fermer, la même année, l’usine bretonne de Plaintel qui fabriquait les FFP2 dont les soignants ont manqué au péril de leur vie. Six jours après avoir repoussé la réouverture du site, les machines étant dispersées, le voici qui passe commande à son fantôme. Ce qui donne l’occasion, au Président, de l’annoncer, comme par hasard, lors d’une visite dans un magasin de la région. Le visionnaire est devenu myope et ne voit plus qu’à l’horizon d’une communication coupée en tranches et dénuée de la moindre authenticité, une communication « officielle » entrelardée de contradictions, d’oublis et de mensonges. Le progressiste lyrique lutte contre l’épidémie du XXIe siècle avec les moyens du Moyen Âge ! Celui qui s’apprêtait à célébrer triplement une année de Gaulle a créé une ligne Maginot d’où il faudra bien que les Français sortent un jour sans avoir été testés alors que 75 % des porteurs sont asymptomatiques !

Arrivé grâce à une irruption judiciaire, il craint maintenant que la Justice ne soit actionnée par les Français pour mettre fin à l’usurpation dont ils se croient de plus en plus les victimes. Ainsi donc, le pouvoir savait que l’épidémie atteindrait la France, contrairement à ce qu’a dit Mme Buzyn au mois de janvier. Il savait que la France n’était pas préparée à y faire face, mais ce n’est que le 20 mars que le nouveau ministre Véran en a fait l’aveu devant l’Assemblée nationale, alors qu’il avait affirmé, le 18 février, que la France était prête et disposait d’un système de santé solide. Le gouvernement a donc menti sur l’absence de masques et des autres vêtements protecteurs, mais aussi sur les capacités d’accueil des hôpitaux, sur les lits de soins intensifs et sur les respirateurs, sur les moyens de réaliser les tests, enfin. Alors, il a fallu inverser la logique médicale qui consistait à dépister les porteurs du virus avant même qu’ils n'aient des symptômes, à les isoler et à les suivre médicalement. On a enfermé tout le monde, déconseillé le masque comme inutile, empêché l’immunité collective, car l’obsession était de ne pas saturer les trop peu nombreux lits d’hôpitaux déjà remplis dans certaines régions. Faute de combattre la maladie avec une stratégie claire, une thérapeutique efficace, on a seulement pratiqué une gestion hôtelière de la maladie, rythmée par les conférences du grand vizir de la santé qui commente la fin progressive de la pénurie plus qu’il n’annonce celle de l’épidémie. Le pouvoir a laissé la frontière ouverte avec l’Italie, laissé se tenir un match de football Lyon-Turin, maintenu le premier tour des élections municipales, alors qu’il connaissait les dangers. Il y a, là, les arguments d’un terrible réquisitoire ! Certes, le Président est intouchable, mais ses ministres ne le sont pas, et s’ils étaient reconnus coupables de mise en danger de la vie d’autrui, c’est le pouvoir tout entier qui serait ébranlé…

Emmanuel Macron s’en est inquiété publiquement, le 31 mars, lors d’une visite dans une usine de masques à Angers : « Toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre sont irresponsables… » Sauf qu’une guerre ne suspend ni la démocratie ni la justice, et que la lutte contre un virus n’est pas une guerre où l’ennemi pourrait tirer parti des débats. Entré, côté jardin, par la Justice, il se pourrait bien que la sortie se fasse, côté cour, par la Justice aussi !

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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