Entreprises locales et Marseillais au chevet de la Bonne Mère

kallerna, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
kallerna, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Après la restauration de Notre-Dame de Paris, c’est un nouveau chantier qui s’ouvre pour rénover l’un des plus grands sanctuaires français, chantier financé en majeure partie par des dons de particuliers et le concours d’entreprises locales.

Très attachés à leur « Bonne Mère », ainsi qu’ils la surnomment, les Marseillais ont en effet largement répondu présents à l’appel au don levé par le diocèse pour redorer la statue de la Vierge. À ce jour, 1,3 million d’euros ont déjà été récoltés sur les 2,8 millions nécessaires.

Une dévotion vieille de 800 ans

Il faut dire que la dévotion des Marseillais pour la Vierge est vieille de plus de 800 ans. Dès 1214, un petit sanctuaire accueillait en effet sur la colline de la Garde les marins rescapés d'un naufrage. Agrandie au fil des siècles et avec le flot croissant des pèlerins, la chapelle est finalement remplacée, en 1853, par la majestueuse église que nous connaissons aujourd’hui, avec son imposante statue de la Vierge dorée, de 12 mètres de hauteur, installée en 1870. Elle accueille désormais plus de deux millions de visiteurs chaque année.

Du haut de la colline de la Garde, la « Bonne Mère » domine la ville à 210 mètres au-dessus de la mer, ce qui la rend visible de la plupart des points de la ville. Du Vieux-Port comme de la gare ou des banlieues, elle n’est jamais loin des Marseillais. « D’où que l’on arrive, par bateau, par autoroute, par les airs ou en ville, on la voit », décrit Anne-Sophie Houzel, économe du sanctuaire, « le cœur de Marseille bat un peu ici. »

La mobilisation massive des habitants et des entreprises locales

Mais après 154 ans de veille du haut de la colline de la Garde, balayée par le vent et les embruns, la statue commençait à perdre son éclat. C’est pour venir à son chevet que le diocèse de Marseille a lancé, en mai 2024, une grande campagne d’appel aux dons afin de rassembler les 2,8 millions d’euros nécessaire à sa restauration.

Construit au départ sur un terrain de la Marine, le sanctuaire a en effet échappé à la confiscation par l’État et demeure une propriété du diocèse, chargé d’en assurer l’entretien.

Si plusieurs grands mécènes ont répondu présents à la campagne, de très nombreux dons viennent de particuliers et sont, dans leur grande majorité, compris entre 5 et 10 euros, signe d’une participation massive de donateurs peu fortunés mais attachés au sanctuaire.

À cette participation populaire s’ajoute le concours de nombreuses entreprises locales, notamment de manufactures qui ont spécialement consacré une création au projet : la célèbre maison Escoffier a réalisé un santon à l’effigie de la Bonne Mère, tandis que la maison Pellegrin & Fils a conçu un médaillon en or et nacre dédié au sanctuaire. Le domaine viticole Château Calissanne a, quant à lui,lancé une cuvée spéciale. Dans cette ville du savon qu’est Marseille, la savonnerie du Fer à cheval a dédié une de ses productions à la restauration. Chacune de ces entreprises reverse une partie de la vente au diocèse pour la restauration de l’édifice.

Pour le financement comme pour la réalisation des travaux, le sanctuaire a misé sur le local : l’entreprise chargée de restaurer la pierre, le fer et le cuivre est localisée à Aix-en-Provence, tandis que l’éclairage de la statue sera remis à neuf par des ouvriers marseillais. Et pour protéger la Vierge de la foudre, c’est une entreprise basée à Aubagne qui a été choisie.

Soutenus par cette foi populaire, les travaux ont pu être lancés le dimanche 2 février dernier, une date symbolique pour les Marseillais, qui assistent chaque année à la bénédiction de la ville par l’archevêque.

Le chantier se concentrera essentiellement sur la restauration de la statue de la Vierge dorée à la feuille d’or et des quatre anges de pierre qui l’entourent. Quarante tonnes d’échafaudages ont déjà été acheminées le 11 février dernier, préalable à ce chantier de grande ampleur.

Rendez-vous le 8 décembre prochain pour la fin des travaux. La Vierge aura retrouvé son éclat, signe de l’attachement intact que lui portent les Marseillais.

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