[ENTRETIEN] Entrisme islamiste dans le sport : « Il faut une règle unique »

Football, basketball, sports de combat... Face à l'islamisme dans le sport, les fédérations demandent de la cohérence.
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Julien Odoul, député RN de l'Yonne, a présenté, ce 5 mars, en commission des affaires culturelles et de l’éducation, un rapport sur les dérives communautaristes et islamistes dans le sport. Fruit d’une « mission flash » menée avec la députée EPR des Français établis hors de France, Caroline Yadan, ce rapport pointe l’urgence d’un cadre législatif clair pour contrer l’entrisme islamiste dans les fédérations sportives. Explications de Julien Odoul pour les lecteurs de BV.

 

Aliénor de Pompignan. Quels éléments ont conduit à la mise en place d’une « mission flash » sur les dérives communautaristes dans le sport ?

Julien Odoul. Plusieurs actualités ont émergé, ces derniers mois et ces dernières années. Il y a eu, bien sûr, le militantisme du collectif des Hijabeuses, qui souhaitait introduire le voile sur les terrains de football, menant d’ailleurs à l’interdiction, à l’été 2023, du port de signes religieux et politiques dans les compétitions de la Fédération française de football. On peut également citer le club de basketball de Noisy-le-Sec, dont les dirigeants ont reçu des menaces de mort, ou encore, de manière plus générale, la banalisation de pratiques islamistes dans le sport, comme le port de collants pour couvrir les genoux et les parties « impures », largement relayées sur les réseaux sociaux. Ces faits nous ont conduits à traiter ce sujet et à proposer cette « mission flash ».

 

A. d. P. Que révèlent les conclusions du rapport sur les dérives communautaristes et islamistes dans le sport ?

J. O. Notre rapport s’appuie sur les enseignements de seize auditions auprès des différentes fédérations, mais aussi du renseignement, de la préfecture de police de Paris et du ministère des Sports. Ce qui en ressort, c’est que l’absence de cadre législatif clair et cohérent constitue une véritable défaillance du monde du sport face à l’entrisme islamiste et communautariste. Toutes les fédérations, qu’elles autorisent ou non le port de signes religieux dans leur règlement intérieur, réclament un cadre législatif clair. Elles souhaitent une règle unique pour que toutes soient logées à la même enseigne et qu’il n’y ait plus, ainsi, les problèmes d’interprétation ou de confusion actuels.

Les sports populaires sont évidemment les plus concernés par ce communautarisme, en premier lieu le football. Sur le terrain, de nombreux problèmes persistent en raison du nombre élevé de matchs, chaque week-end, et de l’absence fréquente d’officiels (20 % des rencontres se déroulent sans officiels pour faire respecter les règles de la fédération). Un autre problème majeur est l’absence de plate-forme dédiée aux signalements de dérives communautaristes. Il en existe bien pour les matchs truqués, les manipulations sportives ou les violences sexistes et sexuelles, mais rien pour ces dérives spécifiques.

 

A. d. P. Quelles sont vos préconisations pour répondre à ces dérives communautaristes dans le sport ?

J. O. Les fédérations demandent un cadre clair auquel elles puissent se référer, sans avoir à légiférer en interne sur leurs pratiques. Si une interdiction nationale du port de signes religieux et politiques ostensibles était adoptée pour toutes les compétitions sportives, cela permettrait une clarification bienvenue. Cette règle ne relèverait alors plus que de la loi et du législateur.

Parmi nos préconisations, nous proposons également la création d’une plate-forme unique de signalement, claire et visible, permettant de remonter de façon anonyme les dysfonctionnements de cette nature. La lisibilité de ces signalements devra s’accompagner de leur publication régulière afin de suivre leur évolution. Nous demandons aussi la mise en place d’un officier de liaison du ministère de l’Intérieur auprès du ministère des Sports, qui pourrait participer à un comité interministériel sur la prévention de la délinquance et de la radicalisation. Nous voulons également renforcer le contrôle d’honorabilité avec les sanctions qui s’y appliquent et accroître la surveillance des établissements sportifs non subventionnés par l’État.

Au Rassemblement national, nous attendons maintenant que la proposition de loi votée par le Sénat le 18 février soit examinée, débattue et votée à l’Assemblée nationale.

Vos commentaires

3 commentaires

  1. La ministre des Sports Marie Barsacq estimé que l’éventuelle interdiction du voile dans le sport amateur, une voie ouverte récemment par le Sénat sur ce sujet très sensible, n’est « pas une priorité » actuellement.

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