[ENTRETIEN] « Nous sommes face à des personnes qui ne sont que dans l’insulte »

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Le Syndicat de la Famille mène une campagne de mobilisation nationale pour faire pression auprès des rectorats contre les contenus des manuels scolaires et les sites internet officiels d’éducation sexuelle, avec la banderole, « wokisme et transidentité : laissez nos enfants tranquilles ». C'est dans ce contexte qu'une de ses militantes a été violemment agressée. Réaction de la présidente du mouvement, Ludovine de La Rochère.

Gabriel Decroix. Que s'est-il passé devant le rectorat d'Aix-Marseille ?

Ludovine de La Rochère. De ce que m’ont rapporté les témoins, Virginie Merlin tenait une banderole et avait les mains prises, la laissant dans une situation totalement vulnérable. Un jeune homme est sorti du rectorat et en passant près d’elle, il l’a insultée de manière très virulente, puis est passé aux coups de poings au visage. C’est donc extrêmement violent et douloureux. Si tant est qu’on puisse expliquer un geste pareil vis-à-vis d’une femme, ce serait le contenu de la banderole qui aurait suscité chez lui de la colère et aurait provoqué cette agression. Ensuite, il s’est enfui et cette femme a été conduite aux urgences dans les plus brefs délais. Il n’y a pas eu d’autres échanges.

Une femme travaillant au rectorat est alors sortie du bâtiment. Ne comprenant pas ce qu’il s’était passé, elle a donné son nom et a dit que le monsieur travaillait au rectorat. Il est difficile d’imaginer qu’une personne travaillant au service de l’Education nationale puisse faire preuve d’une telle violence envers une femme, et qui, en plus, souffre d’un handicap. Nous nous retrouvons ici face à des personnes qui refusent tout échange, toute réflexion, tout débat et qui ne supportent pas ce qui est contraire à leur idéologie. Ils ne sont que dans l’attaque, l’agression, l’insulte.

G.D. Pourquoi cette campagne ?

L.d.L.R. Il y a, à juste titre, depuis des années, une grande inquiétude des parents et des associations sur ce qui est dit aux élèves en matière d’éducation sexuelle. Elle est obligatoire en primaire et en secondaire depuis une loi de 2001 et les contenus d’éducation sexuelle sont souvent dénoncés de manière assez imprécise, peu sourcée, ou de manière non systématique. C’est pourquoi le Syndicat de la famille a mené une enquête sur tous les supports labellisés par l’Éducation nationale et sur les associations agréées ou partenaires de l’Éducation nationale pour l’éducation sexuelle. Il a fait de même sur ce à quoi renvoient les manuels scolaires utilisés tant par les établissements privés sous contrat que publics. Il s’avère qu’une partie de ces contenus n’a rien à faire à l’école et n’a rien à voir avec sa mission : je pense à ces contenus expliquant aux enfants comment trouver du plaisir sexuel, avoir un orgasme, ou trouver les zones érogènes. Les adultes n’ont pas à imposer aux élèves leur vision de la sexualité. Le comble, c'est que c’est totalement contradictoire avec la notion du consentement propre à l’éducation sexuelle. Ils imposent tout un contenu sexuel à des adolescents en dépassant largement le cadre des questions soulevées par les élèves.

L’autre problème est la remise en cause des identités sexuelles : dans les manuels de SVT, il est dit en substance : « ce n’est pas parce que l’être humain est mâle ou femelle qu’il est homme ou femme. » « Si tu t’appelles Léo, tu seras peut-être mieux avec une autre identité de genre en t’appelant Léa. » Cela a été renforcé par la fameuse circulaire Blanquer de 2021. On le retrouve à travers des manuels scolaires, dans certaines pages de SVT qui renvoient vers des sites Internet labellisés par l’État. Ils renvoient aussi vers des supports, des numéros de téléphone d’associations dont les sites Internet posent problème. Elles sont notoirement connues pour être idéologisées, politisées pour porter des revendications sociétales. L’éducation sexuelle est un sujet trop sensible et trop délicat pour être mené par des associations de ce genre. Ce n’est pas la mission de l’école.

G.D. Pensez-vous que vos actions aient une chance d'aboutir ?

L.d.L.R. Nous pouvons penser qu’un certain nombre de ces responsables et de ces parents entendront raison. Nous menons des actions de mobilisation pacifiques et cordiales pour porter les contenus d’éducation sexuelle à la connaissance des recteurs, afin d'en débattre. Cet échange s’est déjà fait dans un certain nombre de rectorats. Nous les présentons aussi aux parents d’élèves. Je pense que c’est par l’intelligence, par le dialogue et par l’exposition irréfutable de ces contenus que l’on pourra faire évoluer les choses.

L'Education nationale et les parents d'élèves ne peuvent pas défendre le fait que sur le site Internet « On sex prime » labellisé par le ministère, il y a un débat sur le sexe tarifé, la prostitution, pour lequel le jeune internaute peut décider librement. Les limites impératives à donner pour des raisons de prudence, de prévention des risques et de danger ne sont pas posées. Ces sites sont parfois contradictoires sur la pornographie : il est tantôt évoqué qu’il est normal et banal qu’un enfant regarde de la pornographie à partir de l’âge de 11 ans, et parfois elle est critiquée. Il y a une large révision de ces contenus à faire.

Je ne dis pas qu’il n’y aura plus d’éducation sexuelle à l’école. La loi de 2001 et le contexte actuel ne sauraient les remettre en cause. En revanche, les contenus en la matière doivent correspondre à la mission de l’école et à la dernière circulaire, de 2018, qui émet des recommandations en la matière.

 

 

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

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