[Entretien] Sébastien Laye : « Les caciques de LR se sont coupés des classes moyennes »

Sébastien Laye

Sébastien Laye, 43 ans, diplômé de HEC, Sciences Po, MIT et licencié en droit, vient d’annoncer sa candidature à la présidence de LR. Une candidature inattendue, après celle d’Éric Ciotti. Entrepreneur dans le domaine du financement immobilier, investisseur dans la technologie, chercheur associé en économie à l’institut Thomas-More, ce Marseillais a travaillé dix ans aux États-Unis. Auteur de deux ouvrages, il écrit régulièrement dans Le FigaroVox, Capital, Front Populaire et intervient à CNews et s’exprime en exclusivité auprès de Boulevard Voltaire. Le vote pour la présidence LR aura lieu début décembre 2022.

Marc Baudriller. Pourquoi vous présentez-vous à la présidence LR. Quel est le cœur de votre proposition ?

Sébastien Laye. Le parti, et au-delà notre famille politique, doit s’adresser à nouveau aux classes moyennes et défendre un modèle de société favorisant leur promotion. Malraux avait coutume de dire que « le RPF, c’était le métro à 6 h du soir ». Nous devons, sur la base de ce qui reste des Républicains, reconstruire une droite populaire défendant les classes moyennes et populaires, cette droite qui réunissait au moins 30 % des suffrages. Nous ne pouvons plus rester dans l’entre-soi, entre nous-mêmes, sans parler à tous les Français. Notre parti doit être celui des classes moyennes, travailleuses et retraitées, afin de défendre ces Français toujours pris pour des vaches à lait par les derniers gouvernements, dont les élites macronistes tournent en dérision les valeurs, le mode de vie et les aspirations. Les parlementaires LR sont proches de ces considérations, mais les caciques du parti, eux, se sont coupés des classes moyennes. Entrepreneur, jamais élu, avec une belle expérience internationale, je serai le seul candidat jamais rémunéré par les impôts des Français, là où mes concurrents ont tous été collaborateurs parlementaires avant d’être élus.

M. B. Faut-il rétablir l’ordre et comment ?

S. B. Ce redéploiement de l’État doit nous permettre de lui redonner ses prérogatives régaliennes. L’été « Orange mécanique » que nous vivons, préfiguré par les écrits de Laurent Obertone, appelle en effet un retour de l’ordre. J’ai autour de moi les meilleurs experts en la matière (ce qu’un pur politique n’aura jamais, puisqu’ils ne discutent que rarement avec les praticiens et les intellectuels et s’en tiennent à des incantations) et le cœur du programme sera une reprise en main des zones de non-droit qui se sont multipliées sur notre territoire. Je suis le seul des candidats à la présidence des LR à avoir, par exemple, demandé (pétition et article dans Atlantico) l’expulsion des organisations fréristes et salafistes en France, selon un cadre légal et sûr d’aboutir. Je propose en France de réorganiser le système judiciaire et pénal autour de la théorie de la vitre brisée : au premier délit, les coupables doivent être sanctionnés, même avec de petites peines, là où aujourd’hui personne n’accomplit de peines de prison de moins d’un an. Sur tous ces sujets, LR doit être beaucoup plus précis, mieux préparé.

M. B. Pourquoi ne vous retrouvez-vous pas dans la ligne Ciotti ?

S. B. D’aucuns disent « La droite doit être une droite autoritaire », d’autres « La droite sera sociale ou ne sera pas ». J’ai envie de leur répondre qu’idéologiquement, ils sont en train de nous inventer une droite hémiplégique, qui ne marche à chaque fois que sur une jambe et est en train de disparaître. Ma candidature n’est pas simplement l’occasion de prouver que la droite peut encore parler à et travailler avec la société civile : elle est aussi l’opportunité de bâtir un vrai programme sur le corpus idéologique que je défends depuis des années dans mes analyses, rapports pour l’institut Thomas-More ou interventions médiatiques. L’économique et le régalien, par exemple, doivent se penser ensemble, avec une visée d’exécution et non quelques slogans. Favoriser un pôle sur l’autre (par exemple, dire que la priorité, c’est juste le régalien, alors que nous traversons une crise du pouvoir d’achat sans précédent) est une erreur.

M. B. Le parti a-t-il fait des erreurs, récemment ? Lesquelles et comment tourner la page ?

S. B. Observons en premier lieu la vie politique, l’échec de la monarchie présidentielle et l’aporie dans laquelle se trouve Macron, dans l’opinion publique et au Parlement. L’heure des partis uniques, monolithiques, est révolue. Les formations se créent autour de courants et de personnalités, il suffit de voir comment à droite, malgré l’échec final, Reconquête, en six mois, a aspiré nombre de militants LR. Et ce, après le pouvoir d’attraction de Macron sur la droite orléaniste. Pour reprendre la typologie des droites de René Rémond, Macron a séduit une partie de la droite orléaniste et Zemmour une frange de la bonapartiste. Avec la seule droite conservatrice, LR ne peut revenir au pouvoir.

Ainsi, non seulement LR doit clarifier son logiciel idéologique, mais il doit accepter de travailler avec d’autres formations en vue de constituer des alliances pour revenir au pouvoir.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Les LR ne sont jamais dans leurs esprits que des centristes des Raffarin des Larché des Juppé et j’en passe un coup a droite un coup a gauche plutôt a gauche qu’ils finissent dans l’anonymat c’est tout ce qu’on leurs demandent

  2. Les LR doivent se ressaisir. Il y a des gens biens et compétents parmi eux. Ciotti s’est fait piégé lors des élections destinées à désigner leur candidat à la présidentielle. Ils s’est fait coller Barnier dans les pattes et c’est Pécresse qui a été élue alors qu’il était en tête au premier tour.

  3. Les LR ont vendu à vil prix leur âme au PS!!!Peuvent-ils se ressaisir? C’est à souhaiter car il y a en leur sein des personnes sincères et compétentes….Lors de leurs réunions destinées à désigner leur candidat, les pires d’entre eux ont piégé C

      • tout à fait d’accord, ce parti LR bloque l’alternance politique en se désistant systématiquement pour le parti socialiste ou pour LREM lors des deuxièmes tours … Ce parti doit disparaître et laisser la place pour un vrai parti de droite, … ( affirmer ses valeurs comme le fait Georgia Meloni = je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne …)

  4. Ce brillant candidat à la présidence d’un parti se réclamant du gaullisme a la mémoire un peu courte, comme, hélas, la majorité de la classe politique Il tient un discours digne du régime des partis de la Quatrième République dont l’impuissance consubstantielle a failli conduire à la guerre civile en 1958. Il importe aujourd’hui de retrouver l’esprit de la Cinquième République.

  5. Hélas, saint Thomas More avait aussi une vue utopique, mais cela ne lui a pas porté chance. Il a dit la vérité, il doit être exécuté, nous rappelle la chanson. On l’a vu avec Zemmour. Tant que les Wauquiez, Retailleau, Peltier ne se lèveront pas ensemble pour balayer ce pouvoir d’absurdie, les Français n’auront pas la sécurité. Patience, cela vient , mais la NUPES est là aussi pour prôner la Révolution violente et empêcher le bon sens et le patriotisme de relever la tête.

  6. Ah enfin ! Mais le mot n’est pas lâché, c’est trop dur à prononcer; alliance avec le RN…avec le diable, avec l’extrême droate…
    Et pourtant, c’est ça ou mourir, c’est à dire se dissoudre dans la macronie…
    Quelle fin humiliante ce serait…

  7. Principe de base que la droite n’ait pas honte d’être de droite et cesse de faire la danse du ventre devant les dictats de la gauche et de la bien « pensance », et cesse de courber l’échine devant les minorités agissantes, écologie et LGBTQI entre autre qui détruisent le « vivre ensemble » comme disent les bobos.

    • c’est incontournable, avant de fignoler il faut faire le gros œuvre et bâtir de solides fondations avec des matériaux de qualité durables dans le temps. Exit tous ces bricoleurs de la langue et au cerveau rongé par l’idéologie et place aux vrais bâtisseurs.

  8. Lr=macron. Voilà l’image de ce parti mourant. Il y a quelques exceptions qui devront se clarifier par une prise de position suivie d’acte.

  9. « Reconquête, en six mois, a aspiré nombre de militants LR. », ce ne sont pas des militants qui ont été aspirés, mais des adhérents. Pour LR, un adhérent « militant » est une personne qui applaudi les caciques et colle des affiches. En dehors des ces « missions » il doit se taire ! Par delà les discours, ces caciques se partagent le pouvoir avec l’opposition : chacun son tour, les contribuables sont faits pour contribuer, les personnes laborieuses pour travailler

  10. Dèjà en 2002, entre un vote Chirac ou tout Jospin, c’était voter pour la peste ou le choléra.
    Depuis l’époque RPR, ces gens se sont perdus, n’ayant plus que pour opinions que celles que la gauche lui imposait. « Trétresse » a été la quintessence de cette façon d’être. De son résultat à la présidentielle aurait dû découler sa démission de la présidence de la région Ile-de-France. Idem pour Hidalgo, l’hispano-française.
    Je souhaite à monsieur Laye bien du courage dans la renaissance du lien de confiance perdu avec les français.

  11. Les Ciotti, Wauquiez et les autres ne valent guère mieux,
    J’ai rejoint Reconquête, les faits donnent raison à Zemmour qui dénonçait l’abus de l’Etat de droit, des délinquants mineurs étrangers , des problèmes de genre chez les ados avec les dégâts à venir, etc…, je souhaite une chose l’union des droites (RN, Patriotes, NDA) malgré leurs divergences qui ne sont pas si énormes comparés à la NUPES

  12. Je n’ai plus confiance dans les LR, quels qu’ils soient. Je suis passé chez Reconquête et j’y suis bien
    Les LR sont des traitres, tous prêts à se renier pour un maroquin. Darmanin, Le Maire, Philippe, Abad, Estrosi, Pécresse…..;
    Ils ont pratiquement tous votés macron, ils m’écoeurent.

  13. Sa conclusion est juste, donc ses alliances plus que restreintes, lesquelles d’ailleurs, et en plus les vieux chevaux de retour blanchis sous le harnais et à l’électorat fidèle qui seront durs à battre. Le LR sans ligne directrice et aux dirigeants fidèles dont le nb s’amenuise de jour en jour, ne survivra que comme survivant obsolète et vestige du passé. Ce Monsieur se fait un petit nom comme beaucoup de son bord, on verra comme il atterrît.

  14. Des LR , je suis passé au RN , car lassé de voir les positions du LR concernant beaucoup de problèmes,dont souffre justement la classe moyenne . Une classe qui s’appauvrit au fil du temps , toujours bonne à payer et à supporter les effets de l’insécurite due en grande partie , à une immigration que le LR n’a jamais vraiment combattue efficacemment .RAS le bol aussi du fameux front républicain , les positions du RN sont elles à ce point indignes pour que les LR appellent à voter pour Macron 1er !

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