[ENTRETIEN] Transition de genre : « Aujourd’hui, trop de risques sont pris pour les mineurs »

J Mélin

Depuis quelques mois, en France, le mal-être chez les jeunes et les adolescents entraîne une flambée des demandes de changement de sexe ou de transition de genre, encouragée par les mouvements wokistes. En 2020, près de 9.000 maladies pour transidentité ont été recensées au titre des affections de longue durée, remboursables à 100 %. Dans 70 % des cas, les patients étaient âgés de 18 à 35 ans. Les mineurs ne sont pas épargnés. Pour les protéger « contre certaines pratiques médicales et chirurgicales en matière de transition de genre », ce mardi 9 avril, Joëlle Mélin, députée RN et médecin, ancienne experte judiciaire auprès des tribunaux, tenait une conférence de presse. Elle présente une proposition de loi visant à interdire « tout traitement médical et hormonal de transition de genre ». Elle s'explique dans les colonnes de BV.

Sabine de Villeroché. Pourquoi cette proposition de loi aujourd’hui ?

Joëlle Mélin. Lorsque nous avons fondé ce groupe interparlementaire contre le wokisme [présidé par Roger Chudeau que BV a interrogé sur ce sujet, NDLR], ma profession de médecin m'a amenée à faire ce travail, mené pendant quatre mois. Au-delà de mes recherches bibliographiques, il s’agissait de savoir dans quel contexte, à quel moment déposer cette proposition de loi (PPL) qui a été longue à mettre en place ; j’ai tendance à vouloir dire beaucoup de choses mais, in fine, le texte de la proposition de loi se termine de la manière la plus simple, la plus compréhensible et la plus efficace possible. Je ne l'ai construit qu'au prisme du médecin expert judiciaire que je suis. D’où ce ton neutre et purement technique pour éviter toute aspérité subjective que je peux entendre mais qui n'a rien à faire dans cette PPL.
Le rapport parlementaire sénatorial [commandé par Jacqueline Eustache-Brinio, NDLR] évoque d’autres aspects de la « transidentification des mineurs » comme le changement de nom à l'état civil et tout l'accompagnement psychologique sur lequel je ne souhaite pas intervenir. Car je pense que ce n’est pas le lieu pour encadrer les pratiques de mes confrères psychiatres. Il s’agit tout simplement, avec cette proposition d’interdiction, de faire lever le crayon sur la prescription de produits médicamenteux comme les bloqueurs de puberté à des visées purement comportementales. En concordance avec d'autres pays, nombreux et assez compréhensifs au départ, qui se sont aperçus qu’ils n’avaient pas mis les enfants à l’abri et qui prennent des dispositions de retour en arrière.

S. d. V. Sur quels travaux vous êtes-vous appuyée pour concevoir votre proposition de loi ?

J. M. J’ai eu des entretiens téléphoniques avec différents médecins en exercice, comme le docteur Flavigny. J'ai des échanges avec des personnes qui étaient très intéressées par la question, comme le Syndicat de la famille. Ce dernier, bien entendu, m'a donné son point de vue. J’ai aussi eu un contact - un peu trop bref, à mon goût - avec l'Observatoire de la petite sirène, qui réunit 100 professionnels et a beaucoup travaillé avec le Sénat et l’Assemblée sur cette question. Et puis, surtout, j'ai essayé d'assembler une bibliographie la plus large possible en étudiant les ouvrages de différents auteurs comme Claude Habib (La Question trans - Éditions Gallimard) ou d’Abigail Shrier (Dommages irréversibles - Éditions du Cherche Midi). Cette journaliste a mené une véritable enquête sans idée préconçue et a fini par donner quelques conclusions personnelles intéressantes. Je peux citer encore le livre de Caroline Eliacheff et Céline Masson (La Fabrique de l’enfant transgenre - Éditions de l'Observatoire).
Mais une des particularités du problème, c'est qu'il n’existe pas véritablement d'ouvrage de synthèse, notamment en psychiatrie. Il semble qu'on ne se penche sur les risques potentiels que depuis peu. Le phénomène a pris tout le monde de court.

S. d. V. Le rapport sénatorial de Mme Eustache Brinio était très complet, avec plus de 300 pages. Quelle est la valeur ajoutée de votre PPL ?

J. M. Ma proposition de loi est complémentaire. Il s’agit d’introduire dans le Code de la santé publique un article supplémentaire concernant l'obligation de protection qu'un médecin doit avoir à l'égard d'un mineur. Une disposition simple, opérationnelle et immédiatement utilisable en cas de plainte. Aujourd'hui, trop de risques sont pris au regard des données modernes éclairées de la science et sans aucun principe de précaution, et c’est un expert qui le dit !
La proposition du Sénat veut aller beaucoup plus loin. Pour ma part, j’ai choisi une voie plus synthétique : la prescription de bloqueurs de puberté et d'hormones croisées avant 18 ans n'est pas autorisée. C'est aussi concis que cela par souci d’efficacité.

S. d. V. Pensez-vous que votre proposition de loi a des chances d'être votée ?

J. M. Je lui souhaite de faire sa propre vie et surtout d'être mise aux débats. Différents pays d'Europe reviennent en arrière, je pense qu’il est temps que la France en tienne compte et n'aille pas plus loin. Jusqu’à maintenant, la France ne s'est pas donné les moyens de dire les choses clairement.

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

8 commentaires

  1. Je l’ai déjà dit et écrit ici ou ailleurs.
    « On », en France, n’a rien retenu, ou tout simplement « on » préfère ignorer le scandale dit : « Tavistock Centre » de Londres.
    Évidemment, les roastbeefs n’y connaissent rien, alors que c’est là, ça pent au nez des soi-disant responsables français.
    Ces criminel !

  2. Encore un manque de l’obligation d’éduquer leurs progéniture, faut sanctionner cette pratique d’intervention au but de transformer le corps d’un enfant mineur.

  3. Interdiction formelle de toucher aux mineurs . Toutefois les parents portent une grande responsabilité quand ils laissent faire .

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