[ENTRETIEN] Un vivier de journalistes pour les médias Bolloré ? « Ridicule »

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Le 15 novembre, un groupe d'investisseurs annonçait reprendre l'école de journalisme de Paris, l'ESJ. Parmi eux, Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Rodolphe Saadé, la famille Dassault... De quoi faire frémir plusieurs médias qui craignent l'extension de l'empire Bolloré, jugé d'extrême droite jusque dans la formation même des journalistes de demain. Au sein de l'école, la direction générale a été confiée à Emmanuel Ostian, ancien journaliste à TF1, LCI, France 2, BFM... et la présidence du comité pédagogique à Bernard de La Villardière, ancien présentateur de l'émission Enquête exclusive, sur M6. Pour BV, il évoque la nouvelle direction de l'ESJ et les particularités de cette école.

 

Raphaëlle Claisse. Pourquoi les investisseurs prestigieux que sont Bernard Arnault, Vincent Bolloré, la famille Dassault, etc., ont-ils choisi d’investir dans une école de journalisme plutôt que dans une start-up bien plus rentable ?

Bernard de La Villardière. Je crois qu’ils font les deux, en fait. Je ne pense pas qu’ils l'aient fait pour une question de rentabilité. Ils ont envie de participer à une école de journalisme qui se relance avec une pédagogie, un corps professoral qui est déjà bien établi mais que l'on va, bien évidemment, un peu réformer de l’intérieur. Tout ça est entre les mains, évidemment, d’Emmanuel Ostian, le directeur général, mais aussi du comité pédagogique dont je suis le président.

Personnellement, je trouve que c’est une aventure formidable que d’être parmi les responsables d’une école avec des investisseurs, prestigieux certes, mais aussi qui ont prouvé, au cours de leur vie professionnelle, qu’ils avaient beaucoup de flair et une grande capacité à rassembler les hommes et à créer de la richesse.

 

R. C. Quel est l’objectif de la nouvelle direction de cette école de journalisme ?

B. de La V. Je pense que c’est un acte de foi. Il y a déjà pas mal d’écoles de journalisme, en France, mais je suis très heureux de participer à la renaissance de cette école avec des principes un peu nouveaux et l’assurance d’avoir avec soi des investisseurs qui sont capables de mettre au pot pour développer des projets et nous accompagner dans notre volonté de former les journalistes de demain aux nouvelles techniques, mais aussi avec la capacité de leur apporter une culture sur le fond. Moi, ce qui me frappe souvent - mais j’en étais déjà victime -, c’est qu'il y avait parfois un manque de culture générale. Encore une fois, je fais partie de cette génération qui a manqué parfois de culture générale.

 

R. C. Qu’est-ce que cette école aura de spécifique, quel est son objectif, à terme ?

B. de La V. Je voudrais développer une matière à laquelle je crois beaucoup. C’est l’histoire des idées politiques, parce que ça permet de relativiser un peu les positions des uns et des autres : aujourd’hui, on sait que l’écologie est une valeur qui est passée de droite à gauche, puis de gauche à droite. L’écologie, c’est plutôt conservateur, c’est garder les choses telles qu’elles sont ; je force un peu le trait, mais il y a un peu de vrai. Par ailleurs, la décentralisation, la régionalisation, ce sont des idées partagées à la fois par la droite et par la gauche au fil des années, au fil des siècles.

Donc, développer un esprit critique, développer la curiosité. C’est quelque chose qui manque parfois parce que les réseaux sociaux ont, finalement, coupé du monde un certain nombre d’individus. Et, donc, on oublie les réalités humaines, on oublie d’aller vers les autres, on oublie parfois de voyager, de partir sur le terrain, et cet appétit, je voudrais le donner à de nouvelles générations.

 

R. C. Comme le craignent Libération ou encore L’Humanité, cette école sera-t-elle une école de propagande, un vivier de journalistes pour les médias Bolloré ?

B. de La V. Je trouve ça ridicule, je n’ai même pas envie de répondre à ça. Mon parcours, celui d’Emmanuel Ostian, celui des investisseurs aussi, prouvent que ça n’a rien à voir. Ce sont des attaques un peu stupides et gratuites.

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Réapprenons à parler pour savoir lire et comprendre. Les gens ne parlent plus. Il n’y a plus de relations humaines. Il faut aujourd’hui simplement savoir taper sur des touches : « Tapez 1, tapez 2… pour toute autre question, tapez 4 etc… L’homme est devenu un automate qui avance sur des rails commandés par des aiguilleurs…automates…qui nous conduisent où ils veulent… comme des troupeaux qui vont à l’abattoir. ORWELL, à relire…

  2. Le jour où Cnews ne sera plus a quel journal pourrait on faire confiance tant les journalistes deviennent des perroquets. Encore heureux que les réseaux sociaux puissent donner leur humble Avis tout est question d’avoir de la mesure car il faut être prudent la police politiques ça existe

  3. Le défaut de culture générale est évoqué. Elites et population dans leur ensemble. N’est-ce pas la cause profonde de toutes ces dérives relevées chez les nouvelles générations, à commencer par les consommations de drogues ? Quelles sont les raisons de ces besoins intenses ? Paraître bien sûr, dans un premier temps, s’aligner. Faiblesse d’un caractère non forgé par l’Étude approfondie ? On papillonne, on se maintient dans la superficialité, dans l’instabilité jusqu’à se laisser conduire par des substances ? Le refuge des faibles aux faiblesses accumulées. Le refus de se prendre en mains, d’affronter. Pour aboutir au transgenre, le comble du désordre. Triste époque conduite par nos dirigeants dits « intelligents », ils s’en vantent.

  4. Ce n’est qu’une goutte d’eau face au lavage de cerveau pratiqué dans la plupart des écoles de journalisme. La preuve en est les journalistes-perroquets actuellement à l’œuvre dans presque tous les médias, recrachant à la virgule près, fautes de français comprises, le manuel du parfait petit militant !

  5. Excellent,car ça aura le mérite de créer une sorte « de contre-pouvoir »médiatique face à ceux existant actuellement en dehors de quelques journaux ou une chaîne de télévision comme Cnews et ça les bobos-gochos-ecolos n’en veulent surtout pas et je les comprends,car déjà qu’ils ont du plomb dans l’aile actuellement,si en plus une école de vrais journalistes voient le jour, ça ira très certainement à l’encontre des « vérités »bidons qu’on nous sert aujourd’hui.Alors bravo.

  6. … « c’est qu’il y avait « parfois » un manque de culture générale… »
    …v« parfois… » ?
    Vraiment ?
    Quand on se force à écouter la grande majorité des « journalistes-de-gauche » français, force est de constater que la culture générale se traduit essentiellement en un énorme vide !
    Ceci se traduisant par la folle aventure, la folle ascension de CNews ; que l’on apprécie ou pas Praud ; lire d’échanges où la Culture est la base de celles et ceux qui forment son panel !
    C’est certain, y’a du pain sur la planche !

  7. Je m’étonne chaque jour de voir ces ” grands journalistes” re-découvrir l’eau tiéde. Après avoir balayé d’un revers de main méprisant les avertissements d’un certain nombre de français voilà qu’ils ouvrent les yeux. Bien sûr on s’en rejouit mais il est bien tard. D’autant que cette prise de conscience s’accompagne d’une accusation portée contre les réseaux sociaux (qui sont loin d’être parfaits ) mais pas de la remise en cause du comportement des médias. Doit on leur faire confiance?

  8. Culture générale, beaucoup de journalistes en ont pas ou peu et donc `ils s’accrochent et vendent les idées et les causes à la mode et contestataires. Ils manquent de recul et ils se voient comme  »engager » pour le progrès et donc leurs reportages ne sont équilibrés.

  9. Le problème des journalistes, ils informent par omission.
    Heureusement, que les médias de réinformation pallient a ce défaut.

    Bernard de La Villardière avoue avoir « fait partie de ces journalistes » qui cachait les prénoms dans les faits divers pour ne pas « donner des arguments au FN »

    Je confirme ! J’ai fait partie de ces journalistes dans les années 90 au motif que les prénoms ce n’était pas signifiant et qu’il ne fallIait pas donner des arguments au FN. Erreur ! Comme le dit Renaud Dély :”En ne les donnant pas, on l’alimente”. C’est valable pour hier et aujourd’hui. — B de La Villardière (@BdLVillardiere) July 12, 2020

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