[RÉACTION] Yannick Moreau à nouveau ciblé par une lettre de menace de mort

À la violence et à la déconstruction, Yannick Moreau répond par la culture et la civilisation. À quelques jours de Noël, confessions du maire (divers droite) des Sables-d'Olonne, dont le double cœur bat : « un pour la Vendée et un pour les Mahorais ! »

Iris Bridier.  Vous venez de recevoir une lettre de menace de mort anonyme, et ce n'est pas la première ?

Yannick Moreau. Depuis que je suis élu, c’est la troisième fois. Cette menace de mort est une lettre physique reçue par voie postale et ouverte par des agents publics de la ville qui ont été choqués par le procédé, par les mots choisis, par la violence et l’intimidation que cela représente.

I. B. Les élus sont-ils devenus l’exutoire de notre société ?

Y. M. C’est, manifestement, le symptôme d’une société malade de la violence, de l’affaiblissement des institutions, de la représentation démocratique, d'une société en mal de repères. La démocratie locale n’échappe pas aux attraits de la violence, aux invectives contaminées par le vice de l’anonymat des réseaux sociaux. Il y a une matrice déconstructrice, violente, encouragée, flattée et amplifiée par le Web qui constitue une zone de non-droit aujourd’hui. Depuis que je suis maire, on a crevé les quatre pneus de ma voiture, on m’a diffamé, injurié, menacé de mort. À chaque fois, je porte plainte, mais je dois dire que malgré l’expérience et le cuir qui s’épaissit, je ne m’habitue pas et ne me résigne pas. Mon seul moyen pour combattre ce type de violence : les dénoncer, porter plainte et continuer modestement de faire battre le cœur de la démocratie locale ; notamment en provoquant des votations qui encouragent les concitoyens à s’exprimer régulièrement.

I. B. La banalisation de la violence est incontestable, les faits divers sont devenus faits de société, faut-il apprendre « à vivre avec », justement ?

Y. M. Je refuse la décadence, la barbarie, je défends la civilisation, l’ordre. Lorsque nous avons échangé avec Bruno Retailleau sur les réformes utiles à la démocratie locale ou la police municipale, je lui ai proposé de porter une proposition de suppression de l’anonymat sur les réseaux sociaux. C’est une condition pour retrouver un dialogue équilibré et une confiance perdue au sein du peuple français, cette majorité des braves gens ; mais aussi pour échapper à la dictature des minorités agissantes et souvent anonymes.

I. B. « La vie est belle aux Sables-d’Olonne », disiez-vous, au départ du Vendée Globe. Pourtant, votre ville balnéaire a connu, elle aussi, une attaque au couteau en sortie de discothèque, il y a quelques mois. Comment maintenez-vous l’ordre et la sécurité ?

Y. M. Quand on se regarde, on se désole, mais quand on se compare, on se console. La ville des Sables-d’Olonne n’échappe pas aux faits divers ni à l’agression des dépositaires de l’autorité publique. Mais Les Sables-d’Olonne et la Vendée figurent comme un îlot de sécurité et d’ordre dans un océan de désordre. La municipalité a fait de la sécurité sa priorité, elle y investit de nombreux moyens publics et y insuffle, dans sa cité, les facteurs de cohésion qui fédèrent et donnent à aimer la ville, ses voisins et ses concitoyens. Le Vendée Globe est l’un de ces événements, mais nous portons également l’ambition d’être une ville de culture et d’aventures. La prévention et la répression comptent, mais la cohésion municipale et nationale à travers l’apprentissage du civisme, le goût du beau et les événements qui unissent est tout aussi utile.

I. B. Votre conseil municipal vient de voter une subvention de 10.000 euros pour venir en aide à Mayotte. Est-ce le double cœur vendéen qui bat ?

Y. M. Un cœur pour la Vendée et un cœur pour les Mahorais ! Ce qui se vit à Mayotte est un drame absolu. Il y a une solidarité particulière d’une ville littorale à un peuple littoral ultramarin qui souffre, dans sa chair, d’un événement qui a tout dévasté et endeuillé des centaines de familles. Très modestement, avec Xynthia, nous avons connu un drame météorologique exceptionnel, il y a quatorze ans, et qui nous rend particulièrement attentifs aux conséquences des cyclones et de l’élévation du niveau de la mer, ainsi qu’à la vulnérabilité des populations. La ville des Sables-d’Olonne, en particulier du fait de son identité maritime, a évidemment choisi de voler au secours des Mahorais en finançant la protection civile pour les aides de toute première urgence, par une modeste subvention pour l’instant, mais l’agglomération sera amenée à faire de même.

I. B. À quelques jours de Noël, et malgré toutes ces crises, quelles sont vos raisons d’espérer ?

Y. M. Eh bien, Noël, justement ! Aux Sables-d’Olonne, on aime fêter Noël ! Et quand on voit les sourires des enfants de 7 à 77 ans qui profitent de nos animations et qui sont heureux de vivre ces moments-là, on se dit que tout n’est pas perdu et que l’on peut réveiller dans le cœur des Français l’âme d’enfant qui fait regarder l’avenir avec espérance.

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