Equalis : les folles dépenses d’une association financée par l’État
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Mise à jour 31/01/2024 : A la suite de ses révélations, Arthur Anane, ancien directeur d'Equalis, sera jugé pour « détournement de fonds publics » devant le tribunal de Meaux au mois de juin 2025. Une enquête avait été diligentée et menée par la direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS) en 2023. Ce rapport démontrait que le comité de direction de l'associationn percevait notamment des salaires mirobolants. Au Parisien, Arthur Anane déclare avoir « hâte que le procès se fasse pour que toute la vérité soit mise au jour » et « que tout soit clarifié ».
Déjà épinglée en septembre 2021, Equalis, une association qui vient en aide aux sans-abri et aux migrants, est une nouvelle fois soupçonnée de mauvaise gestion des fonds publics. Salaires mirobolants, séminaires de luxe, parc automobile… Dans un long rapport, les services de l’État pointent du doigt l’argent public dilapidé par les dirigeants de l’association.
Salaires exorbitants et avantages injustifiés
Cœur sur la main et main sur le portefeuille. Révélée par Le Canard enchaîné, l’enquête menée par des inspecteurs de la préfecture de Seine-et-Marne lève le voile sur les folles dépenses des dirigeants d’Equalis à leur profit. Sept inspecteurs ont analysé l’ensemble des comptes de la structure qui bénéficie de 83 millions de subventions publiques, dont au moins 14 millions d’euros uniquement pour l’accueil des demandeurs d’asile. Les résultats sont accablants pour cette association qui assure pourtant agir en faveur des plus démunis. Ainsi, en 2020, Arthur Anane, alors directeur général de l’association, percevait 203.000 euros bruts. Un salaire bien supérieur à celui prévu par la législation française ! En effet, une telle rémunération « nécessiterait que l'association ait un chiffre d’affaires supérieur au milliard d'euros », notent les inspecteurs. Or, le budget annuel d’Equalis culmine à 81 millions d’euros… Logé aux frais d’Equalis, ce même dirigeant profitait également d’une carte de 5.000 euros pour ses sorties au restaurant ou ses nuits d’hôtel, de préférence dans des établissements quatre étoiles.
Deuxième anomalie relevée par l’enquête : les effectifs de direction. Alors qu’une association normale se contente au mieux d’un directeur général, d’un directeur général adjoint, d’un directeur des ressources humaines et d’un directeur administratif et financier, Equalis s’offre les services de 29 directeurs. Tous bénéficient de voitures de fonction (carburant pris en charge), de cartes de crédit prépayées avec un plafond entre 2.000 et 10.000 euros, et huit d’entre eux perçoivent un salaire annuel supérieur à 100.000 euros. À cette « dérive salariale » dénoncée par les inspecteurs s’ajoutent les nombreux avantages que s’octroient les dirigeants. « De nombreux cadres utilisent leur carte de paiement pour des dépenses de restauration dont les montants ne se justifient pas », notent les services de l’État. Et d’ajouter, comme le révèle Le Parisien : « Les infractions routières sont prises en charge par l’entreprise. » Mais le plus étonnant reste sans nul doute les « achats injustifiés » d’électroménager, de mobilier et de décoration destinés au domicile de l’ancien directeur et financé par les deniers d’Equalis.
À ce tableau déjà accablant viennent s’ajouter les séminaires dispendieux organisés par la direction. Séminaire à Marseille avec apéritif sur un voilier (71.000 euros), « Journée partenaires » au théâtre du Trianon (123.000 euros), soirée à Malakoff (140.000 euros)… « Il n’y a manifestement peu, voire pas, d’attention portée au bon usage des fonds publics octroyés alors même que ceux-ci sont alloués […] pour permettre à l’association la mise en place d’actions à destination des personnes en difficulté sociale », se désolent les inspecteurs.
Enquête pour abus de confiance
Après Viltaïs, association qui œuvre notamment pour la répartition des réfugiés dans les zones rurales, épinglée par la Cour des comptes, c’est donc au tour d’Equalis, également engagée en faveur des migrants, de se retrouver dans le viseur des services de l’État. En septembre 2021, les premières révélations sur le salaire « scandaleux » de l’ancien dirigeant, finalement licencié, avait conduit les employés d’Equalis à manifester contre leur direction et se mettre en grève. Dans la foulée, le parquet de Meaux lançait une enquête pour « abus de confiance », enquête toujours en cours.
Alors qu’en 2021, un membre du conseil d’administration confiait au Canard enchaîné « Ils ont perdu pied, ils ont perdu de vue l’objet social de l’association », la nouvelle direction assure reprendre les choses en main. Nommée en novembre dernier, Claire Dupond, la nouvelle directrice générale, promet de veiller « à ce que les moyens alloués à l’association servent la lutte contre la pauvreté, à ce que chaque centime dépensé soit bien destiné à l’accompagnement des personnes en situation de précarité ». Étant donné qu’il s’agit d’argent public, cela semble être la moindre des choses a priori…
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66 commentaires
il y en a d’autres plus connu mais ceux-là on y touche pas
Une des réponses à la question récurrente » Où va l’argent ? «
Il ne reste plus qu’à demander à Mc Kinsey de conseiller cette association afin de la rétablir dans un mode de fonctionnement normal et il ne restera plus un sou pour les nécessiteux qu’elle est sensée aider…
Un mal qui s’est bien développé ces dernières années: la prolifération de nouvelles « startup » que font appel aux dons pour financer quelques profiteurs au nom d’une belle cause.
Il n’y a plus d’argent nulle part, paraît-il, ni pour la Justice, ni pour l’Education, l’Armée, la Police, le Patrimoine, les retraites, les étudiants, les hôpitaux, etc. etc. Et pourtant, les français sont le peuple le plus taxé au monde. Ah si, il y a un secteur qui se porte bien, très très bien même : la Corruption, la Prévarication.
C’est bien d’être généreux dans ces conditions …Tout cela sent le roussi …
Ça fait quand même 29 personnes déjà bien à l abri. C’est un bon début, et on pourrait augmenter le budget de l’association , il y a tant de migrants à accueillir…
Les allocations venues de nos impôts servent donc bien à protéger de la misère certaines personnes : les trop nombreux dirigeants de cette Association .
Et si il n’y avait que cela ! En cherchant bien ! Vont -ils être condamné à rembourser ?
83 millions d’argent public pour une seule et unique assoce. Cela donne une idée du gouffre financier que nous coûte le monde associatif. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’il se crée tous les jours des assoces dans tous les domaines possibles et imaginables (féminisme, LGBTQ+++ …) C’est le jackpot assuré ! A quand un audit sur le pognon de dingue versé sans sourciller à tous ces parasites ??? Pas demain la veille …
C’est ça le 4ème secteur d’activité –
qui sont ces directeur ? –
des recasés de Gauche comme Richard Ferrand ?
Je suppose que tous ces bons samaritains doivent être de gauche?
Sans doute encore une histoire de copinage en haut lieux…
Et elles sont combien ces assos qui œuvrent sans contrôle des donneurs d’ordre, avec l’argent public ?
Toujours les mêmes causes alimentées par de « bon sentiments »…
La charité est une industrie qui fait vivre très bien beaucoup de monde, sans faire les affaires des pauvres.
l’escroquerie institutionnalisée ! plus besoin de braquer des banques ! suffit d’avoir de bons potes et un oeil aiguisé sur les failles du système généreux de » l’Eta c’est moi » ( enfin nous, enfin une petite poignée de marlous)