Erdoğan menace d’une prochaine attaque en Syrie

Le sultan n’a pas l’intention de laisser passer l’occasion. Alors que le monde entier a les yeux rivés sur l’Ukraine, Erdoğan a annoncé le prochain lancement d’une opération militaire en Syrie. Les plans ont même été présentés au Conseil de sécurité, qui les a approuvés le 26 mai.
La Turquie occupe déjà, dans l’indifférence générale, la province d’Idleb, au nord-ouest, ainsi que les environs d’Affrin, dans la continuité d’Idleb, et, enfin, une bande de territoire au nord prise aux Kurdes en 2019, une conquête appelée « Source de paix »... Entre cette bande et Affrin, les Kurdes se sont installés avec l’accord de la Syrie. Le projet d’Erdoğan consiste à relier ces territoires puis à s’étendre vers l’est jusqu’à Qamishli afin de chasser l’ensemble des forces kurdes tout à fait à l’est de la Syrie où des troupes américaines sont présentes (en toute illégalité, bien entendu, puisque l'occupation américaine est unilatérale sans mandat de qui que ce soit et s'est imposée malgré les protestations de la Syrie, État souverain).
Lors de la dernière intervention turque, les Américains avaient abandonné leur allié kurde et laissé les mains libres à Erdoğan, dont le poids dans l’OTAN est trop important pour se fâcher avec lui. Ce sont les Russes qui avaient arrêté les ambitions turques : ils étaient alors les maîtres absolus du jeu. Erdoğan avait dû s’incliner et interrompre la progression de ses troupes tout en conservant le terrain conquis.
Mais les rapports de force évoluent avec la guerre en Ukraine. Les Russes ont envoyé sur le champ de bataille une partie de leurs soldats stationnés en Syrie et ne comptent de toutes façons pas s’opposer militairement à Erdoğan.
Les objectifs du sultan sont clairement affichés. Il veut tout d’abord chasser les Kurdes présents sur sa frontière, y compris de Kobané où les troupes kurdes avaient repoussé les combattants de Daech à l’issue de combats sanglants en 2014-2015. L’appui aérien américain avait permis la victoire, mais il est vrai que les fantassins kurdes s’étaient courageusement comportés.
Pour la Turquie, ce sont des terroristes regroupés autour du PKK, ce parti qui veut obtenir l’autonomie kurde en Turquie. C’est d’ailleurs à cause de ce sujet qu’Erdoğan bloque l’entrée dans l’OTAN de la Suède et de la Finlande, coupables d’avoir accueilli (surtout la Suède) de nombreux militants du PKK, parti interdit en Turquie et très actif en Irak et en Syrie.
Puis, une fois les Kurdes chassés, l’idée est d’installer à leur place une partie des réfugiés syriens présents sur le sol turc. Le chiffre d’un million a été évoqué (Le Monde, 27 mai 2022). Les Syriens ne voient pas cela d’un bon œil car il y aura certainement nombres d’islamistes parmi eux, mais sans l’appui russe, ils ne pourront pas faire grand-chose.
Une autre raison, non avouée, tient à la situation intérieure turque. La crise est plus profonde que jamais et, avec une inflation à 70 %, le pouvoir d’achat de la population s’effondre. Le mécontentement est profond et une opération militaire réussie permettrait de faire jouer la corde nationaliste, toujours très forte en Turquie.
Pour Erdoğan, les élections de juin 2023 s’annoncent difficiles et, malgré répression et intimidations, l’opposition qui a conquis Istanbul et Ankara aux dernières élections municipales se sent pousser des ailes.
Les Américains ont fait part de leur préoccupation à la suite des annonces d’Erdoğan. Ils ne bougeront donc pas si l’opération a lieu. Car l’ennemi, c’est la Russie, pas la Turquie, et tant pis pour les alliés kurdes.
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33 commentaires
Les américains ont lâcher les kurdes depuis longtemps et se sont installés près des ressources pétrolières… personne n’a rien dit et personne ne dira rien.
La gendarmerie du monde est pervertie et développe partout des débouchés pour son industrie de l’armement…
Les gouvernants américains sont les alliés les moins fiables qui soient!
Et les plus cherche-guerre de la planète. La Lybie, la Turquie, l’Ukraine… en sont les preuves les plus évidentes.
La seule cause qu’ils soient capables de soutenir est celle de leur propre pouvoir politique au service de leur économie et du dollar.
Philosophie, morale, science sociale et science politique sont des disciplines sans intérêt pour eux.
Il aurait tort de se gêner. On a depuis longtemps condamné le « bourreau de son peuple », sans se soucier de la vieille tradition qui faisait depuis longtemps de la France, le protecteur de la Syrie … et du Liban. Pauvre Liban, et bientôt, pauvre Syrie. On a oublié l’importance géostratégique du Boosphore et des Dardanelles. Et puis … il y a du pétrole en Syrie !
Surtout à l’Est…
il ne manquait plus que celui là , les américains ont ouvert la boite de Pandore avec l’Ukraine , ça sent mauvais pour l’Europe de l’est !!!
Vous avez tout compris!
C’est avec le Kosovo que les américains ont ouvert la boîte de Pandore.
Deux dictateurs même combat, agresser le voisin, Poutine a du mal à accepter que la Russie ait des frontières avec l’OTAN mais ça ne le gêne pas de les créer en annexant l’Ukraine, ce qui était son but initial, si les occidentaux n’avaient pas bougé nul doute que la Russie aurait aujourd’hui annexée la Transnistrie et peut-être même la Moldavie, donc Poutine aurait créé des frontières avec 4 pays de l’OTAN, mais là il accepterait de bon cœur.
Vous n’avez rien compris. La Russie ne peut accepter un non-accès libre à la Méditerranée. Poutine aurait accepté que l’Ukraine soit un état neutre comme la Suisse profitant à la fois de la Russie et de l’UE. Mais les US et leur affidés UE+Zelensky veulent créer un blocus maritime au détriment de la Russie. Ce que ces idiots criminels veulent mettre en oeuvre, la Russie fera tout pour l’empêcher, à bon droit. Quant à Erdogan qu’il se méfie, il est facile de détruire les ponts entre Turquie et UE
Comment ça ? La Turquie occupe une partie d’un état souverain, et est prête à étendre plus loin encore sa prise de territoires ! le tout sans que les Américains et les Européens dans leur sillage, ne se cabrent, ne s’indignent, n’envoient des armes sur place, pour combattre l’odieuse agression ! Ah mais c’est vrai, Bachar n’est qu’un odieux tyran, un monstre sanguinaire du camp du mal, donc… L’ennemi de mon ennemi est mon ami, dit-on. La morale et le droit à géométrie variable de l’Occident.
Quoique fasse Ergodan, les américains (l’OTAN) « ne bougeront donc pas si l’opération a lieu. Car l’ennemi, c’est la Russie, pas la Turquie, et tant pis pour les alliés kurdes ».
C’est là que l’on constate que certains pays sont plus égaux que d’autres selon cette association (L’OTAN) de malfaiteurs.
Merci pour cet article. C’est vrai que nous sommes rivés sur la Russie …
L’occasion fait le larron.
Erdogan est de tous les côtés de toutes les barrières … Inattaquable !
Les USA gendarmes les plus corrompus du monde.
Le racisme institionnel des Turcs vise à rayer de la carte Arméniens et Kurdes.
Kurdes qui ont « grand-remplacé » les Arméniens éliminés physiquement par les Turcs (sauf erreur de ma part)
Que les américains lâchent leurs alliés, qui s’en préoccupe, mais dites moi, ça ressemble pas un peu à ce que fait Poutine en Russie, vite que l’europe arme la Syrie et condamne vigoureusement Erdogan!
2 poids, 2 mesures… la russophobie est dominante !
Odieux, ambigu et malin Edogan : copain avec l’Otan il bloque les détroits et fournit l’Ukraine en drones armés. Mais copain avec les Russes il a les mains libres en Arménie trop occidentale aux yeux des Russes, et maintenant en Syrie ou en Irak où il des projets territoriaux…
La turquie est dans l’otan, l’otan c’est comme l’UE: la guerre ! Qu’en dit Poutine de cet encombrant voisin, quant lui-même défend fort justement Bachar ?
Poutine, plutôt la Russie, considèrent que la Syrie est un pays qui peut leur servir pour prendre la Turquie à revers si elle bouge un orteil contre le peuple russe. Traditionnellement la Turquie est ennemie de la Grande Russie qui voulait contrôler le Bosphore, ça n’a jamais pu se faire pour différentes raisons. Mais Erdogan doit avoir peur de la Russie qu’il ne faut pas énerver
Où sont les belles âmes donneuses de leçons ? Les kurdes ont compris depuis longtemps que BHL n’est pas intéressé par leur martyr.