Éric Zemmour au Trocadéro à Paris : un meeting historique

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Jusqu’au bout, Éric Zemmour aura stupéfait les observateurs habitués des campagnes présidentielles par sa capacité de mobilisation. Quoi qu'il arrive, le plus grand événement de la campagne présidentielle 2022 marquera l'histoire de la droite. Dimanche, la place du Trocadéro était comble, les fans du candidat Zemmour débordant dans les avenues avoisinantes. « Vous êtes 100.000 », lance l'ancien journaliste dès le début de son discours. Le pari était audacieux : il est tenu devant une foule très jeune et enthousiaste. Si l’on excepte Jean-Luc Mélenchon, aucun candidat, dans une campagne qui aurait été terne sans l’invité surprise Zemmour, n’aura réussi à mobiliser autant, et il faut sans doute remonter aux campagnes de Le Pen père et à la première campagne de Nicolas Sarkozy pour retrouver une telle ferveur autour d’un candidat.

À deux semaines du premier tour, au moment où l’opinion se cristallise, le candidat Reconquête a jeté toutes ses forces dans ce meeting géant. Sur scène, le Zemmour du Trocadéro est resté fidèle à son style, au souffle incontestable de ses discours et aux messages qu’il martèle depuis son lancement dans la course pour conquérir l’Élysée. Une vidéo, entre deux mots de ses soutiens avant son intervention, exprime dans sa voix sur le ton de la confidence : « J’aime tout de la France, sa puissance, sa grandeur, ses drames. Chaque jour, vous me rendez plus fort, plus solide, plus déterminé. »

Le ton est donné, l'émotion sera palpable à plusieurs reprises. Zemmour a à nouveau inscrit sa campagne dans l’ombre des grandes figures de l’Histoire : Foch dont la statue domine la place du Trocadéro ou de Gaulle et son discours de 1944, quelques jours après la descente des Champs-Élysées, sans dévier de son credo d’union : « J’aurai besoin de toutes les familles de la droite et de tous les patriotes. » Il fait applaudir sans difficulté les cadors de la droite parlementaire : Ciotti, Bellamy, Wauquiez, Morano. Il fait applaudir aussi Bardella. Et enjambe le risque d’être éliminé au second tour : il veut « créer la surprise face à Macron » qui « a passé dix ans au pouvoir et ne sait toujours pas de quel bord il est » ! Mais il ménage une pique à ses concurrentes Valérie Pécresse et Marine Le Pen, « socialiste en économie. Marine Le Pen évoque le vote utile alors qu’elle n’est utile qu’à la victoire d’Emmanuel Macron », attaque Zemmour, qui cherche à éloigner la barrière du premier tour. « Les sondages se sont toujours trompés », rappelle-t-il.

Lors du meeting du Trocadéro, plusieurs éléments auront surpris l’observateur attentif. L’entrée du candidat, d’abord. Éric Zemmour n’est pas arrivé tout sourire en serrant des mains, comme il le fait d’habitude. Cette fois, il a entrepris une marche solitaire sous l’œil des caméras pour accéder à la tribune. Le candidat n’était pas souriant comme à l’accoutumée mais grave, sérieux. Comme si le sourire que Sarah Knafo a longuement travaillé avec lui ne collait plus, à quelques jours du scrutin, avec la stature d’un candidat aux présidentielles. Il conservera ce ton grave tout au long de son discours qui cherche à mobiliser chaque catégorie de Français.

D’emblée, Éric Zemmour s’adresse aux abstentionnistes et aux hésitants : « Le scénario qu’ils avaient préparé depuis cinq ans » revient « mais vous êtes là », tonne-t-il du haut de la tribune sur fond de tour Eiffel.

À destination des Français modestes, Zemmour, l’intellectuel qui a su séduire une classe cultivée, propose un discours plus social ou sociétal. Il veut concilier « le souci de la fin du mois et celui de la fin de la France ». Il s’adresse longuement aux aînés. Les retraités représentent 40 % du corps électoral et pratiquent peu l’abstention. C’est donc un électorat clé, cajolé depuis longtemps par Marine Le Pen mais qui craint traditionnellement les bouleversements brusques, l’insécurité et l’aventure politique. Zemmour a tenté de les rassurer et de les galvaniser sur les enjeux du futur. « Je comprends votre nostalgie, mais il n’y a pas de fatalité. Je vous propose de remettre la France en ordre, comme vos parents l’ont fait après la guerre. » Le candidat Reconquête n’oublie pas non plus les ouvriers, les artisans et commerçants, traditionnellement fidèles au Rassemblement national. « Ouvriers, employés, agriculteurs, la France se relèvera grâce à vous. Je vous aiderai. Je baisserai les impôts comme jamais aucun Président ne l’avait fait. » Auprès de ces professions libérales et chefs d’entreprise, il évoque la fiscalité française, l’une des plus lourdes du monde : « Trop de charges, trop de taxes : les Français travaillent pour l’État jusqu’au 14 juillet. Moins d’impôts pour nos travailleurs, nos retraités, nos familles. »

À destination de cette France laborieuse de droite, Zemmour adopte même des accents sarkozistes : « Je veux libérer le travail, le mérite et l’effort », explique-t-il avant d’évoquer la première préoccupation des Français : « Je veux un État qui respecte votre pouvoir d’achat. »

Il terminera cette adresse catégorielle par les musulmans et les jeunes. Pas question de priver les musulmans de la pratique de leur religion. « Je respecte toutes les religions et tous les croyants », lance-t-il. « Ceux qui ont fait le choix de l’assimilation sont nos frères. »

Auprès des jeunes, Zemmour revient à ses fondamentaux pour chanter, comme il sait le faire, le prestige et la beauté de la France. « Je le dis aux jeunes Français, apprenez à aimer nos paysages, nos monuments, nos mots, notre langue, nos héros. Ajoutez votre strophe au long poème français. » Et c’est aux jeunes encore qu’il s’adresse pour finir : « Vous raconterez cette campagne à vos enfants. Vous leur direz un jour : en 2022, un homme s’est levé, j’ai écouté mon cœur et je l’ai suivi. Au début, personne ne m’a cru, ni les sondeurs, ni les médias. Ils ont tout fait pour nous décourager et, peu à peu, la France a répondu à l’appel. Nous avons répondu à l’appel et nous allons déjouer tous les pronostics. Plus tard, je vous le promets, nos descendants diront de nous : en 2022 ils ont été clairvoyants, ils ont été grands […], ils ont été français. »

Dans l’assistance, de très nombreux jeunes manifestent bruyamment leur enthousiasme. Quelle qu’en soit l’issue, la campagne Zemmour laissera dans cette génération une trace profonde.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

90 commentaires

  1. C’était parfait ..grandiose et quel bon moment nous avons passé devant notre écran ..voilà la France que j’aime …bravo à tous .

  2. Evidemment que c’est le meeting le plus spectaculaire , apportant une sorte de souffle épique à cette  » fausse  » campagne. Z est le seul candidat ( avec DPA ) à mettre le doigt sur les vrais problèmes, et même si tout n’est pas parfait dans son parcours, sa ligne de conduite, elle, est constante et nous place, nous les Français ( de souche ou d’adoption ) au coeur de la campagne. Gardons espoir, les lignes sont peut-être en train de bouger ( allez voir Goliath, vous comprendrez ! ).

    • Pourquoi  » fausse  » campagne ?Zemmour, en évoquant les sujets majeurs, et en parlant de la France a fait une VRAIE campagne et en a relevé le niveau intellectuel, tombé dans la médiocrité.
      C’est en 2017, que la campagne a été volée, faussée sciemment avec  » l’affaire Fillon « .

  3. Compte tenu de l’état de notre pays et si les Français ne peuvent pas comprendre le discours de Mr ZEMMOUR qui selon les sondages reste à10%, c’est à désespérer !!! Ou si je reste optimiste ,les sondages sont peut être un peu « faussés » ??

  4. Un moment extraordinaire.

    Je crois que le plus bel élément de ce meeting furent les militants. De tous horizons et pourtant réunis autour des même idées, joyeux, courageux, dignes -n’en déplaise à notre PR.

  5. J’ai regardé ce meeting sur YouTube à la télé : quand un groupe a scandé pendant 11 s ces 2 mots que les médias reprennent en boucle je ne les ai pas compris de suite, ce n’était pas clair.
    Mais quand les médias les ont passés dans leurs infos c’était très audible.
    Complotiste, je dirais que la bande son a été retravaillée
    Qu’on ne retienne que cela de ce super meeting me met en colère et le commentaire méprisant de Macron ne m’étonne pas, il ne sait rien faire dautre : médias serviles

  6. Depuis longtemps nous n’avions pas eu en France un personnage qui marque l’histoire, c’est fait avec Eric ZEMMOUR.
    Tous ses meetings ont été une réussite et l’apothéose au Trocadéro. C’est un rassembleur au sens patriotique. Son programme est logique, sa vision celle de beaucoup de français. Il est gagnant par le peuple perdant par l’INQUISITION MÉDIATIQUE qui s’empresse de le dénigrer, tout de suite au lieu d’y voir la lumière préfère la noirceur pour favoriser
    les subventionnistes.

  7. j’y étais et deux jours après, à la suite de votre analyse très bien faite, j’en ai encore des frissons, je suis confiant pour cette élection et même si cela marche pas, je sais que la députation, c’est là que nous ferons le plus de mal en nous associant avec les RN et LR car il y en aura, dans notre autocar venu de l’Eure, nous étions essentiellement des anciens LR, autre analyse oubliée des médias, la jeunesse est très largement présente dimanche, droite, c’est la jeunesse, la gauche? finie!

  8. 11 secondes qui nous ont privés de la moindre petite information sur les meetings des deux autres candidats .
    On ne saura jamais ce qu’avaient à nous dire Jadot et Mélenchon .
    Pas la plus petite citation, pas la moindre allusion ,pas de décompte ,ni juste ,ni faux ,pas de spectateur au bord de l’extase ,pas de siège vide ou plein.
    J’ai cherché ,cherché ,cherché. Rien, que dalle !Nulle part.
    Et après ça ,on nous parle d’égalité!

    • Au meeting de Mélenchon, des participants ont scandé  » Macron en prison  » qui en parle ???

  9. 3 heures et 21 minutes de meeting que la bien-pensance a voulu réduire aux 11 secondes de « Macron assassin ».
    Et JUPITER s’est lâché avec ses plaisanteries douteuses sur les malentendants (qui ne sont rien, probablement).

  10. Une réusite ce meeting. Zemmour a mis de l’eau dans son vin , mais c’est certainement un peu tard.attendons le 10 Avril , et après il faudra se regrouper derrière celui ou celle qui sera en tête. Les législatives seront décisives , il faudra là aussi jouer la carte du rassemblement. Quoiqu’on en dise MLP et EZ , ont beaucoup d’idées communes, déjà retrouver une France paisible, souveraine, qui défende sa culture et son identité, tout ce que Macron a foulé aux pieds .

  11. Zemmour décrit si bien cette France dans laquelle on aimerait vivre, mais hélas peu de français prennent vraiment conscience du délabrement de notre pays, il faut dire que les média font en général très fort dans la désinformation.

  12. Un meeting submime et Français… Je me demande si le dernier que j’a connucomparable n’était pas celui de Chirac à l’hypodrome de Vincennes en 1988 ???? Mai slà wow c’étaot encore plus fort avec la Tour Eiffeil en fond… Par contre les commentaires des JT montrent à quel poit ça tremble dans les « milieux autorisés » pour reprendre la formule de Coluche. C’est bon signe tout ça pour la France.

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