Éric Zemmour condamné : l’issue surprenante (et provisoire) du Corinnegate

Hapsatou Sy

Nouvel épisode du Corinnegate. L’affaire avait éclaté en septembre 2018 sur C8, dans l’émission Les Terriens du dimanche. Souvenez-vous : face à une Hapsatou Sy qui contestait sa vision de l’assimilation à la française, Éric Zemmour avait qualifié le prénom de la chroniqueuse d’« insulte à la France » et estimé que sa mère aurait mieux fait de choisir un prénom issu du calendrier pour l’appeler, par exemple, « Corinne ». « La France n’est pas une terre vierge, c’est une terre avec une Histoire, avec un passé. Votre prénom n’est pas dans l’Histoire », avait expliqué celui qui n’était encore qu’un journaliste politique. Les propos avaient été coupés au montage, mais Mme Sy avait néanmoins jugé nécessaire de porter plainte pour injure publique à caractère racial.

Le verdict rendu ce jeudi 27 mars par la cour d’appel confirme le jugement de première instance : Éric Zemmour est reconnu coupable « d’insulte publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Il lui est demandé de payer 3.000 euros de dommages et intérêts et 2.000 euros de frais d’avocats à la plaignante.

Un « acharnement judiciaire »

Immédiatement, le président de Reconquête a commenté cette décision de justice sur X. « Il y a 155.000 Corinne en France. Elles seront ravies d’apprendre que, grâce à Hapsatou Sy, leur prénom est devenu une injure raciale », a-t-il commenté avec ironie, dénonçant un « acharnement judiciaire ». « En douze ans, j’ai été traîné douze fois devant les tribunaux. Depuis deux ans ce n’est plus une attaque par an, mais presque une attaque par mois. Tout cela démontre l’ampleur du harcèlement judiciaire dont je suis l’objet, qui s’accélère depuis la campagne présidentielle. […] Les juges politiques ont eu Fillon, ils ne m’auront pas. »

Contacté par BV, l’avocat Gilles-William Goldnadel se montre lui aussi très critique sur l’avis de la cour. « Je ne suis pas un observateur objectif puisque j’ai été témoin de la scène, je faisais moi aussi partie de l’équipe des Terriens du dimanche, nous confie-t-il. J’ai indiqué à Éric Zemmour - avec lequel j’entretiens des liens d’amitié - que je ne partageais pas sa vision des prénoms que je considère comme trop rigoureuse à notre époque... Ceci posé, à aucun moment je n’ai eu l’esprit effleuré par le fait que c’était à l’égard d’Hapsatou Sy une incrimination raciale ou raciste. » Gilles-William Goldnadel se dit surpris du tour pris par cette affaire. « C’était une position basée sur la nation et la nationalité. À aucun moment je n’ai pensé qu’Éric Zemmour s’était mis en danger sur le plan juridique ou judiciaire. Il arrive que les décisions des juges soient empreintes d’idéologie et je ne suis pas loin de penser que celle-là l’est. » Y a-t-il, en France, une jurisprudence et une justice propres à Éric Zemmour ? « Je ne suis pas sûr que, s’il ne s’agissait pas de quelqu’un de très à droite qui s’appelle Éric Zemmour, une telle expression, dans laquelle à aucun moment n’est reprochée l’origine et encore moins la couleur de peau de l’intéressée eût été frappée de condamnation, estime Gilles-William Goldnadel. La réalité, elle est là. »

Prochain épisode : la cassation

Bien décidé à défendre jusqu’au bout sa liberté d’expression, le patron de Reconquête a d’ores et déjà annoncé sa volonté de se pourvoir en cassation. « Il a raison, poursuit Maître Goldnadel. Les juges de la cour suprême sacrifient moins souvent que les juges d’un degré moindre à leur idéologie pour mettre en question le respect du droit et de la jurisprudence. » Or, Éric Zemmour n’en démord pas : cette discussion sur les prénoms relève d’un débat politique lié au principe républicain de l’assimilation qui n’a pas à être tranché par des juges. « J’ai démontré que les parents d’Hapsatou Sy avaient enfreint la loi encore en vigueur au moment de sa naissance en nommant leur fille Hapsatou. Enfreindre la loi d’un pays, c’est l’insulter. […] C’est un débat majeur, mais qui n’avait rien à faire dans une cour de justice. »

Hélas, en France, certains juges n’hésitent pas à interpréter la loi en fonction de leur prisme idéologique et le gouvernement préfère légiférer sur la... « discrimination capillaire » plutôt que discuter la politique d’assimilation des immigrés. Question de priorité.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

60 commentaires

  1. Cette personne n’a rien à faire dans notre pays, qu’elle retourne dans son bled et se face oublier de la France à jamais.

  2. En France tout peut devenir injure publique à caractère racial sauf s’il s’agit d’un propos émis par un non caucasien. Dans cette affaire, si lors de la naissance de cette demoiselle, la loi interdisait de donner un prénom nom reconnu par la France, c’est qu’il y avait déjà compromission de l’officier d’état-civil et la justice devrait alors lui demander des comptes.

  3. Extrêmement déçu par cet interview de zemmour par le gamin duhamel…Grave que Z par vanite ou bêtise se laisse entraîner à étaler des différences entre lui et Marion.qui serait moins « libre que lui « vis à vis du RN..alors qu’elle s’est élevée contre ce que devenait ce parti familial : le fac simple de l’importance.. si c’est sahra knaffo qui est jalouse et le manipule,c’est encore pire…je voterai Marion bien sûr mais notre jeune parti doit déjà se  » jeuniser » pour éviter que son dirigeant se fasse tenir par les ..bisous.. par une » jeunesse » qui lui fait du bien au plumard…

  4. Nos tribunaux n’ont vraiment rien à faire. Moi je serais plutôt pour qu’elle garde son prénom d’origine, de façon à ce que nous sachions à qui nous avons affaire même sans la voir ! Je suis sûre que si j’étais une personnalité politique, elle me poursuivrait pour les propos inverses à ceux d’Eric Zemmour.

  5. Quand j’étais gamin, la plupart de mes copains d’école primaire et de lycée étaient d’origine polonaise, italienne, espagnole…..tous portaient des prénoms francais.

    • En plus , ils avaient l’avantage pour eux et pour nous d’être européens, donc ils étaient compatibles avec notre civilisation ce qui n’est pas un mince détail.

  6. Ils n’ont que cela à faire comme affaires ?? Et on s’étonne que les tribunaux soient encombrés !!

  7. Je me souviens très bien également de cette passe d’armes entre Eric Zemmour et Hapsatou Sy , ma foi on peut déplorer la forme avec laquelle il a dit cela , toujours avec son ton provocateur et impérieux , mais d’un autre côté dire qu’une personne issue de l’immigration devrait plutôt emprunter un prénom à consonance occidentale me ne parait pas un outrage , au contraire une manière d’intégration (de plus souvent des plaintes pour discrimination à l’embauche) , je ne vois pas ce que viennent faire dans ce débat la religion, le caractère racial et même l’ethnie . Une fois de plus on veut faire taire Eric Zemmour par tous les moyens , n’ont droit de s’exprimer que les « nouveaux arrivants » pour calomnier les autochtones , mais dans quel pays vit-on ?

  8. Pour gagner, simple! (enfin il faut demander à son avocat, je ne suis pas juriste) = il suffit de porter plainte pour anti sémitisme envers Zemmour. Un truc qui marche toujours, en principe.

    • Un truc qui marche toujours, en principe.
      #
      Ca marchait tant que la gauche avait convaincu le bon peuple que l’antisémitisme était exclusivement d’extrême droite….Maintenant qu’on sait d’où il vient, c’est plus difficile à condamner….

  9. « Il arrive que les décisions des juges soient empreintes d’idéologie »… Quoi d’étonnant, c’est ce qu’on leur enseigne à l’ENM : « Il faut, en se basant sur une véritable analyse en termes de lutte des classes, trouver sur le terrain judiciaire les modes d’expression de celle-ci, participer à la création de contre-valeurs qui permettent aux juges de rendre des décisions dans un sens socialiste ». (Hubert Dalle, directeur de l’ENM sous Mitterrand.)

  10. Nous avions le Djihâd judiciaire soigneusement orchestré par les Islamistes avec la complaisance des Juges et nous avons désormais « l’Antiracisme judiciaire » érigé en dogme par cette Magistrature « humaniste de Gauche » qui détourne le Droit au profit de leur idéologie!
    Utiliser, abuser, dévoyer le Droit pour satisfaire une volonté de censurer un opposant politique à la bien-pensance est un déni flagrant de Démocratie et de Liberté.
    C’est pour le moins une dérive inquiétante !

    • La justice française a perdu toute dignité en 1974 lors du procès Goldmann. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour un double assassinat, ce verdict provoqua la fureur de la Gauche vertueuse qui ne pouvait laisser condamner l’un des siens et qui obtint la cassation sous un prétexte futile (l’oubli de la date sur le compte-rendu) et un nouveau procès l’innocentant partiellement. Toute honte bue. Le dévoiement de notre justice ne s’est pas amélioré depuis (cf Fillon ou Zemmour).

  11. Parler encore et encore de ces « chances pour la France » telles que cette « croc-niqueuse » de tout ce qui lui a permis de « percer » dans la société française donne un éclairage de ce qu’est devenu la France ! …

    Les coucous poli-tocards crachent aussi dans la soupe lorsqu’ils n’en mangent plus ! … Elle n’a qu’à retourner sur les terres de ses ancêtres … histoire de voir si elle aura toute la « considération » qu’elle estime devoir recevoir ! …

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