Éric Zemmour est-il catho-compatible ?
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Ils sont entre 15 et 20 millions de catholiques à se déclarer « engagés » (enquête Ipsos de janvier 2017). Un électorat à ne pas négliger car assidu aux urnes : aux élections européennes, par exemple, ils étaient 78 % à se déplacer, soit près de 30 points de plus que la participation globale. Un chiffre qui monte jusqu’à 84 % pour les catholiques pratiquants réguliers. Dans cette campagne présidentielle, certains parmi les plus conservateurs d'entre eux ont rejoint les équipes d'Éric Zemmour. Ils ont même ouvert des comptes dédiés sur les réseaux sociaux.
Il serait faux d'imaginer que tous votent à droite. L'Église est universelle et le vote catholique pluriel. De gauche, de centre ou de droite, les catholiques sont à l'image de la société française : fracturés. Selon un récent sondage IFOP pour Le Pèlerin, leurs priorités vont à la santé (pour 82 % d'entre eux), à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme (à 81 %). La lutte contre la délinquance (75 %) occupe la troisième place et l'environnement la onzième. Curieusement, les sujets de bioéthique (GPA et euthanasie) ne les intéressent pas plus que ça, relégués au dernier rang de leurs préoccupations en politique. Mais très majoritairement (pour 96 % d'entre eux), la prochaine élection présidentielle est un enjeu majeur.
En 2017, 15 % des catholiques ont voté Marine Le Pen au premier tour et 38 % au second, signe d'un bon report des voix fillonistes. Mais 62 % d'entre eux se sont prononcés en faveur d'Emmanuel Macron, un chiffre qui a même augmenté lors des européennes. Les « cathos macroniens » ont été séduits par la gestion de crise des gilets jaunes et celle de l'incendie de Notre-Dame. Ils sont en harmonie avec les exhortations de leur pape à l'accueil inconditionnel des migrants. Et, logiquement, ils partagent la même hantise face à la montée des populismes.
Les autres, ceux qui s'accrochent à leur civilisation, sont orphelins de père. Les propos d'Éric Zemmour lorsqu'il fustige le pape François s'adressent à eux : « Il n’aime pas l’Europe, il n’aime pas la France. [...] Autant donner l’Europe à l’islam, en échange de quoi l’islam laisserait le christianisme se développer en Afrique, en Asie ou ailleurs. » Électeurs traditionnels du RN ou de la frange conservatrice des LR, difficile de savoir s'ils resteront pour une part fidèles à Marine Le Pen et, pour le reste d'entre eux, convaincus par les discours et trahisons de Valérie Pécresse.
Dimanche, à Villepinte, on a vu apparaître en soutiens officiels d'Éric Zemmour des figures catholiques engagées en politique : Jean-Frédéric Poisson et Christine Boutin pour le VIA, la voie du peuple (anciennement PCD), Laurence Trochu pour le Mouvement conservateur. Ces éternels soutiens qui n'ont jamais réussi à faite porter leurs idées par la vieille droite et ont toujours refusé de franchir la ligne rouge du RN sont enfin en rupture définitive du LR. Éric Zemmour, c'est un peu leur joker. Trouveront ils l'herbe plus verte que chez Marine Le Pen ?
Des cadres et militants de la Manif pour tous comme Albéric Dumont en charge de sa sécurité rejoignent les rangs eux aussi. Même Ludovine de La Rochère ne cache pas sa sympathie pour Zemmour :« Quand il défend la filiation, la famille avec un père et une mère, il nous rejoint. Les autres politiques n’osent plus le dire aussi clairement. »
Pour l'instant, pas ou très peu de propositions marquant le début d'un vrai programme de politique familiale. Pas de signe de défense de la vie ou même de volonté d'abrogation du mariage homosexuel ou de la PMA. On ne peut en vouloir à Zemmour ; la sévère mise au pain sec du malheureux François-Xavier Bellamy coupable de propos sur l'avortement découragerait les plus aguerris. Seule certitude : son opposition ferme à la théorie du genre. C'est déjà ça pour le polémiste qui déclarait, autrefois, que « le mariage homosexuel était une erreur ».
Présente également à la tribune, Agnès Marion, ancienne élue et cadre du RN en rupture de ban avec son parti. Elle nous explique pourquoi, cette fois, elle y croit : « Intellectuellement, il a compris ce pourquoi on se battait et que les attaques qu'on peut faire à la famille sont l'alter ego de ce qu'on peut faire à la France. »
Si tous les chemins mènent à Rome, le parcours de certains catholiques, cette année, passera chez Zemmour. Ne reste plus qu'à leur souhaiter ne pas être cocus une nouvelle fois !
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