Éric Zemmour : quelques réserves…
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Éric Zemmour a surgi dans le paysage politique tel l’homme providentiel attendu par les milieux conservateurs de droite déçus autant par les Républicains que par le Rassemblement national. Serait-il ce troisième homme capable de remettre enfin la France sur les rails du redressement ?
Même si beaucoup de ce qu’il exprime est juste et fondé, ne doit-on pas néanmoins, à cette heure, formuler des réserves ? J'en vois au moins trois.
La première, sur sa capacité à se projeter dans l’avenir de manière positive en sortant d’une analyse négative, étriquée et pessimiste. Car son discours n’offre pas d’issue et ne laisse pas entrevoir la possibilité et les modalités d’un redressement national effectif et durable. L’avenir lèvera peut-être cette hypothèque : attendons ses propositions.
La deuxième réserve porte sur son aptitude à se glisser dans le costume d’un président de la République française dont nous voyons, depuis tant d’années, à quel point il est difficile à porter. La preuve n’est pas faite. Prudence, donc.
D’où mon inquiétude, celle de voir toutes ces personnes de qualité venues de multiples horizons se jeter dans son sillage aussi rapidement et sans assurances. Pour avoir été du « Combat pour les valeurs » et du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, je me crois autorisé à exprimer ce nécessaire appel à la prudence et à la vigilance. Un nouvel échec signerait la fin de toutes les espérances du mouvement conservateur qui a peut-être dans ses rangs un homme ou une femme d’État capable de relever ce défi à moyen terme…
La troisième réserve, récente, est provoquée par une actualité - je veux parler de l’incident de la une de Paris Match.
Certes, nous sommes face à une initiative médiatique aussi misérable qu’ordurière, attentatoire à la vie privée ; il est inutile de s’appesantir sur ce diagnostic, même si la question se pose, à mon sens, de savoir si un homme ou une femme publics « s’appartiennent encore ». Le chroniqueur Éric Zemmour aurait été capable de dénoncer ce système médiatique à l’américaine qui nous envahit depuis nombre d’années et qui vient de vivre avec cet incident une manifestation supplémentaire édifiante, mais pas vraiment surprenante. Les poubelles et leurs utilisateurs étaient sur le pied de guerre… Notre homme et sa conseillère le savaient. S’ils voulaient éviter cela, ils devaient se mettre sur leurs gardes ; que ne l’ont-ils pas fait !
Dans ces conditions, alors qu’il était entouré de centaines de personnes munies d’appareils photo et de téléphones portables, comment Éric Zemmour a-t-il pu s’exposer ainsi ? S’il l’a fait par inattention, est-ce acceptable de la part d’un prétendant au gouvernement de la France ? Non, il ne peut pas être naïf à ce point.
C'est pourquoi je pense qu'Éric Zemmour a nécessairement provoqué les médias présents sur cette plage, de manière volontaire. Comment peut-il en être autrement ? Se soumettrait-il au jeu dangereux, tant de fois dénoncé, y compris par lui, de la « peopolisation » de la vie politique, avec l’espoir de l'utiliser à son profit ?
Nous avons besoin d’un homme ou d’une femme d’État. Nous avons suffisamment reproché à ceux qui nous gouvernent depuis 1974 d’être normaux et médiocres pour rester sur nos gardes après ce regrettable dérapage médiatique. La route est encore longue… Nous verrons… Mais soyons vigilants tout en gardant espoir qu’enfin la politique française sorte de son « ronron » républicain !
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