Espionnage chinois : les curieux mariages de Brest

Les recettes de manipulation de l’âme humaine sont vieilles comme le monde et, tout comme l’âme humaine, elles n’ont pas beaucoup changé en plusieurs millénaires. Il paraît que nos services spéciaux résument ces leviers universels par l’acronyme VICE (Vénalité, Idéologie, Compromission, Ego). Cela suffit en effet à résumer, à tout le moins, les principaux scandales de taupes depuis la guerre froide jusqu’à nos jours. Toutefois, il y a bien une cinquième corde sensible, à laquelle il faut être bien tordu pour penser : l’amour. C’est ce que semblent avoir compris, dans le droit fil du KGB d’autrefois, les services chinois contemporains.

Agents « Roméo »

L’ex-bloc soviétique s’était fait une spécialité de cette création d’histoires d’amour, en apparence spontanées, en réalité totalement téléguidées par le machiavélisme amoral des services de renseignement communistes. La Stasi, la police politique est-allemande, avait ainsi mis sur pied une petite unité composée d’agents « Roméo ». La mission de ces espions très particuliers était de séduire en priorité les secrétaires de direction ouest-allemandes travaillant dans des états-majors sensibles, afin de leur soutirer, sur l’oreiller, des informations confidentielles. Certaines de ces relations aboutirent à des mariages, dans lesquels les femmes étaient inconscientes de ce qui se passait… jusqu’à la déclassification des documents confidentiels, après la réunification…

“Brest is a rainy industrial port…that is home to the French navy and its submarine nuclear deterrent. It has also witnessed a remarkable number of weddings in recent years between female Chinese students and the seamen who work at its naval bases” https://t.co/MKpdW7RU8x

— Shashank Joshi (@shashj) April 29, 2024

À Brest, la base sous-marine de l'île Longue abrite nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, c’est-à-dire le bras armé de notre dissuasion - vous savez, celle que Macron veut partager avec les 27 pays membres de l’Union européenne. Les parlementaires français, alertés depuis 2019 par un certain nombre de hauts gradés de la Marine Nationale, notamment le vice-amiral Morio de l’Isle, chargé des opérations aéronavales, se posent de plus en plus de questions sur la composition des couples qui y travaillent. Figurez-vous, en effet, que de plus en plus de marins sont en couple avec d’accortes étudiantes chinoises. Des sources du monde des armées indiquent que le « problème » est le même à Rennes, centre de formation des transmissions et de la cyberguerre de l’armée de terre.

La Chine a décidé de subvertir l’Occident

Il n’y aurait, sur le principe, évidemment rien à redire à ces amours internationales si les statistiques n’en faisaient pas une bien étrange tendance de fond. On ironisait, jadis, sur la technique du « pot de miel » qui consistait à provoquer ces idylles en décrivant de telles manœuvres comme appartenant au passé. Il semble bien que la Chine ait parfaitement compris quels avantages elle pouvait tirer du profil brillant et de la séduction particulière de ses jeunes filles.

Plus généralement, le Financial Times révèle que la Chine a décidé de subvertir l’Occident en commençant par le plus stratégique et le plus évident (les bases nucléaires, donc) et en allant jusqu’au plus profond, au plus long terme. Le MSS chinois, qui s’occupe de tout le spectre du renseignement (extérieur comme intérieur), est ainsi suspecté par de nombreuses agences occidentales (notamment en Finlande et au Royaume-Uni) de nouer des contacts avec des partis politiques européens. Il s’agirait de reprendre une partie des menées russes, c’est-à-dire, selon l'explication de Dan Lomas, professeur adjoint en relations internationales à l'université de Nottingham : « semer le doute sur la démocratie » (laquelle, entre nous, n’a pas besoin de ça pour être sujette à caution).

Et nous, Européens ? Et nous, Français ? Quelles mesures prenons-nous pour conserver un peu de notre souveraineté ? Pour terminer, justement, sur l’exemple de l’arme nucléaire, quand on a des marins convoités par des espionnes chinoises et un chef de l’État qui prétend mutualiser notre force de frappe au profit de toute l’Union européenne, on a vraiment l’impression que c’est open bar…

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