Et au milieu coule une vigne

coulée de serrant

En cette époque de crise sanitaire où l’on entend à peu près tout et son contraire, suivons le conseil avisé d’Alexander Fleming, médecin bactériologiste : « C’est la pénicilline qui guérit les hommes mais c’est le bon vin qui les rend heureux. » Le vin, produit de la vigne, et les territoires viticoles faisant partie de notre patrimoine culturel, gastronomique et paysager, partons vers ce lieu de rêve, profiter du charme et de la douceur angevine, à la découverte de la Coulée de Serrant, à Savennières (Maine-et-Loire).

Plantée au XIIe siècle par des moines cisterciens, la Coulée de Serrant est toujours restée en vigne depuis. 890 vendanges plus tard, propriété de la famille Joly depuis les années 50, la troisième génération de vignerons s’applique à cœur joie avec un infini respect de la nature. Vincent, le fils, nous explique la déontologie qualitative « proche des méthodes ancestrales des moines » pour sortir d’une logique de rendement, cultiver avec amour et patience leur vin. Ici, point de laboratoire, mais « une cave extrêmement simple », aucun produit chimique de synthèse (acaricide, pesticide, désherbant, nitrate et autres produits aux appellations si poétiques), ni levurage, ni acidification, ni contrôle de température. La démarche spécifique de la famille Joly s’appuie sur la biodynamie. « Une approche basée sur le constat que la terre reçoit la vie, et ne la possède pas. »

Par ailleurs, la culture est soignée par différentes tisanes, réchauffée par du thym ou des labiées, et ce sont des moutons qui nettoient les vignes comme de véritables jardiniers. Elle est cultivée en partie à la main et au cheval, du fait de la raideur des pentes qui surplombent la magnifique Loire. D’ailleurs, le père de Vincent, Nicolas Joly, auteur de nombreux ouvrages sur la biodynamie, évoque son agriculture comme un art, et l’on veut bien le croire.

Tout au long de l’année, « des visiteurs passionnés d’histoire venus admirer l’ancienne forteresse de la Roche-aux-Moines ou profiter de cette région très préservée, un peu hors du temps », peuvent visiter le domaine et déguster l’une des trois cuvées de cette appellation contrôlée que Curnonsky, le prince des gastronomes, qualifie d’« un des cinq plus grands vins blancs de France ».

Lors de ces dégustations, « nous voyons des personnes à la recherche de sens et de racines aussi », explique Vincent, avant de conclure : « Le vin a une histoire et une implantation locales. Très modestement, nous avons la satisfaction de leur proposer avec ce produit naturel une forme de réenracinement. »

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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