Et le progressiste inventa la voiture électrique bruyante
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Comme la chenille devient papillon, l’automobiliste qui descend de sa voiture se métamorphose en piéton. Magie de la nature qui voit un individu contrôlé, radarisé, surveillé, verbalisé, culpabilisé, se muer en un électron libre choyé, irresponsabilisé, bénéficiant de toutes les impunités, incapable de tourner la tête à gauche et à droite avant de traverser et dont le royaume est le vénéré « passage piétons ».
Partant de ce postulat, ceux qui pensaient que le silence était un des atouts de la voiture électrique vont s’apercevoir qu’ils n’avaient rien compris au concept. En cause, sa majesté piéton plongé dans son smartphone qui n’entendra pas le véhicule arriver et finira donc percuté par l’odieuse machine roulante.
En un mot comme en cent, la voiture électrique va faire du bruit. À compter du 1er juillet, en dessous de 20 km/h, cette merveille de l’écologie sera contrainte d’émettre un son continu destiné à signaler sa présence auprès de la gent pédestre. Ainsi, les slalomeurs sur boulevard et autres traverseurs de rue quand le petit bonhomme est rouge seront prévenus de l’arrivée de cet opportun qui ose se déplacer sur un espace qui lui est réservé.
À la manière de la sonnerie du téléphone, constructeurs et utilisateurs pourront choisir la nature du son émis par le véhicule. Galops de chevaux, sirènes, chansons de Céline Dion, hurlements de loups le soir au clair de lune, rugissements de fauves…
Les voies sur berges réputées pour leur 12 km/h en vitesse de pointe seront, ainsi, le théâtre d’un concert de musique contemporaine permanent, d’une cacophonie hétéroclite émise au nom de la propreté de la planète. Des boulevards monteront, vers les étages des riverains, un conglomérat sonore, des bouillies de bruits non identifiables qui feront passer le vrombissement des moteurs à explosion pour une aimable chansonnette. Du boucan d’amateur.
Après les batteries, dont on semble ne savoir que faire, ainsi que les dégâts sur l’environnent engendrés par leur fabrication, voici venir la nuisance inventée de toute pièce, le chef-d’œuvre des créateurs d’emmerdements : le bruit gratuit. Sa sainteté piétonne ne s’adaptera pas au silence de la ville. La circulation continuera à éructer pour lui permettre de divaguer à son aise.
La fiche technique est sans appel. L’intensité sonore est fixée à 56 décibels minimum. Maximum non précisé. Le Parisien, suiveur en diable, minimise l’innovation en comparant cette norme au bruit « d’un lave-vaisselle, d’un ordinateur de bureau ou de l’ambiance paisible d’un restaurant ». 3.000 lave-vaisselle sur le périphérique, 500 restaurants paisibles qui démarrent au feu vert… L’auteur de l’article passe outre le chaos sonore provoqué par la superposition d’effets divers et variés choisis par les automobilistes. Le silence des médias sur l’incongruité de cette mesure restera, quant à lui, total. Les piétons sont inquiets.
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