Et l’île de la Passion pour les terroristes, vous y avez pensé ?
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Envahis de vague à l’âme, nous nous souvenons vaguement des vaguemestres, ces facteurs militaires qui, courbés dans les tranchées, transmettaient aux poilus les pensées chaleureuses de ceux qui vivaient de l’autre côté de la ligne de front.
Que faire, maintenant, de nos compatriotes encapuchés de noir, libérés par anticipation ou rapatriés en masse par notre Garde des Sceaux ; ces bien mauvais facteurs qui transportent dans leur besace, non pas des lettres d’amour mais des versets sataniques ? Ils ne les délivrent que rarement à domicile mais de préférence aux premiers venus, au hasard, dans la rue. Gisant sur le bitume, les mécréants agonisants sauraient-ils signer l’accusé de réception ?
Les exécutions au poteau pour haute trahison ne sont plus au goût du jour d’une époque devenue « totalitairement » humaniste. Que faire, alors ?
Expulser un délinquant étranger pourrait-être aisé… une simple application de la loi, si tant est que l’on s’applique à l’appliquer enfin. Déchoir d’une demi-nationalité française un demi-national criminel pourrait l’être tout autant… une franche volonté politique adossée à la plus évidente raison. Ce serait, en effet, bonne justice que de restituer à leurs nations d’origine les individus qu’elles nous avaient généreusement expédiés. En revanche, il serait légalement beaucoup plus difficile, en l’état actuel de notre Constitution, de retirer sa nationalité à un citoyen français. Il existe, néanmoins, une solution efficace qui pourrait concilier le respect des droits internationaux avec l’impérieuse nécessité d’un éloignement.
Mus par cet état d’esprit, respectueux tant de l’État de droit que de l’esprit des lois, consultons les listes des reliquats des possessions françaises en confettis maritimes.
L’île du Diable ? Inenvisageable ! Ce serait faire insulte à la mémoire du capitaine Dreyfus.
Mayotte ? Inutile d’y penser, tant les malheureux Mahorais sont déjà submergés par les flots comoriens.
La Nouvelle-Calédonie ? Il n’est pas sûr que les Canaques voient d’un bon œil cette colonisation d’un troisième type, bien loin de leurs traditions ancestrales.
Continuons la recherche… Bingo ! Clipperton Island, île de la Passion dans la langue d’Hugo, à 540 milles marins à l’ouest des côtes mexicaines. Population ? Néant.
Qui, alors, oserait parler de déportation pour de simples transferts d’un territoire français à un autre. Même la CEDH ne pourrait s’y opposer. Ce ne serait pas une grande violence que d’imposer à nos mauvais facteurs une permanente assignation à résidence sur un atoll de carte postale. Bien loin du bagne de Chéri-Bibi, mais plutôt Guantánamo à la française… et là, nul besoin de bracelets électroniques, d’associations déradicalisatrices, de gardiens inquiets de coups de poinçons… Quelle économie substantielle !
De plus, cela constituerait une expérience sociologique in vivo d’une autogestion imposée. On pourrait y observer les progrès réalisés par cet embryon de civilisation inédite. Que pourrait-elle bien produire ?
Une sorte de califat au Pacifique où, enfin, pourrait s’accomplir leur projet de pureté ultime. Ensuite, quand il ne restera plus d’espace vital, il ne leur restera plus qu’à s’entre-dévorer à l’instar des Pascuans.
À l’inverse d’être coûteuse, l’opération serait rentable : quelques caméras camouflées dans les cocotiers pour médiatiser cette juteuse télé-réalité d’un Koh-Lanta futuriste.
Ce sera la grande révélation du « cœur des ténèbres » en remontant vers la source du fleuve de la sauvagerie originelle, comme l’écrivait si bien Joseph Conrad.
Suggérons un titre pour l’émission : Apocalypse Now !
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