Et maintenant, on flashe les automobilistes solitaires !

Ringbordeaux

Les radars de covoiturage flashent les automobilistes ayant le tort de conduire seuls sur la voie de gauche depuis le 29 juillet, à Lyon, après une installation le 12 juillet, selon Le Figaro.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan national de covoiturage du quotidien déployé par l’État depuis 2023. Il s’appuie sur les collectivités financées à hauteur de 50 millions d’euros en 2023 grâce au Fonds vert. Un principe qui rappelle la voie réservée au personnel olympique pour les JO de Paris 2024. Cette idée géniale du radar de covoiturage vient enrichir le spectre des radars et des PV de la France, déjà dotée d’un parc de 4.578 appareils automatisés en 2023, selon la Sécurité routière. Avec cette nouvelle solution, les pouvoirs publics s’évertuent à lutter contre l’« autosolisme ». Ce néologisme désigne une pratique consistant à voyager seul en voiture. Évidemment, les collectivités punitives écologistes se sont engouffrées dans le dispositif.

Un dispositif intrusif et implacable

Pour ce faire, le joujou technologique de la société Pryntec peut détecter, avec ses radars, la présence de passagers et flasher les plaques d'immatriculation sur la voie de gauche réservée au covoiturage. Ce sont des petites tours d’acier noires avec une caméra thermique qui fonctionnent en permanence. Grâce à une assistance de l'intelligence artificielle et des policiers municipaux, elle peut ainsi passer au crible les vitres teintées et discerner l’homme de la poupée ou du mannequin et même de l’animal, qui ne compte pas pour un passager. Signalées par un losange blanc, elles épargnent les véhicules avec au moins deux personnes, les véhicules électriques Crit’Air 0, les taxis et les secours. À la clé, pour les contrevenants, une amende de 135 euros...

Ces voies de covoiturage ne datent pas d’hier, puisqu’elles sont entrées en vigueur en 2020 et, au 31 décembre 2023, on comptait 52 kilomètres de voies sur le territoire français. On les trouve notamment dans les agglomérations de Lyon, Bordeaux, Grenoble, Annecy, Strasbourg, Rennes et Nantes. La plupart d'entre elles sont colorées à gauche.

Au départ, la démarche se voulait « pédagogique », car pour les mauvais élèves, « un message s’affichait sur les panneaux à messages variables pour signaler aux usagers qu’ils se trouvaient sur une voie réservée », selon l’entreprise Pryntec ayant développé la solution de radars. Cependant, un arrêté publié au Journal officiel le 30 avril 2024 permet désormais aux collectivités locales compétentes de sanctionner les contrevenants. Évidemment...

Une politique en décalage avec le réel

L’enjeu, louable au départ, est de réduire l’impact carbone et de désengorger les voies. En effet, le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, selon le Haut Conseil pour le climat. En 2022, il constituait 32 % des émissions françaises de GES. 52 % seraient du fait des voitures de particuliers. Pourtant, les voies de covoiturage sont-elles vraiment la solution ?

À Strasbourg, par exemple, leur mise en place a entraîné une augmentation des ralentissements et des bouchons sur les voies classiques. La voie de gauche sur le périphérique parisien réservée au comité des JO 2024, et peut-être bientôt aux covoitureurs, a donné la température. Selon Fabrice Godefroy, expert Mobilité et Environnement pour l'association « 40 millions d'automobilistes », « le 15 juillet, avant les JO, il n’y avait personne à gauche et les autres voies étaient totalement bouchées ». Par ailleurs, qui dit plus de passagers dans une voiture dit moins de voitures, en principe. Mais avec cette politique, c'est aussi une voie en moins pour 97 % des automobilistes particuliers. « Le covoiturage, aujourd'hui, représente 3 % des déplacements quotidiens », déclare Fabrice Godefroy, interrogé par BV. Selon lui, il faudrait avoir une vision à 360 degrés réaliste au quotidien et des infrastructures nécessaires avant d'installer ce genre de voie. « Pour les trajets longue durée, c'est très bien, il y a de nombreuses offres qui existent, mais au quotidien, pour du banlieue-Paris et du Paris-banlieue, c'est très compliqué de trouver quelqu’un qui part à la même heure, du même endroit pour le même endroit », ajoute-t-il, quand on sait que 70 % des déplacements domicile-travail, si l'on en croit le gouvernement, sont réalisés avec des véhicules individuels.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/08/2024 à 16:15.
Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

64 commentaires

  1. Apres l’Arcom et l’atteinte à la liberté d’expression c’est la banalisation de la reconnaissance faciale,l’atteinte à la liberté dechacun de covoiturer qui il veut,une nouvelle instauration du totalitarisme écologique, bref un nouveau pas vers la dictature

  2. Plus les voitures électriques son chargées, plus elles sont lourdes, et donc elles raclent encore plus l’asphalte et polluent davantage. Elles ne sont pas aussi écologiques qu’on veut nous le faire croire. En plus… qui extrait les métaux rares nécessaires à leur production? la plupart du temps ce sont des enfants qui ne sont même pas protégés. Et une fois la batterie électrique fichue, on ne sait pas quoi en faire. C’est cela l’écologie???

  3. La voie de gauche réservée au covoiturage (losange blanc) existe aux USA depuis des décennies et cela fonctionne très bien, sauf que, là-bas ce n’est pas le « tout-ou-rien » chers à nos brillants fonctionnaires, il y a des plages horaires d’activation ( indiquées sur les panneaux, par exemple le matin et le soir, en semaine, au moment où l’on se rend au travail ou en revient). En matière de gestion de la circulation routière, la France, seulement par rapport au reste de l’Europe a des années de retard, grâce à nos « brillants » fonctionnaires !

  4. Complètement aberrant et absurde. Allez trouver un ou des passagers qui travaillent dans le même lieu et qui surtout ont exactement les mêmes horaires que vous. Si malheureusement vous devez à l’imprévu quitter votre travail en pleine journée, que font vos passagers ? Sans compter que cette voie de gauche qui permettait de désenclaver la circulation devient quasi nulle puisqu’elle ne draine plus autant de véhicules qu’auparavant , donc des ralentissements, consommation plus importante et pollution également plus importante. Mais ces directives sont imposées par des têtes bien pensantes, je pense au contraire que celles-ci n’ont pas de cervelle, qui n’utilisent pas leur voiture et si c’était, font-elles du covoiturage ? Elles ne vont pas s’inventer un bâton pour se faire battre si elles sont concernées. Et bien sûr aucunes allusions aux célibataires qui se rendent à leur travail, Ce covoiturage annule le fait de pouvoir s’arrêter en cours de route pour traiter une affaire ou faire des achats au retour. Il y a de quoi se rebeller face à ce genre d’imbécilité et d’incrédulité

  5. Avec l’hygiène douteuse remarquée, ce n’est pas demain que je pratiquerais le covoiturage, cela étant, les idées farfelues foisonnent…..

  6. Lucie Castets n’a pas à s’inquiéter : première ministre ou pas, son programme est déjà mis en œuvre !

  7. La banalisation de la reconnaissance faciale m’inquiète plus que la traque des « voituro-solitaires ». La sovietisation de la société s’accélère !

  8. Cette sorte de totalitarisme écologique peut justifier n’importe quelle décision. C’est effrayant pour le futur.

  9. Solution très simple : mettez un mannequin gonflable ou une poupée (selon ses goûts) sur le siège passager et à l’arrière .

  10. Conseiller en mobilité je puis dire que ça ne fonctionne pas et les points de rencontre pour covoiturage près de chez moi sont vides à longueur d’année. Les horaires et les habitudes des gens sont ainsi faites, ainsi par exemple,une de mes filles travaille la nuit, le matin, ou l’après-midi selon son horaire, et l’autre travaille un jour ou deux au boulot, le reste du temps elle est en télé-travail. Ca commence fort…et elles ne travaillent pas dans la même ville.

  11. Mon voisin en couple peut les utiliser pour aller faire ses courses avec sa compagne, ce qui est très loin de l’esprit du covoiturage vous l’admettrez, alors que moi pour qui les aléas de la vie ont rendu seul, je subis encore cette punition, ce bannissement de ces voies alors que je paye plus d’impôts du fait de ma situation fiscale (1 part seulement) par exemple. Pourquoi cette injustice, pourquoi cette double peine, pourquoi me montre donc du doigt et on me puni parce que la vie m’a rendu seul ? C’est une injustice et j’ai bien envie de partir en croisade judiciaire contre.

  12. Je ne ferais jamais monter dans ma voiture des personnes que je connais pas vu ce qui se passe il y a tellement d’individus dangereux dans notre pays .

  13. Ça marcherait dans un pays évolué, mais pas en France ou l’égoïsme et l individualisme sont roi

  14. Ce ne serait pas une forme de dictature, cette mesure ? Quid de la liberté individuelle de chacun, à partager ou non son espace ? Et vus les bouchons sur les voies de droite et du milieu, je ne pense pas que l’écologie y gagne ! Les écolos sont des « Khmer verts », des rois de l’écologie punitive. Ils devraient se trouver un vrai boulot, avec les mêmes contraintes que la population ; ça les occuperait et ça nous ferait des vacances !

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