Et pour le perchoir, vous êtes plutôt Sandrine Rousseau ou Charles de Courson ?
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La question pourrait provenir d'un questionnaire de Proust (Gaspard). Pour le perchoir, vous êtes plutôt Sandrine Rousseau ou plutôt Charles de Courson ? Les deux sont des perchés, chacun à sa façon, et ils viennent de présenter leur candidature. Sandrine Rousseau, l'inénarrable déconstructrice des mâles, des barbecues et de la conjugaison. Charles de Courson, lui, nous regarde du haut de ses huit élections au palais Bourbon, de ses quartiers de noblesse, de ses prestigieux héritages familiaux mais aussi de ses états de service de parlementaire qui pourraient être décisifs, le 18 juillet, pour l'élection du quatrième personnage de l'État.
En effet, pour occuper cette fonction et, a fortiori, dans une Assemblée sans majorité ni absolue ni relative claire, il faut être capable de regarder (et d'être regardé) au-delà de son camp. Il faut se montrer à l'écoute des députés et s'ériger en grand défenseur du fait parlementaire. Sandrine Rousseau, qui a mis son projet déconstructeur au placard, l'a bien compris : « Je pense qu'il faut redonner toute sa place à l'Assemblée nationale », a-t-elle affirmé sur RMC, ce jeudi matin. Et elle donne des gages (qui n'engagent que ceux qui...) : « J'ai pris position pour que nous n'utilisions pas le 49.3 quand nous serons au gouvernement. Il faut accepter de perdre », a-t-elle encore ajouté. Là voilà, la déconstruction inavouée : Sandrine Rousseau sera la présidente arbitre et spectatrice d'une majorité NFP qui perd. Elle a aussi pour projet d'évacuer la violence de l'Hémicycle : « Pour sortir de ce truc de la violence contre la violence, de la motion de censure contre le 49.3, il faut apaiser tout ça. »
Charles de Courson, lui, a certainement plus de chance, malgré son gros handicap de mâle blanc. Bien qu'issu d'un petit groupe (LIOT), son parcours politique et ses choix en font un parlementaire respecté de l'ensemble des groupes parlementaires. Et même fort apprécié de la NUPES, comme l'avait ici dénoncé Georges Michel, il y a deux ans : son retrait avait permis l'élection de l'insoumis Coquerel à la présidence de la prestigieuse commission des finances. Du côté du NFP et du RN, on se souvient aussi de son opposition à la réforme des retraites, votée en 2023. Avec son groupe LIOT, il avait déposé une motion de censure transpartisane qui était à neuf voix de faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne. Un héros de l'anti-macronisme, donc, comme l'avait encore bien vu Georges Michel. Il préparait même, avant la dissolution surprise, un vote de défiance pour la rentrée en vue du projet de loi de finances. De quoi le priver des voix macronistes ? C'est oublier que, de centre droit, il a appelé deux fois à voter pour Emmanuel Macron et a lui-même été réélu, cette fois-ci, par le « front républicain », mais à seulement 400 voix, ce qui pourrait augurer une défaite, la prochaine fois... Un dernier fait d'armes avant la chute de l'Ancien Régime, pour Charles de Courson ?
Il aura à affronter Sébastien Chenu, vice-président RN de l'Assemblée sortante, et Yaël Braun-Pivet, son ancienne présidente. Un premier tour ne suffira pas à les départager, chaque camp comptant ses voix. Mais pourquoi ne pas imaginer, pour faire barrage et à la gauche Rousseau et à la candidate macroniste, le ralliement sur son nom des voix LR (il fut, naguère, leur compagnon), LIOT et d'une partie des macronistes de droite, et même du RN, qui, faiseur de rois, et d'un roi de tous les Français, se démarquerait du sectarisme de la gauche qui annonçait, ces jours-ci, vouloir priver le RN, premier groupe parlementaire, de tout poste de responsabilité ?
Charles de Courson, l'aristocrate de transition entre l'Ancien Régime et la marée qui monte ?
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24 commentaires
A tant faire, Rousseau. Ainsi nous pourrons boire le calice jusqu’à la lie, cul-sec dans un grand élan comique.
La question est un gag ? entre Charles de Courson et Sandrine il n’y a pas photo, les comparer est même une insulte pour Courson !
Ni l,un ni l’autre puisque c’est Blackrock et Mackinsey et l’UE qui gèrent nos institutions en sous-main!
Charles de Courson est un député respectable et ses électeurs ne s’y sont pas trompés, Pour Sandrine, hélas, tout le monde peut se tromper.
Charles de Courson me semble un opportuniste toujours capable de passer entre les gouttes comme Edgar Faure autrefois. Ce serait le triomphe des politiciens sur la politique mais il n’y a rien de nouveau là. Cela semble la moins pire des solutions