Et si on parlait de l’interview-mascarade du 14 Juillet ?
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« Il y a un but, mais pas de chemin ; ce que nous nommons chemin est hésitation », affirmait Franz Kafka.
Admettons que de se « réinventer » en quelques semaines en pleine crise sanitaire est un exercice pour ainsi dire impossible. Mais force est de constater que le Président Macron est toujours au point mort mi-juillet. Ne lui en déplaise, notre premier de cordée à la pensée si complexe fut avant tout vague et inquiétant lors de cette trop longue interview du 14 juillet 2020.
Vague et inquiétant sur la réforme. Pas facile de se réinventer. Retraites, par exemple. Il veut continuer d’essayer de convaincre les Français que le montant de leur pension de retraite sera plus juste et plus élevé en calculant leur pension sur toute la durée de leur vie active, soit peu ou prou 42 années de cotisation, plutôt qu’en ne retenant, comme aujourd’hui pour un salarié du privé, qu’une base de calcul sur les 25 meilleures années. Je reste dans l’attente de cette démonstration qui devrait être aussi limpide que le sont les mathématiques.
Les recettes éculées et inefficaces de l’ancien monde viennent à sa rescousse pour tenter de répondre à la vague annoncée des centaines de milliers de jeunes qui ne trouveront pas d’emploi à la rentrée et qui resteront au bord du chemin, encore plus précarisés. Il nous ressort les « contrats d’avenir » et les « contrats de génération » chers à François Hollande dès 2013, sans parler du service civique dont il va porter le nombre de 140.000 à 240.000 dans les six mois. Aujourd’hui, il a annoncé que les jeunes seront 300.000 à bénéficier du tout « nouveau » contrat d’insertion auxquels s’ajouteront quelque 200.000 places en formation complémentaire. Et, dans quelques mois, ces milliers de jeunes, nouvellement occupés, disparaîtront des chiffres officiels du chômage qui resteront ainsi présentables aux Français même si le taux atteignait 10 %, voire 11 %. Depuis des années, il subsiste toujours 300 à 350.000 emplois non pourvus en France dans des secteurs comme le bâtiment, l’informatique, les services à la personne, l’hôtellerie, la restauration, les transports ou le commerce. Et personne, parmi nos gouvernants en 2020, comme en 1986 quand j’ai démarré dans la vie active, n’a l’idée de s’attaquer à ce gisement récurrent d’emplois jamais pourvus.
Pour le reste, curieusement, rien ou presque à se mettre sous la dent.
Pas un seul mot sur l’autorité de l’État pourtant mise à mal, c’est le moins que l’on puisse écrire depuis des semaines sinon des mois. Pour rappel, un quartier nord de Dijon mis à feu et à sac mi-juin par des combats de rue entre des Tchétchènes et des Maghrébins. Le 4 juillet, l’assassinat du gendarme Mélanie Lemée, 25 ans, lors d’un banal contrôle routier ou encore le drame mortel, le 11 juillet, du chauffeur de bus de Bayonne, Philippe Monguillot.
Rien non plus (ou si peu) sur le virage écologique promis et annoncé qu’il doit prendre depuis des mois, sauf quelques phrases creuses en fin d’interview quand il évoque le plan de relance. Je le cite : « Cent milliards d’euros pour la relance industrielle, écologique, locale, culturelle et éducative. » Il ne précise pas quelle part de cette manne sera consacrée à la transition écologique proprement dite. Les mouvements écologiques en seront donc pour leurs frais pour des mesures très concrètes. Ils ne peuvent rêver qu’à l’inscription de la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution. Mais ce n’est pas demain la veille, même si le Président s’est déclaré favorable à cette mesure symbolique. Il faut bien aller chercher quelques pourcentages de voix écologistes pour sa réélection en 2022.
Pas facile de se réinventer. En fin de compte, 75 minutes d’un entretien pour ainsi dire inutile, sauf à vivement recommander aux Français le port systématique du masque dans les lieux clos à compter du 1er août 2020.
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