Était-ce bien aux contribuables de payer les obsèques de Johnny Hallyday ?

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Dans l’église de la Madeleine, face au cercueil blanc où reposait Johnny Hallyday, ce 9 décembre 2017, une « première ligne » comme on en voit rarement.

Au bout du rang, à droite, Julie Gayet et François Hollande, puis Carla Bruni et Nicolas Sarkozy ; à leur gauche, Gérard Larcher, président du Sénat, le Premier ministre Édouard Philippe et, pour finir en beauté, côté allée centrale, Brigitte Macron et le Président son époux.

Deux ans ou presque se sont écoulés depuis ce jour où la France a tout arrêté pour pleurer son rocker. Deux ans où les règlements de comptes entre héritiers ont émaillé l’actualité. De sordides histoires de gros sous, la veuve tentant d’échapper à sa citoyenneté pour mieux se soustraire au droit français, plus « partageur » que le droit californien. Qu’importe, la machine à cash continue de tourner puisque la voix de Johnny, mixée aux sanglots longs des violons berce nos cœurs d’une langueur d’automne : l’album posthume sorti le 25 octobre a déjà franchi le million de ventes.

Certes, les Français ont le droit de choisir leurs héros et la façon de dépenser leur pognon. Le droit, aussi, de savoir ce qu’on prend dans leur poche et pourquoi, et là… pas sûr qu’ils en aient eu tout à fait conscience…

C’est Benalla qui balance. Un gars qui peut endosser tous les rôles, ce Benalla, à la fois Alexandre le bienheureux, histrion du quinquennat et sparadrap du capitaine Macron. Jusqu’à ce qu’on le sorte par la grande porte c’était l’homme à tout faire, et donc l’homme à tout voir et tout entendre. Alors, forcément, maintenant qu’il est persona non grata, il se fait poil à gratter.

Viré comme un malpropre, Benalla a décidé de raconter dans un livre son ordinaire en Macronie, de la campagne jusqu’au séjour élyséen : Ce qu'ils ne veulent pas que je dise (Éd. Plon). Comme l’écrit Le Point, qui l’a interrogé avant d’en publier en avant-première les « bonne feuilles » : « D'habitude, dans pareil cas, et comme le lui ont conseillé nombre d'amis, on la ferme et on traverse le désert. » Mais pas Benalla, qui entend désormais raconter « son » histoire.

Et il en raconte une fort intéressante sur les funérailles de Johnny Hallyday, notamment comment la gentille Laeticia a voulu faire payer au contribuable la totalité des obsèques de son cher défunt, cercueil compris.

Première surprise : la grande intimité liant les deux couples, surtout Brigitte, grande amie de Laeticia. Peut-être lui donnait-elle d’utiles cours de théâtre ? On se recevait, « toujours en compagnie de Line Renaud ». On imagine les conversations… Voilà pourquoi on a réveillé la première dame à 2 h 30 du matin pour lui annoncer le décès du Taulier.

Aussitôt, branle-bas de combat à l’Élysée.

Au petit matin, « une cellule de crise est en place […]. Une cinquantaine de personnes travaillent depuis plusieurs heures sur les demandes formulées par la famille et les proches du chanteur. » La liste s’allonge : « Prise en charge et envoi de huit cents invitations, organisation d'un défilé de sept cents bikers en Harley-Davidson, la moto fétiche de Johnny, sécurisation du public sur tout le trajet avec la mobilisation de mille cinq cents policiers. » Rien n’est trop beau… et « seul le survol du cortège funèbre sur les Champs-Élysées par les avions de la patrouille de France est retoqué ».

On connaît la suite. Enfin pas toute…

Quelques semaines après les obsèques, le manager de Johnny a envoyé à l’Élysée une note de plusieurs centaines de milliers d'euros : « les factures des fleuristes […], des notes d'hôtel pour le logement de tous les invités, ainsi que leurs notes de taxi, les frais de location de la sonorisation... Cerise sur cet étrange gâteau, la facture du cercueil est agrafée à la liasse », affirme Alexandre Benalla.

À lire entre les lignes, on comprend que si les contribuables n’ont pas payé le cercueil blanc, les obsèques de Johnny Hallyday leur ont tout de même coûté une certaine somme : « L'État a payé 1,4 million d'euros pour l'hommage national », selon le chroniqueur Fabien Lecœuvre, cité par Gala.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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